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Que je n'aime pas voir des gens de gauche reprendre le langage de la classe dominante, --- qui étiquette de > tout ce qui vient nuire à sa primauté de droit (surtout depuis un certain jour de 2001)...
En vérité, il ne faudrait même pas parler de terrorisme dans ce cas précis, --- et je me demande aussi à quelle sorte de retournement il faut recourir pour ne pas voir que la prof est une victime, pour en faire une criminelle, et faire de ses élèves les victimes !
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Mais puisque apparemment certains ne trouvent pas que cela crève les yeux, je propose qu'on envisage les choses plus en détail, sur les deux points suivants : (1°) LES STATUTS DE BOURREAU ET DE VICTIME, et (2°) QUI ATTAQUER EN PREMIER DE PAR LA LUTTE ?
(1°) LES STATUTS DE BOURREAU ET DE VICTIME
On sait qu'il y a des victimes, et il y a donc aussi des salauds qui leur font du mal. Bien. Mais passé ce simple constat, personne n'est assez naïf (j'espère !) pour imaginer que le monde est tout simplement divisé en deux parties bien étanches.
Il y a aussi des lâches par exemple, qui ne sont pas des bourreaux, mais qui laissent faire, parce qu'ils n'ont pas le courage de s'opposer à l'injustice. Même que ce sont eux les plus nombreux, et que c'est à cause d'eux, d'après La Boëtie, que la tyrannie prospère... Et Dante les condamne au premier cercle de l'Enfer : >. Pourquoi ? Parce que, au fond, c'est à cause d'eux que le système prospère, avec ses iniquités...
D'autre part, une personne qui est victime peut être
*également* bourreau. C'est un des mystères de la nature humaine, qui est décidément très complexe, mais c'est comme ça. Une victime d'un système (par exemple, membre exploité par une famille maffieuse) peut servir ce système et convoyer son côté néfaste de manière passive (par exemple, en se laissant manipuler par sa famille pour contracter un mariage qui arrange celle-ci). Il y a une pléthore d'exemples en ce sens...
Bref, la roue du moteur c'est le bourreau, et le clou qu'on enfonce c'est la victime, mais entre les deux il y a aussi des tas de >.
ET POUR EN REVENIR À NOTRE ARTICLE, les élèves de la prof de Béziers étaient sûrement des victimes de l'époque et du Capital de par leur tendance au lumpen, ou à ce que vous voulez, mais c'étaient aussi sûrement (et inconsciemment) les courroies de transmission de la prolétarisation, en ce qu'ils répétaient sans conscience d'eux-mêmes les > de la société qui visent à détruire toute autorité de connaissance ou de science...
(2°) QUI ATTAQUER EN PREMIER DE PAR LA LUTTE ?
Comme je l'ai dit à Abounouwas, son message est essentiellement correct et j'y adhère pleinement, néanmoins il offre le désavantage de nous présenter un ennemi trop puissant et surtout trop lointain, --- ce qui a pour effet, en fin de compte, de rendre la lutte vaine ou nulle.
En effet, supposons que Sarkozy par exemple fasse passer une loi qui est l'émanation du Grand Capital (de par son principe)... Allez-vous dire aux gens : luttons contre Sarkozy ? ou luttons contre le Grand Capital ?
Les deux approches sont insatisfaisantes en dernier recours, car parler de Sarkozy sans mentionner le Grand Capital, c'est renoncer à une réflexion approfondie, tandis que, dans le cas où on prétend lutter contre le Grand Capital sans passer par son vicaire Sarkozy, on est face à un géant qu'on ne sait par où attaquer, une pure abstraction !
Donc, la bonne méthode c'est d'attaquer les deux à la fois, ce qui veut dire qu'on attaque l'ennemi lointain en ciblant l'ennemi proche (ce qui a aussi l'avantage que c'est pédagogique, éducatif au niveau des masses). En effet, qui voudrait attaquer l'ennemi lointain en se désintéressant de la manière dont il se concrétise à notre échelle ne ferait qu'attaquer un fantôme.
ET POUR EN REVENIR À NOTRE ARTICLE, la prof a voulu frapper la courroie de transmission... pas même pour faire du tort à la courroie, mais pour créer une secousse dans tout le mécanisme, --- je perçois son acte comme une manière spectaculaire d'essayer d'éveiller les consciences.