Je poste ça en "tribune libre" : j'aurais pu mettre dans "Actualités du monde du travail" mais comme ça touche un milieu artistique, c'est un peu particulier...
L'Association, c'est une (relativement) petite maison d'édition de bandes dessinées, qui a joué un rôle essentiel dans le renouvellement qu'a connu cet art dans les deux dernières décennies et dans sa reconnaissance. Je cite quelques titres : Persépolis de Marjane Satrapi, Le Petit Monde du Golem de Joann Sfar, L'Ascension du Haut Mal de David B.... Et bien les visiteurs du festival d'Angoulême qui iront voir le stand de L'Association auront la surprise de ne voir aucun bouquin sur les étals, mais des tracts, et une banderole "salariés en grève".
En effet les 7 salariés de L'Association sont en grève pour protester contre l'annonce du licenciement de 3 ou 4 d'entre eux. La direction invoque la crise du secteur de l'édition, mais il semblerait que la santé de L'Association soit plutôt bonne et que rien ne justifie de "réduire la voilure" d'une façon aussi soudaine. C'est aussi contre la dégradation, voire l'absence de dialogue avec leur direction qu'ils sont en grève : en effet, alors qu'il s'agit légalement d'une association loi 1901, il n'y a eu aucune AG depuis 5 ans. Après le départ de ses associés en 2006, l'éditeur, auteur et polémiste Jean-Christophe Menu est devenu le véritable "patron" de la structure, et ses pratiques managériales sont en contradiction totale avec l'esprit anarco-punko-avant-gardiste qui était le sien et celui de toute L'Association à l'origine...
Un comité de soutien aux grévistes s'est monté, avec une pétition qui a réuni les signatures notamment de nombreux auteurs de ou proches de L'Association, dont certains des fondateurs de cette structure (comme Joann Sfar ou Lewis Trondheim), mais aussi de libraires, d'universitaires, etc. Plus d'infos ici :
http://longue-vie-a-lassociation.mopi.fr/
Où l'on apprend que la direction de L'Association fait appel en catimini à un cabinet d'avocats spécialisés dans la liquidation d'entreprises... Triste histoire, quand un leader anarchisant adopte un comportement de patron voyou, et transforme une association loi 1901 en petite dictature aux méthodes bien capitalistes.