« L’islam,
la République et le monde »
d’Alain Gresh
Editions Fayard
20 €
400 pages sans les annexes
août 2004
UNE PLAIDOIRIE EN FAVEUR DE L’INTEGRISME !?
J’ai lu ce livre même si je ne partage pas l’orientation de son auteur…oh pardon ! : de ses co-auteurs puisqu’il s’agirait d’une œuvre collective et du fruit de l’investigation de Sylvie Braibant et de Marina Da Silva même si seul le nom d’Alain Gresh figure sur la couverture
L’auteur, sans aucun complexe laisse beaucoup de zones d’ombre et garde une vue partiale et partielle.
Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde diplomatique, a raison quand il dénonce la peur de l’autre, le racisme qui continue à faire des ravages et l’utilisation faite par les médias d’incidents qui mettent en scène des musulmans, trop souvent considérés comme des islamistes potentiels ou réels.
Il oublie par contre dans son analyse d’évoquer le positionnement de nombreux citoyens et citoyennes se reconnaissant dans une double culture musulmane et française, refusant l’intégrisme et subissant des pressions très fortes.
L’auteur fournit bien des clés d’analyse permettant de mieux comprendre la religion musulmane, sa genèse et sa réalité d’aujourd’hui et je l’approuve quand il affirme :
« Aucune différence n’étant faite entre les différents courants, tous sont qualifiés d’intégristes, sans qu’on puisse savoir exactement ce que ce terme recouvre. Ainsi jette-t-on dans le même sac-poubelle le Hamas et AL-Quaida, les Frères musulmans et le Djihad égyptiens, les fondamentalistes philippins et le parti de l’Islah au Yemen…..En France, on confond allègrement l’Union des organisations islamiques ( l’UOIF), le Tabligh et les groupes salafistes… »
Oui tout ceci est fort correct et bien dit mais pourquoi l’auteur commet-il des erreurs similaires à celles q’il dénonce si justement.
Pourquoi en arrive t-il à confondre les racistes et les laïques ?
Le lecteur attentif ne peut qu’être stupéfait d’apprendre que Chahdortt Djavann, elle aussi serait atteinte de dérives : « … ses propos, si on veut bien les lire, sont profondément islamophobes, pour ne pas dire racistes ? » ( page 311)…
Alain Gresh ne se rend même pas compte de l’énormité de ses affirmations…
Ses amalgames sont inacceptables :
L’essentiel du livre vise à dénoncer non seulement la campagne éhontée, raciste menée par une presse « people » mais aussi toutes celles et tous ceux qui luttent pour une intégration républicaine des populations qui, quelles que soient leurs origines doivent être des citoyens et des citoyennes disposant des droits que confèrent à tout un chacun les lois de ce pays.
Si un certain nombre d’indications et de chiffres précis donnés contribue à l’information du lecteur, toute cette construction ne vise qu’à promouvoir un communautarisme inavoué au nom d’une laïcité ouverte.
L’auteur s’en prend à Mohamed SIFAOUI et son travail de journaliste, à celui fort sérieux de Caroline FOUREST et de Fiammetta VENNER dans leur livre « tirs croisés », pour ensuite défendre inconditionnellement Tariq RAMADAN !?
Il en arrive même à inventer un nouveau concept : le féminisme islamiste !?
Les dénonciations de l’impartialité supposée de la commission Stasi et le silence pesant sur l’existence de réels courants de pensée musulmane refusant l’intégrisme contribuent malheureusement à ne pas favoriser une intégration citoyenne et l’émancipation de tous les citoyens français, musulmans et non musulmans, croyants et non croyants.
Ce livre ressemble plus à une plaidoirie en défense de l’intégrisme qu’à une investigation rigoureuse !
Valière