
Vient de paraître :
Younes AMRANI et Stéphane BEAUD : Pays de malheur ! Un jeune des cités écrit à un sociologue, La Découverte, octobre 2004, 234 p., 16 euros
C'est un échange d'emails entre un jeune des cités (Younes Amrani) et un sociologue (Stéphane Beaud). Younes Amrani a 28 ans, est emploi-jeune dans une bibliothèque municipale dans la banlieue lyonnaise. Stéphane Beaud est co-auteur, avec Michel Pialoux, de Retour sur la condition ouvrière – Enquête aux usines Peugeot de Sochaux-Montbéliard (Fayard, 1999) et de Violences urbaines, violences sociales – Genèse des nouvelles classes dangereuses (Fayard, 2003), et auteur de 80% au bac. Et après ?...Les enfants de la démocratisation scolaire (La Découverte, 2002).
Quelques extraits :
Sur la politique :
Sur les cités, le cannabis, les bobos...:
Sur les bourges et les fils d'esclaves :
Sur le syndicalisme :
Au-delà des jugements sur LO et la LCR (et d'une certaine injustice à l'égard de Besancenot), de l'attitude à l'égard du cannabis, ce qui m'a marqué particulièrement dans ce livre, c'est la figure d'un jeune, d'un côté, très politisé (intérêt pour la politique, lectures, connaissances sur la vie politique, fort esprit critique, etc.), et, de l'autre, très éloigné de l'action militante; quelque chose comme la figure d'un "spectateur hyper-critique" de la vie politique, pour lequel le passage à l'acte militant apparaît très difficile. Cela pose pas mal de questions à ceux qui veulent politiser les sentiments d'injustice sociale dans le sens d'un changement radical de l'ordre social. :whistling:
Younes AMRANI et Stéphane BEAUD : Pays de malheur ! Un jeune des cités écrit à un sociologue, La Découverte, octobre 2004, 234 p., 16 euros
C'est un échange d'emails entre un jeune des cités (Younes Amrani) et un sociologue (Stéphane Beaud). Younes Amrani a 28 ans, est emploi-jeune dans une bibliothèque municipale dans la banlieue lyonnaise. Stéphane Beaud est co-auteur, avec Michel Pialoux, de Retour sur la condition ouvrière – Enquête aux usines Peugeot de Sochaux-Montbéliard (Fayard, 1999) et de Violences urbaines, violences sociales – Genèse des nouvelles classes dangereuses (Fayard, 2003), et auteur de 80% au bac. Et après ?...Les enfants de la démocratisation scolaire (La Découverte, 2002).
Quelques extraits :
Sur la politique :
a écrit :« En fait, pour moi, de toute façon les socialistes c’est des pourritures finies, même si je n’ai pas de conscience politique bien claire, je n’ai jamais voté pour eux.. Depuis que je vote (1995), j’ai toujours voté pour Lutte ouvrière et blanc au second tout (même au mois de mai 2002, impossible de voter pour Chirac), je sais très bien que ça sert à rien, que Lutte ouvrière, ils ont plein de défauts mais eux, au moins, ils sont sans pitié… » (p.45)
« Je dirais que je tends plus vers la gauche extrême dans les idées mais je suis franchement proche d’aucun parti. Peut-être que ça peut vous choquer mais, pour moi, par exemple, Besancenot n’est qu’un pantin médiatique qui va amuser la galerie chez Ardisson et Cie…Mon parcours fait que je ne théorise pas mes opinions politiques, et que je ne les "vis" pas non plus dans un sens militant (…) » (p.50)
« Chirac m’écoeure en leader de la contestation anti-US, je n’arrive pas à le trouver sincère. Idem pour Besancenot, de plus en plus sur les plateaux TV, pour quelqu’un qui veut rallier l’électorat populaire ; il est mal barré s’il continue, entre contestation et complaisances médiatiques…il fait un sacré mélange, digne d’un socialiste !! » (p.108)
Sur les cités, le cannabis, les bobos...:
a écrit :« Prenons l’exemple du cannabis et la volonté de certains de le déplénaliser (Verts, LCR…). Ca peut être une bonne idée mais, eux, ils partent du point de vue de leur privilège de "jeunes" bien dans leur peau qui fument des joints entre potes dans des soirées branchées, etc. Ils ne pensent pas aux dégâts moraux, humains que ça peut créer dans les quartiers. C’est vrai aussi qu’une politique répressive ne mène à rien mais les Verts et Cie devraient être moins démagos et prendre les réalités au lieu d’essayer de se rallier un électorat de "bobo" pourris jusqu’à l’os… » (pp.69-70)
Sur les bourges et les fils d'esclaves :
a écrit :« J’aurai aimé être fils de profs, aller dans un lycée de bourges, fréquenter les salles de concert et les bars branchés, et voté socialiste ou Vert pou rme donner bonne conscience…Mais non, je suis fils d’esclaves ayant grandi dans la merde, entourés de personnes sans espoir, ni volonté (ou plutôt possibilité) de réussir…je terminerai par cette affirmation : "RIEN n’est fait pour nous…" » (p.127)
Sur le syndicalisme :
a écrit :« Pour la question des syndicats, je n’ai pas trop d’idées, je sais que la CFDT est devenue le syndicat des patrons, à part ça l’action syndicale ne m’intéresse pas. » (p.128)
Au-delà des jugements sur LO et la LCR (et d'une certaine injustice à l'égard de Besancenot), de l'attitude à l'égard du cannabis, ce qui m'a marqué particulièrement dans ce livre, c'est la figure d'un jeune, d'un côté, très politisé (intérêt pour la politique, lectures, connaissances sur la vie politique, fort esprit critique, etc.), et, de l'autre, très éloigné de l'action militante; quelque chose comme la figure d'un "spectateur hyper-critique" de la vie politique, pour lequel le passage à l'acte militant apparaît très difficile. Cela pose pas mal de questions à ceux qui veulent politiser les sentiments d'injustice sociale dans le sens d'un changement radical de l'ordre social. :whistling: