(wolf @ vendredi 24 janvier 2003 à 13:10 a écrit :A la violence des gangs d'immigrant se superpose, puis s'impose celle de l'Etat bourgeois qui achève de se constituer au travers de la guerre contre le sud, dépouillée de ses aspects "progressistes".
Les politiciens bourgeois "démocrates" sont absolument partout tout le long du film et sont présentés comme ils le doivent. La scène du vote pour élire le shérif est une leçon de démocratie américaine tout à fait vivante (qu'on songe à la Floride aujourd'hui!) .
Le "melting pot" américain est battu en brèche.
Bien sûr, la lutte des classes, la production de ces conditions d'existence est totalement évacuée (une phrase à la fin rappelle que tous ces gens là vont "à l'usine" (?) pour gagner de l'argent.
Effectivement, sur 3 heures de film, seule la dernière demi-heure est véritablement intéressante. On y voit le bourrage des urnes aux élections (pratique qui perdurera jusqu'au XXe siècle spécialement à l'encontre des candidats socialistes et communistes), et le paternalisme faux-cul du club Démocrate de NY, (Tammanny Hall, cul et chemise avec les gangs puis la mafia jusqu'à sa dissolution dans les années 1940), dont les dirigeants distribuent la soupe populaire aux immigrants le matin et jouent au billard chez les bourgeois perruqués le soir.
Ce qui est également impressionnant, c'est la reconstitution des émeutes populaires contre l'enrôlement dans l'armée nordiste (à laquelle les gosses de riches échappent moyennant 300). Les capitalistes se terrent chez eux, l'armée régulière tire sur les manifestants et bombarde les quartiers populaires, au moment où les chefs de gangs se défient au nom d'une tradition et de rivalités déconnectées des préoccupations de la population.
Par contre, le reste du temps, il faut se piffrer les nisaiseries sur la vengeance, la loyauté au gang, etc... DiCaprio qui ne pense qu'à venger son père mort de ces rivalités absurdes 10 ans plus tôt, (on dirait Super Mario partant délivrer la princesse) et Cameron Diaz, femme-objet millionnaire et raciste qui joue les Cosette-Gavroche d'opérette.
Il y a donc à prendre (un peu) et à laisser (beaucoup). Mais bon, pas grand-chose d'autre en ce moment au cinéma, donc...