Publié : 26 Mai 2004, 13:27« dieu.com »
de Danièle Sallenave
Aux éditions Gallimard
( 26 janvier 2004)
315 pages au prix de 16,50 €
CONTRE LE RACISME, CONTRE L’INTEGRISME
AFFIRMONS UNE LAICITE AIGUISEE
Où veut nous conduire l’auteure de ce livre ?
Serait-elle une adepte de la laïcité ouverte ? De la tolérance coupable.
C’est la première question que je me suis posée, à la lecture des premières pages…
Mes craintes sont vite dissipées…
Danièle Sallenave accuse le sionisme notamment et certains intellectuels de considérer l’islam comme une religion de l’obscurantisme, du moyen âge en oubliant que les intégrismes ont plusieurs visages.
Elle dénonce tous ceux qui ne comprennent pas la souffrance du peuple palestinien et confondent très vite le fondamentalisme et la lutte pour la dignité…
Elle est convaincante aussi quand elle nous explique que les populations de culture musulmane ne sont pas tous pratiquants ou croyants et que de nombreuses femmes et de nombreux hommes luttent contre leur asservissement.
« Mais« nos sociétés » ne forment pas un bloc, front contre front avec les « arabos-musulmans »; Sauf dans l’esprit des ennemis déclarés des « Arabes »
Effectivement il est nécessaire de bien comprendre que toutes les religions sont sexistes et réactionnaires …Parfois elles se combattent, parfois elles se liguent comme aujourd’hui contre la laïcité et la république.
Le communautarisme est stigmatisé…Il ne s’agit pas pour l’auteur de faire le tri entre les bons et les mauvais communautaristes…La reconnaissance d’un particularisme breton ou corse, et l’émergence d’une Europe des régions développent l’enferment ethnique sur des territoires.
« « La tolérance » religieuse risque de se révéler insuffisante, si le principe persiste de distinguer entre des « communautés » ethniques « indigènes », liées par le sol, la langue, le sang, la religion et des communautés »allogènes », n’ayant pour lien que leur attachement à une religion exotique et minoritaire »…
L’auteure dénonce, analyse une situation qui se dégrade mais propose aussi une sortie par le haut qui passe par une laïcité aiguisée qui combat les discriminations et interdit tous les signes religieux à l’école:
« Savoir en entrant dans da classe, quand on est professeur, qui est juif et qui est musulman, qui est protestant et qui est catholique est insupportable ; Mais pouvoir se repérer et se compter dans la rue, dans l’autobus, l’est aussi. Tout signe dé-signe »…
Le livre ouvre de nouvelles portes nous permettant de comprendre une société en dérive et de combattre pour des valeurs citoyennes, contre l’obscurantisme et la « sécularisation par le fric, le sexe, les téléphones portables, les marques »…
Les références à de nombreux sites, ennemis ou amis permettent au lecteur d’aller plus loin dans la réflexion…
Jean-François CHALOT
Je ne résiste pas à vous citer un passage de ce livre sur la question identitaire
« Aujourd’hui on se flatte d’accueillir comme un progrès démocratique la revendication d’identités collectives, régionales, ethniques, religieuses.
Marcel GAUCHET, dans son livre La religion dans la démocratie. Parcours de la laïcité, a décrit le grand renversement qui s’est produit chez les modernes : « Mon je le plus authentique est celui que j’éprouve en tant que Basque, ou bien en tant que juif, ou bien en tant qu’ouvrier. ». Peut-être. Je suis basque, je suis corse, je vis sur « ma terre », je ne fais qu’un avec « mon peuple ». Fort bien. Mais l’autre, le passant, l’étranger, l’habitant du bout de la rue, celui qui vient d’ailleurs mais désire résider, lui aussi, sur cette terre basque, bretonne, corse, comment va-t-il faire pour survivre dans ce liquide épais, visqueux, qu’on appelle « le sentiment identitaire » ? « Arabi fora ! »(« Les Arabes dehors ») lit-on en Corse au détour d’une route, sur des murs de pierres sèches. Au moins c’est clair, Arabe, nom générique de l’étranger.
Il y a dans tout appel à une communauté trans-individuelle, ancrée dans un passé plus ou moins légendaire, un appel à « la terre qui ne ment pas » ; à l’alliance d’un sol et d’un sang. Autre définition du fascisme.
Car cette terre n’est pas pour lui, qui s’appelle Le Gall à Ajaccio. Ou Orsoni à Lorient. Il se fait tout petit, il tâche de se faire oublier. Rude vie. Heureusement, jusqu’à présent, Le Gall en Corse, Orsoni à Lorient, ils sont en France ; s’ils craignent pour le plastic, ils peuvent même le dire et proclamer qu’ils sont français parmi les Français car c’est ainsi que la France nous fait vivre ensemble ; d’abord français, ensuite corse ou breton. Mais si Le Gall ou Orsoni ou Ferrera voulait , par exemple s’établir en pays catalan ? Je dis catalan, parce qu’il n’y a pas en Catalogne de poseurs de bombes…. »
de Danièle Sallenave
Aux éditions Gallimard
( 26 janvier 2004)
315 pages au prix de 16,50 €
CONTRE LE RACISME, CONTRE L’INTEGRISME
AFFIRMONS UNE LAICITE AIGUISEE
Où veut nous conduire l’auteure de ce livre ?
Serait-elle une adepte de la laïcité ouverte ? De la tolérance coupable.
C’est la première question que je me suis posée, à la lecture des premières pages…
Mes craintes sont vite dissipées…
Danièle Sallenave accuse le sionisme notamment et certains intellectuels de considérer l’islam comme une religion de l’obscurantisme, du moyen âge en oubliant que les intégrismes ont plusieurs visages.
Elle dénonce tous ceux qui ne comprennent pas la souffrance du peuple palestinien et confondent très vite le fondamentalisme et la lutte pour la dignité…
Elle est convaincante aussi quand elle nous explique que les populations de culture musulmane ne sont pas tous pratiquants ou croyants et que de nombreuses femmes et de nombreux hommes luttent contre leur asservissement.
« Mais« nos sociétés » ne forment pas un bloc, front contre front avec les « arabos-musulmans »; Sauf dans l’esprit des ennemis déclarés des « Arabes »
Effectivement il est nécessaire de bien comprendre que toutes les religions sont sexistes et réactionnaires …Parfois elles se combattent, parfois elles se liguent comme aujourd’hui contre la laïcité et la république.
Le communautarisme est stigmatisé…Il ne s’agit pas pour l’auteur de faire le tri entre les bons et les mauvais communautaristes…La reconnaissance d’un particularisme breton ou corse, et l’émergence d’une Europe des régions développent l’enferment ethnique sur des territoires.
« « La tolérance » religieuse risque de se révéler insuffisante, si le principe persiste de distinguer entre des « communautés » ethniques « indigènes », liées par le sol, la langue, le sang, la religion et des communautés »allogènes », n’ayant pour lien que leur attachement à une religion exotique et minoritaire »…
L’auteure dénonce, analyse une situation qui se dégrade mais propose aussi une sortie par le haut qui passe par une laïcité aiguisée qui combat les discriminations et interdit tous les signes religieux à l’école:
« Savoir en entrant dans da classe, quand on est professeur, qui est juif et qui est musulman, qui est protestant et qui est catholique est insupportable ; Mais pouvoir se repérer et se compter dans la rue, dans l’autobus, l’est aussi. Tout signe dé-signe »…
Le livre ouvre de nouvelles portes nous permettant de comprendre une société en dérive et de combattre pour des valeurs citoyennes, contre l’obscurantisme et la « sécularisation par le fric, le sexe, les téléphones portables, les marques »…
Les références à de nombreux sites, ennemis ou amis permettent au lecteur d’aller plus loin dans la réflexion…
Jean-François CHALOT
Je ne résiste pas à vous citer un passage de ce livre sur la question identitaire
« Aujourd’hui on se flatte d’accueillir comme un progrès démocratique la revendication d’identités collectives, régionales, ethniques, religieuses.
Marcel GAUCHET, dans son livre La religion dans la démocratie. Parcours de la laïcité, a décrit le grand renversement qui s’est produit chez les modernes : « Mon je le plus authentique est celui que j’éprouve en tant que Basque, ou bien en tant que juif, ou bien en tant qu’ouvrier. ». Peut-être. Je suis basque, je suis corse, je vis sur « ma terre », je ne fais qu’un avec « mon peuple ». Fort bien. Mais l’autre, le passant, l’étranger, l’habitant du bout de la rue, celui qui vient d’ailleurs mais désire résider, lui aussi, sur cette terre basque, bretonne, corse, comment va-t-il faire pour survivre dans ce liquide épais, visqueux, qu’on appelle « le sentiment identitaire » ? « Arabi fora ! »(« Les Arabes dehors ») lit-on en Corse au détour d’une route, sur des murs de pierres sèches. Au moins c’est clair, Arabe, nom générique de l’étranger.
Il y a dans tout appel à une communauté trans-individuelle, ancrée dans un passé plus ou moins légendaire, un appel à « la terre qui ne ment pas » ; à l’alliance d’un sol et d’un sang. Autre définition du fascisme.
Car cette terre n’est pas pour lui, qui s’appelle Le Gall à Ajaccio. Ou Orsoni à Lorient. Il se fait tout petit, il tâche de se faire oublier. Rude vie. Heureusement, jusqu’à présent, Le Gall en Corse, Orsoni à Lorient, ils sont en France ; s’ils craignent pour le plastic, ils peuvent même le dire et proclamer qu’ils sont français parmi les Français car c’est ainsi que la France nous fait vivre ensemble ; d’abord français, ensuite corse ou breton. Mais si Le Gall ou Orsoni ou Ferrera voulait , par exemple s’établir en pays catalan ? Je dis catalan, parce qu’il n’y a pas en Catalogne de poseurs de bombes…. »