Page 1 sur 17

Message Publié : 25 Mai 2004, 21:27
par Valiere
De Samira BELLIL
« Dans l’enfer des tournantes »
Editions Denoël
Collection Folio documents
Janvier 2004


UNE ENFANCE ET UNE ADOLESCENCE MEURTRIE ET VIOLEE
UN TEMOIGNAGE POIGNANT SUR DES COMPORTEMENTS BARBARES ET DESTRUCTEURS




C’est un itinéraire peu banal, une tranche de vie longue et malheureuse que nous raconte avec beaucoup de réalisme mais sans recherche d’effets inutiles l’auteure de ce livre témoignage…

Elle nous plonge dans l’enfer des tournantes, dans l’enfer qu’elle a côtoyé, qu’elle a subi dans sa chair…
Samira ne se contente pas de décrire la triste réalité, elle en analyse les causes : les difficultés sociales, la violence physique d’un père, l’incompréhension d’une mère et sa vie dans le quartier où il faut se cacher.
Son histoire commence par une rencontre avec un caïd de la cité qui finit par la livrer à ses potes qui vont la salir, la violenter et la violer…
Son réquisitoire est implacable contre l’enfermement familial, la dure condition des filles obligées de travailler dur à la maison, certains éducateurs spécialisés et la première avocate qui, contactée, ne la défendra pas …
Elle crie sa révolte, son refus de cette violence sexuelle qui s’est instituée peu à peu dans les banlieues pour devenir peu à peu banalisées….
Nous la suivons dans son calvaire, sa descente aux enfers, ses fugues, sa recherche d’affection et d’écoute…
Elle finira par trouver une psychologue qui l’écoutera et l’aidera, mais si elle finit par s’en sortir c’est surtout parce qu’elle dispose d’une énergie exceptionnelle et d’une grande combativité.

Le livre se lit comme un roman.. C’est un roman dramatique écrit par une jeune fille devenue jeune femme qui veut témoigner, expliquer, essayer de laver l’affront qui lui a été fait, casser l’étiquette que certains accrochent aux jeunes filles violées…
Elles ne sont en aucun cas des victimes – coupables…Son histoire, leur histoire est celle d’adolescentes qui subissent des violences physiques, une réputation brisée…Elles sont les victimes d’un des plus abominables crimes qui soient : le viol…

Ce témoignage écrit dans un style alerte avec le vocabulaire spécifique utilisé dans les cités participe pleinement à la bataille que mènent toutes les jeunes filles de toutes origines issues des « cités » contre l’omerta…

Personne ne doit se taire…

Il faut parler, porter plainte, aller jusqu’au bout comme l’a fait avec beaucoup de courage Samira pour dire tous ensemble : « plus jamais ça »…
Le livre se termine par la marche des femmes du 8 mars 2003 et ce véritable manifeste :
« Toutes prêtes et décidées à relever la tête pour ne plus accepter de vivre avec un soleil noir au-dessus de nous. Toutes prêtes et décidées à essayer d’arrêter la gangrène de souffrance qui ronge nos quartiers et nous enferme dans un ghetto mental. »

Jean-François CHALOT

Message Publié : 25 Mai 2004, 21:49
par logan
Je ne sais pas.
J'avais lu dans un rapport sur la sécurité en france que les tournantes étaient un mythe médiatique, car il n'y a aucune recrudescence de ces cas à ce sujet à travers les indices qui le mesurent.

Message Publié : 25 Mai 2004, 22:44
par Krueger
C'est pas parce que ces cas horribles de tournantes n'augmentent pas (à vérifier...) qu'ils n'existent pas. Je trouve ça plus que cruel que de dire que ces femmes sont des mythomanes.
Par contre, ce qui est vrai, c'est que ce n'est pas spécialement lié aux cités. Ca existe en milieu rural depuis des années sans que personne n'en parle. Peut-être parce que les victimes de ces viols craignent encore les conséquences d'une plainte. On sait aussi que certains rally très bourgeois tournent au jeu de massacre pour certaines filles.

Pour en revenir au livre de Samira Bellil. Y a des trucs dans la présentation de Valiere que je n'avais pas du tout perçu. Comme quoi, ce n'est pas seulement un PV lugubre tapé au kilomètre mais un véritable livre, avec une vraie écriture et une vraie épaisseur dans le témoignage. Ce qui m'a le plus glacé dans son récit, c'est sa solitude constante du début à la fin dans ce cauchemar, même en présence de sa psychologue. Et une fois le livre posé, on se dit que le pire , c'est pas que les solutions collectives contre cette barbarie n'e marchent pas, mais qu'elles ne sont même pas à l'horizon pour aider des centaines d'autres filles.

Message Publié : 07 Sep 2004, 22:21
par Valiere
Je propose comme hommage à l'auteure, militante disparue de remettre ce compte rendu de lecture en bonne place, c'est pourquoi j'ai saisi ce petit mot.

Message Publié : 08 Sep 2004, 00:14
par magdalene
pour aller dans le sens de krueger, au mot 'tournante' je préfère celui de 'viol collectif' : ça sonne un peu moins ludique et surtout ça permet de désigner un crime et non pas forcément "une cave d'immeuble".
bref, un seul mot pour un seul crime, quel que soit le milieu social dans lequel il est commis.

Message Publié : 08 Sep 2004, 14:51
par Valiere
C'est du viol collectif et pas autre chose... parler de tournantes c'est retirer le côté "ludique"...Une tournante c'est aussi un viol collectif.

Message Publié : 08 Sep 2004, 16:14
par Barikad
Tu lis les messages ? non, parceque là vraiment, c'est vraiment trop fort. Tu redis exactement la meme chose que Magdelene. En reunion, tu dois etre au moins aussi bavard que moi, ce qui est une performance.

Message Publié : 08 Sep 2004, 16:24
par Valiere
En réunion je parle au moins une fois mais j'aime bien qu'elle commence à l'heure...En réu de cellule il m'est arrivé d'attendre 20 minutes et de partir...
Mais justement relis, je lui répondais directement pour expliquer que c'était pour ces filles une utilisation de tournantes pour refuser le côté dit ludique et exprier que c'était une monstruosité.
Pas de bol mon garçon!

Message Publié : 08 Sep 2004, 16:44
par Nadia
(Valiere @ mercredi 8 septembre 2004 à 17:24 a écrit : En réunion je parle au moins une fois mais j'aime bien qu'elle commence à l'heure...En réu de cellule il m'est arrivé d'attendre 20 minutes et de partir...
Mais justement relis, je lui répondais directement pour expliquer que c'était pour ces filles une utilisation de tournantes pour refuser le côté dit ludique et exprier que c'était une monstruosité.
Pas de bol mon garçon!
J'aurais plustôt pensé que le vocable "tournante" avait été créé par les agresseurs pour désigner un de leurs jeux favoris...


Quant aux réunion de cellule, c'est passionnant ! :w00t: Ya un rapport avec le sujet ? :ahhhh:

Message Publié : 08 Sep 2004, 16:57
par Gaby
(Valiere @ mercredi 8 septembre 2004 à 17:24 a écrit : En réunion je parle au moins une fois mais j'aime bien qu'elle commence à l'heure...En réu de cellule il m'est arrivé d'attendre 20 minutes et de partir...
Mais justement relis, je lui répondais directement pour expliquer que c'était pour ces filles une utilisation de tournantes pour refuser le côté dit ludique et exprier que c'était une monstruosité.
Pas de bol mon garçon!
Tiens Valière, un verre d'eau.