Qui sont les triplettes de Belleville ?

Message par Catharos » 02 Fév 2004, 18:57

Du génial, à voir....Titre : Les triplettes de Belleville

Un petit garçon adopté par sa grand mère, Madame Souza... Le gamin devient par goût, un champion cycliste et se retrouve kidnappé par la mafia tout ça à cause du tour de France qu'il peut gagner, l'action se passe juste aprés guerre...

Madame souza et son chien Bruno vole à sa recherche et traversent l'océan...

Alors dans ce dessin animé déjanté à mort... Une question élément clef

Question pour qui a vu le film Qui sont les triplette de Belleville ?
Catharos
 
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Message par Catharos » 02 Fév 2004, 20:29

Ah les films français à la TV polonaise, le même gusse qui fait toutes les voix off... Génial...
Chaque année j'inflige à mes élèves comme punition le film "la ligne générale" soustitré qu'en russe, l'amour d'une jeune kolkozienne pour le tracteur, c'est charnel, quasi indecent, bizarre que la censure moscovite n'est pas à l'époque censurée certains passages... D'autant plus que dans le kolkoze i a que des méchands koulaks reactionnaires qui veulent pas du progrès... Ah, j'en rêve la nuit de ma kolkozienne sur son tracteur... ça et el perro andaluz... Ca decoiffe presque autant que les triplettes de Belleville...
Enfin comme disait desproges, "la culture c'est comme le parachute quand on n'en a pas
on................". Je dis ça pour moi, alors ! Je revendique mon droit à l'autocritique flagelatoire...

Catharos
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Message par Louis » 02 Fév 2004, 21:56

(Byrrh @ lundi 2 février 2004 à 19:25 a écrit :
(rojo @ lundi 2 février 2004 à 19:19 a écrit :
(Byrrh @ lundi  2 février 2004 à 19:18 a écrit : M'en fous, j'aime que les films suédois en V.O. :22:

Je croyais que c'était que les films en plan fixe en grec ancien non sous-titré :hinhin:

Oui, mais ça ne vaut pas les projections de diapos sous-titrées en polonais, tellement plus chébran (en mangeant des légumes crus ou une soupe froide). :22: :22: :22:
tssss ! c'est ravine chien qui me demandait ce qu'il y avait de ringard dans la culture de lutte ouvriere, et je crois que c'est l'iddée que lo se fait du ringard qui est elle meme ringarde :hinhin:

personnelement je n'assiste qu'a des expériences multimédia faites par des artistes coréens...
Louis
 
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Message par Catharos » 02 Fév 2004, 23:29

Très juste cher L C R comme analyse, ça c'est du costaud, je reconnais en toi le militant acerbe que tu es... En ce sens, fier d'être du même courant que toi...

d'ailleurs moi, j'ai cette passion commune d'expériences multimédia, seulement avec des artistes inuit mais qui parlent avec l'accent coréen du Nord très prononcé, il y a là un je ne sais quoi d'exotique...

Enfin j'attend la nouvelle version de la vie de Brian de monty pitton en Araméen, prevue par ARTE et je ne sais pourquoi Kim il jong a recheté en personne les droits d'auteur. Ils se prend pour Brian ?

Vous remarquerez malgrès tout mon athéisme passionnément raisonnable...

Après avoir dit que je regrette la TV albanaise des année 70 et ses programmes sur l'avancement du plan d'electrification de ses frontières, je repense d'un coup au sujet

Les triplettes de Belleville, elle courrent toujours...
Catharos
 
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Message par Louis » 02 Fév 2004, 23:43

Déja pour catharos : le cinéma coréen qui compte est "bien évidemment" le cinéma sud coréen ! tu ne lit donc jamais télérama ! :hinhin:

pour rojo : dans ce genre de trucs louches (genre films qui font mal a la tête) le principe est que la vérité est encore plus rigolote que la caricature : tiens voyons un peu la critique de "ouvriers paysans" de straub et huillet


a écrit :Mettons d'abord que la base, l'étincelle c'est la relation du texte et de l'image. Les films de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet sont toujours l'occasion pour le spectateur d'entendre un texte dit à l'écran. Mais dans l'autre sens aussi, c'est du mouvement initié, pour les réalisateurs et pour les acteurs, par la lecture d'un texte, que le film sort. Les films sortent donc, entre autres de Corneille (Othon, 1964), Brecht (Leçons d'histoire, 1972), des lettres de Johann Sebastien Bach (Chronique d'Anna Magdalena Bach, 1967), de Schoenberg (Moïse et Aaron, 1974), de Mallarmé (Toute Révolution est un coup de dés, 1977), et d'Elio Vittorini pour Sicilia, en 2000 et Ouvriers, Paysans (Operai, Contadini) maintenant. Ils en sortent et ils nous y amènent, c'est leur enjeu. Loin d'effacer le texte et d'imager par le cinéma tout ce que les mots nous laissent imaginer (ainsi, Wells tordant les perspectives à n'en plus finir dans le noir et blanc charbonneux du Procès pour imager l'atmosphère d'étouffement labyrinthique qui règne dans le roman de Kafka), c'est le texte tel quel, le texte même qui fait l'image ici. C'est la matérialité du texte au moment où son lecteur le dit qui est mise en scène. Un peu comme dans La pianiste, où Haneke filme longtemps le visage des musiciens en train d'écouter de la musique, recueillant ainsi d'infimes mouvements qui témoignent de leurs emportements, de leurs émotions intérieures, Ouvriers, Paysans, filme longtemps le visage de ceux qui disent le texte de Vittorini.

Et, à voir ainsi le texte naître en elles, c'est comme s'il nous était donné de porter sur chacune des personnes à l'écran un regard qui a l'intensité et la perspicacité d'un regard amoureux, ou bien d'une amitié profonde. Ce type de regard qui fait, par exemple, qu'on peut dire qu'on aime quelqu'un pour la façon qu'il a de lever ou de baisser les yeux, de tenir ses mains nouées devant son ventre, de tourner la tête ou, et aussi, pour la façon qu'il a de s'offrir à notre regard. Car la générosité de ce qui se laisse voir, la préciosité de ce qui est vu, la délicatesse de cet échange, est une dimension qui accompagne chaque plan, chaque mouvement. Depuis le texte de Vittorini où il est question de la solidarité entre les gens, jusqu'à la pose des acteurs, elle est incluse de telle sorte qu'il arrive au cours du film quelque chose comme de la politesse. Quelque chose d'une extrême civilité des êtres en présence qui diraient à la caméra, et donc un peu à nous : "Votre regard me touche, je veux me prêter à lui, à son attention et à sa contrainte, autant que possible", et quelque chose aussi de l'opulence de la nature environnante qui se laisse voir et entendre, qui laisse sur elle se faire le travail du film.

Ainsi le texte devient presque un chant. Du moins le chant de l'italien et celui des voix se font-ils entendre avec le chant des oiseaux, dans le sous-bois où se passe le film. Il est rythmé de pauses, de respirations, de phrases dévalées ou bien égrenées plus lentement, de changements de plans. Le texte est une partition pour des personnages qui ne sont pas des comédiens, mais des hommes et des femmes dont l'interprétation est d'autant mieux réussie qu'elle en est une lecture rigoureuse et rigoureusement personnelle, c'est-à-dire incarnée. Il est aussi une partition pour les mouvements et le découpage du film. Cette structure de l'interprétation est fondamentale dans le cinéma de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet. Leur premier projet, qui ne fut pas leur premier film réalisé, Chronique d'Anna Magdalena Bach, lie, dans sa continuité, deux données distinctes : d'une part l'interprétation, justement, des pièces musicales de Bach par Gustav Leonhardt, et d'autre part les lettres du compositeur lues par une femme, sa femme Anna Magdalena, en voix off. Il y a là une sorte de représentation à deux faces du travail et de la création avec, d'un côté l'œuvre achevée, interprétée, la musique rayonnante à l'image et sur la bande son, et de l'autre l'exposition d'une vie assez dure, des contraintes, des conditions bonnes ou mauvaises dans lesquelles le travail du compositeur arrive à se faire. Dans Ouvriers, Paysans, ce principe de l'interprétation, qui est aussi une façon de parler de la transmission des œuvres et de leur puissance génératrice, change un peu de place puisqu'il est maintenant confondu avec le travail. Le moment de l'interprétation qui fait rayonner l'œuvre de Vittorini est confondu avec celui de l'énonciation, par le texte, des événements de la vie des ouvriers et des paysans confrontés au problème de leur communauté à organiser : "Je ne sais pas si on comprend ce que cela signifiait. Il faut penser à comment on s'était mis ensemble. Cette réunion de gens pouvait devenir une bonne chose ou la pire chose. Chacun d'eux pouvait, en combinaison avec les autres, la faire devenir bonne ou la faire devenir mauvaise. Chacun était prêt pour les deux combinaisons…", dit Ventura (Aldo Fruttuosi). Il apparaît donc dans ce film que le travail (quotidien) et l'œuvre (rayonnante) confondus c'est la combinaison, bonne ou mauvaise, dont parle Ventura. Le fait de "se mettre ensemble" est un travail avec ses contingences (les saisons, l'argent, les amours, les jalousies…) et, la communauté qui s'organise est une œuvre.

De tels films font que le cinéma aujourd'hui est riche de possibilités, d'audaces, de terres inexplorées. Ils inventent cette marge qui balaie les sombres discours sur sa mort, sa fin, son apocalypse. Le cinéma ne meurt qu'à mesure que disparaît sa diversité et, avec elle, la contradiction de ses formes différentes entre elles. Le cinéma est un art dialectique, Jurassic Parc et La Planète des Singes ne peuvent, hélas, que se raconter des histoires de superproduction, c'est-à-dire des histoires de calcul. Quand, là-dedans, arrive une Pianiste, c'est déjà comme une note nouvelle qui dit, par exemple, que l'addition aurait besoin d'harmonie. Et quand quelque chose de délicat et de généreux comme Ouvriers, Paysans arrive, il a pour lui l'autorité des choses qui se sont voulues sans concession, l'autorité des choses souveraines. Il peut taper sur la table sans rien perdre de sa délicatesse, faire voler les chiffres de l'addition et dire, par exemple, que ce qui compte c'est le rythme et la respiration des gens. Vous voyez que le dialogue s'anime



sinon, je suis bien d'accord avec mon camarade Catharos - que je suis fier de compter dans notre organisation - les triplettes, c'est franchement tip top !
Louis
 
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