C'est vrai qu'il s'est rajouté d'autres spectacles sportifs. Si le vélo a reculé comme spectacle, c'est surtout avec la fin du vélo sur piste ou on pouvait voir de grands champions – les célèbres Six-Jours faisaient les grands titres des journaux. Et on n'a plus vraiment les fameux critériums d'après-Tour, en août: les cyclistes n'ont plus besoin de courir le cacheton comme dans les années 60 ou 70.
Le vélo reste un spectacle très fréquenté avec les courses en ligne, un peu partout. Il n'y en a peut-être plus qu'avant d'ailleurs. En France, en 2023, il y a plus de 300 grandes épreuves organisées (dont 40 courses professionnelles et 160 courses Elite du monde amateur). Il faut aussi ajouter maintenant les filles avec de plus en plus d'épreuves. Et bien sûr, l'arrivée de nouvelles utilisations du vélo: les cyclosportives, les épreuves VTT, le Freestyle, etc.
Le foot n'a pas tout bouffé: la fréquentation des stades de foot n'a pas vidé la fréquentation des autres sports. Gayraud dirait que le rugby se porte très, très bien (et je suppose qu'il attend avec impatience le 8 septembre avec un match très particulier). La télévision avec la multiplication des chaînes nous permet même de voir le bucheronnage sportif – certains feront la fine bouche puisque c'est organisé et sponsorisé par une grande marque de matériel de bucheronnage.
Tu écris que le foot a tout bouffé en citant la Belgique: il y a toujours en Belgique une très grande fréquentation des épreuves cyclistes. Le départ d'une étape du Tour de la ville d'Ypres, voici quelques années, était surréaliste. Toute course passant par le mont Kemmel ou autre draine les foules. Les Diables Rouges (l'équipe nationale de Belgique) n'ont pas tout bouffé (et leur défaite devant la France par 1-0 en juillet 2018 a mis du temps à être digérée).
Si je repense à la fin des années 60, les disciplines sportives n'étaient pas si nombreuses à la télé: l'athlétisme était très diffusé – tout le monde connaissait Michel Jazy. Et encore avant - après la libération et avant guerre - la boxe avait une couverture médiatique importante dans la presse papier: même aujourd'hui, les p'tits vieux et p'tites vieilles du forum connaissent le nom de Marcel Cerdan. Les exploits du merveilleux boxeur Sugar Ray Robinson étaient rapportés en gros titres. Dans les actus du cinéma, on pouvait voir l'élégance de la foulée de Ladoumègue (avant la télé, c'était le seul endroit où on pouvait admirer les athlètes). Dans la presse papier, l'Humanité donnait une grande importance à ces évènements très populaires.
Et le fric, le profit? Oui, c'est un sujet, oui… Mais dans ce minable monde capitaliste, c'est un sujet permanent qui se niche partout – c'est fini le sport amateur (qui ne l'était pas vraiment). C'est l'été, au diable Soukhanov, et le paléolithique supérieur, et la Revolution permanente, et les interrayons. On peut alors parler des vrais sujets…
