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"Nous les ouvriers"

Message Publié : 09 Oct 2023, 16:23
par Gayraud de Mazars
Salut camarades,

A voir ce soir ! France 2 diffuse ce mardi 9 octobre 2023 [21h10] le film « Nous les ouvriers », réalisé par Hugues Nancy et Fabien Béziat, au cours d’une « Nuit du documentaire » dédiée au monde du travail. De quoi (re)découvrir le destin des millions de Français qui ont façonné le pays par leur travail et par leurs luttes. Entretien avec Hugues Nancy.

Hugues Nancy et Fabien Béziat mettent l’histoire ouvrière à l’honneur
Entretien réalisé par Capucine Sansu
Dans le journal l'Humanité

Après un premier documentaire sur les paysans, vous racontez le monde ouvrier. Pourquoi ce choix de sujet ?

Avant « Nous paysans », nous avions réalisé avec Fabien Béziat le film « l’Épopée des gueules noires », consacré aux mineurs de charbon. Cette expérience nous avait beaucoup marqués, et « Nous les ouvriers » est donc la suite logique. L’acteur Anthony Bajon a de suite tenu à faire la voix, parce qu’il vient de ce milieu. Il souhaitait se faire ponctuellement porte-parole des ouvriers. Le documentaire retrace cent cinquante ans de cette épopée industrielle, politique et humaine. C’est assez exceptionnel de pouvoir raconter une histoire qui touche tant de générations et tant de Français, une histoire aussi intéressante pour ce qu’elle nous dit de notre société actuelle. Évidemment, ce sujet résonne avec l’actualité : nous avons tourné ce documentaire pendant le mouvement social contre la réforme des retraites. Au cours d’une interview, un mineur explique ainsi que la retraite des mineurs est à 50 ans, parce qu’à 55 ans la plupart d’entre eux sont déjà morts. Il était important de montrer que les régimes de retraite n’ont jamais été un cadeau pour les ouvriers. Raconter cette histoire est forcément politique, même s’il n’y a pas de visée ni de message politique derrière ce documentaire.

Tout le long du film, on a un fil rouge historique, mais sans aucune intervention d’historien. Est-ce un parti pris ?

Ce film ne pouvait être dans notre esprit qu’un hommage aux ouvriers. On ne les montre presque plus à la télévision, on ne parle presque plus d’eux. Ils ont l’impression qu’on ne les voit pas et que les responsables politiques ne s’adressent pas ou plus à eux. Comme s’ils étaient dans un angle mort du débat public. Cela pose une vraie question pour toutes les forces politiques, et notamment les forces de gauche. Ce sentiment de ne pas être représenté a des conséquences électorales. Pourtant, les ouvriers sont encore très nombreux et sont les héritiers de cette histoire. Nous avions l’ambition de mettre à l’écran ces gens que l’on voit peu. Il fallait oser, ce qui n’est pas évident, un récit au « nous » : c’est-à-dire qu’il fallait que ce soit une histoire ouvrière racontée par des ouvriers, et eux seulement.

Malgré des conditions parfois très dures, les ouvriers interrogés sont tous très fiers de leur métier…

Aucun individu n’a envie de se dire qu’il a été exploité toute sa vie. Certes le travail est difficile, mais s’il est trop difficile, on se bat pour que cela change. Les ouvriers sont fiers d’avoir joué un rôle crucial dans notre histoire, avec les combats, les défaites et les victoires que cela induit. La fierté, c’est un sentiment qui est sorti naturellement dans tous les entretiens. Nous avons choisi de l’accentuer au montage, car leur ressenti rejoint la vérité historique. Les pouvoirs publics ont régulièrement demandé aux ouvriers de faire des efforts, après la Seconde Guerre mondiale et durant les Trente Glorieuses. Entre 1945 et 1975, le discours public et politique sur l’industrialisation, sur la réussite économique était très encourageant. Et ils sont fiers d’avoir répondu à cet appel.

On a l’impression dans le documentaire que la classe ouvrière est forte de ses combats sociaux jusqu’aux années 1970, puis que tout s’effondre. Que se passe-t-il ?

L’histoire ouvrière est un mouvement de balancier incroyable. On part de gens particulièrement exploités au XIXe siècle, pour arriver à cet acteur politique extrêmement important après 1945, avec la montée en puissance des syndicats ouvriers. À ce moment, 40 % des travailleurs du pays sont ouvriers. D’ailleurs, la France manque cruellement de bras et fait appel à des millions de travailleurs étrangers dès la fin du XIXe siècle en accueillant par exemple deux millions d’Italiens entre 1890 et 1930. L’histoire de l’immigration est intimement liée à l’histoire industrielle, elle a été organisée par le patronat et par l’État. À la fin des années 1970, on délocalise beaucoup notre outil industriel. Les gros bastions syndicaux, qui étaient liés à la concentration d’usines dans une région, sont démantelés et la puissance ouvrière diminue. On compte désormais 20 % d’ouvriers : mécaniquement, la puissance symbolique est moins forte.

En effet, on voit dans votre documentaire qu’il y a encore des luttes…

Bien sûr, et pour illustrer cela, nous nous sommes rendus à l’usine SAM dans l’Aveyron. Après la faillite de ce sous-traitant de Renault, plus de 300 femmes et hommes ont perdu leur emploi. Ce combat très douloureux mené par le délégué syndical (CGT) David Gistau s’inscrivait dans l’histoire d’un territoire qui a été très malmené au fil du temps. Decazeville est un territoire industriel historique qui a connu la fermeture de sa mine de charbon puis la chute de la métallurgie. La fermeture d’une usine a des conséquences très lourdes pour les personnes qui sont virées, mais aussi sur le territoire. Dans un bassin d’emploi, c’est une catastrophe quand une grosse entreprise part.

Donc, peut-on dire que la classe ouvrière est encore une force majeure ?

Oui, ils sont presque cinq millions et demi : cela représente 20 à 25 % des travailleurs et un tiers des hommes au travail. La majorité des ouvriers aujourd’hui travaillent dans des entreprises de services, ce n’est plus seulement de l’emploi industriel. D’ailleurs, les entreprises ont retiré le terme d’« ouvrier » au profit d’« opérateur » pour attirer dans ces métiers. Comme les conditions de travail ne sont pas identiques et que les emplois sont très différents, on a moins l’impression que la classe ouvrière est un groupe. Pourtant, nous sommes en phase de réindustrialisation. Dans toutes les usines où nous sommes allés, il y a plutôt un problème de recrutement que de maintien de l’emploi. C’est aussi parce que des défis attendent ces entreprises : le passage au tout électrique chez Renault ou la décarbonation chez ArcelorMittal.


Fraternellement,
GdM

Re: Que peut-on voir à la télé ce soir, pour les curieux?

Message Publié : 23 Oct 2023, 18:45
par artza
Ce soir 23 octobre !
Arte propose deux films pour les insomniaques et les "dispensés" de l'esclavage salarié ;)

La vie de château, une distraction qui nous montre que dans les situations les plus tragiques il y a quand même motif à réjouissance et à jouissance!

Plus tard, Tout ce que le ciel permet, étroitesse d'esprit, égoïsme, bref les turlipinades de la petite et moins petite bourgeoisie d'une petite ville.

Maintenant on dit "les territoires" :lol:

Si je suis encore éveillé et allumé je viendrais sur l'actualité.

Re: Que peut-on voir à la télé ce soir, pour les curieux?

Message Publié : 20 Nov 2023, 08:39
par artza
Pour ce soir lundi 20 octobre c'est l'abondance .

Sur la 2 deux épisodes le 3ème et le 4ème sur 6 de Sambre.

D'ordinaire j'apprécie peu les séries comme genre,

Là c'est excellent j'ai vu tous les épisodes en deux soirées aux dépens de la lecture.

Pendant trente ans un violeur a sévi le long de la Sambre qui traverse la petite ville où il habite et travaille.

Chaque épisode présente les choses sous un angle différent à travers un personnage particulier.
Ce soir c'est la maire PC de la commune.

Une femme intelligente, courageuse entièrement aux services de ses "administrés" tel qu'elle l'entend.
Au passage au contraire de la volonté et des idées du réalisateur on peut voir la collaboration de classe à l'oeuvre et ses effets dévastateurs, destructeurs au propre et au figuré de la classe ouvrière.
Franchement c'est à voir.

Arte propose deux films de guerre du côté allemand A l'ouest rien de nouveau et en début de soirée Croix de fer on n'est pas dans la dénonciation pacifiste mais dans deux destins individuels criant de vérité.

Re: Que peut-on voir à la télé ce soir, pour les curieux ?

Message Publié : 29 Nov 2023, 07:34
par com_71
Bien d'accord, la série "Sambre" est vraiment réussie. Une dénonciation du conformisme social, du "pas de vague" à tous les niveaux, qui s'accommode bien de véritables tempêtes brisant des vies humaines...
On peut compléter par 2 podcasts de RTL, de l'émission "La Voix du Crime", qui s'intéressent particulièrement au commandant ayant conclut l'enquête et à l'auteure du livre publié sur l'affaire. Cf. numéros 76 et 77.
https://www.rtl.fr/programmes/les-voix-du-crime

Re: Que peut-on voir à la télé ce soir, pour les curieux?

Message Publié : 10 Avr 2024, 15:28
par artza
Lavilliers le prolo stéphanois sur France 4, 21h10.

Je garderais au coeur son passage à la fête de LO en 2002. Il ne nous avait pas tourné le dos comme tant d'autres et tenu à exprimer son accord .

Re: Que peut-on voir à la télé ce soir, pour les curieux?

Message Publié : 11 Avr 2024, 20:06
par Zorglub
L'occasion de rappeler cette émission de 2002, La route, durant laquelle, Lavilliers a invité Laguiller à faire un bout de route en voiture ensemble. J'en ai un vague mais bon souvenir.
https://www.youtube.com/watch?v=GUEF1wrVnfo

Re: Que peut-on voir à la télé ce soir, pour les curieux?

Message Publié : 11 Avr 2024, 21:34
par satanas 1
artza a écrit :Lavilliers le prolo stéphanois sur France 4, 21h10.

Je garderais au coeur son passage à la fête de LO en 2002. Il ne nous avait pas tourné le dos comme tant d'autres et tenu à exprimer son accord .


Si je me souviens bien, il passait après le topo d'Arlette qu'elle avait déroulé sous la pluie. Le soleil étant revenu, il a vanné là-dessus et en réponse aux sifflets (sympathiques), il a rappelé que lui ne nous avait pas lâchés contrairement à tout le monde (pour notre non-ralliement au beau panache démocratique de Chirac)...Un beau moment.

Re: Que peut-on voir à la télé ce soir, pour les curieux?

Message Publié : 01 Mai 2024, 09:52
par artza
Indochine une guerre oubliée.
FR3 21h10

J'ai connu l'avantage de grandir entre 5 et 10 ans dans un petit village entre Sologne et Touraine et Val de Loire.
Son château qui porte un pseudo et mondialement connu .
Son vin blanc mais aussi rouge ou rosé mériterait d'être mieux connu et son chèvre aussi .

La spécialisation c'était l'élevage de gosses de l'assistance . Qui furent remplacés par des malades en déambulation libre.
L'engagement dans l'armée, encouragé était surtout le moyen d'échapper à l'esclavage dans les fermes de Beauce.

Beaucoup revinrent d'Indo dans des cercueils .

Pas natifs du village méritaient-ils le monument aux morts ?