par Ottokar » 26 Mars 2016, 09:55
je l'ai vu à Montreuil, banlieue parisienne, mairie PC, une salle assez pleine, avec un public militant varié, des questions et remarques pertinentes, pas langue de bois (ou militant gauchos comme parfois certains forums de la fête de LO quand par malheur Le Bolchevik ou d'autres plombent l'ambiance), donnant l'occasion aux intervenants (JP Mercier, la réalisatrice et une syndicaliste Air France) de répondre simplement. Mais il était tard (le film gagnerait à être une demi-heure plus court à mon avis) et je ne suis pas resté jusqu'au bout du débat.
Le film est très bien : on voit beaucoup les salariés, ouvriers, techniciens, et pas seulement les militants de la grève, des gens qui s'expriment, débattent, se posent des questions, hésitent, évoluent, disent ce qu'ils ressentent. J'ai lu dans une interview que la réalisatrice répondait à la question "des syndicalistes débordés ?" quelque chose comme "non, un climat de démocratie vivante". C'est très vrai et c'est ce qu'on voit. Mais si cela semble si naturel, ceux qui savent le remarquent aussi, c'est dû aux leaders de cette grève, à Philippe Julien qu'on voit beaucoup et l'équipe de LO, qui fait attention à discuter avec tous, grévistes, non grévistes, et même chefs et "blouses" mobilisées par la direction, qui laissent discuter librement les grévistes entre eux, insistant sur le fait que ce n'était pas aux syndicats de décider sans les gens, que tous pouvaient avoir des idées et les dire, "qu'il y a plus d'intelligence dans 100 têtes que dans une seule" comme dit Philippe Julien au début, etc. Cela semble élémentaire, naturel une fois que c'est instauré... mais le voyons-nous si souvent ? Et s'il n'y avait pas eu les militants de LO, est-ce que cela aurait existé ?
Le film montre aussi comment cette attitude vis-vis du reste personnel non gréviste (5-600 grévistes max sur 2800 à l'effectif), a gagné leur respect, neutralisé le personnel, empêché la direction de s'en servir, les a en un mot fait basculer du côté de l'action même sans franchir le pas et se mettre en grève : la boîte n'a plus travaillé du tout à partir du moment où la grève a démarré. Rappelons-nous par comparaison des grèves qui semblaient "dures" et "radicales" comme les mineurs anglais (glorifiés par Ken Loach et d'autres), où on voyait les grévistes faire la guerre ou presque aux non-grévistes... et finir défaits.