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Très bon film.

Médecin soupçonnée à juste titre de vouloir passer à l'Ouest, "Barbara" est mutée dans un médiocre hôpital d'Allemagne du nord (ceux qui aime les paysages, le vent, la pluie de la lande bretonne pourront apprécier, ceux qui aime les maisons de briques sombres de Picardie et du Nord ne seront pas dépaysés non plus).

Je ne vais pas raconter l'histoire malgrès Pelon qui n'attend que ça on sent très bien l'atmosphère d'un état policier qui pourrit tout y compris les relations personnelles et intimes, au bout du compte tout le monde est un peu le flic de l'autre.

Barbara très beau personnage, une femme très intello-classe moyenne, professionnellement consciencieuse qui ne veut pas s'en laisser compter et entend mener sa vie à sa façon ce qui ne veut pas dire indifférente à ce qui se passe autour et surtout aux plus démunis, aux plus désemparés.

Quelques répliques sont intéressantes:

Barbara:" les ouvriers et les paysans ont payé nos études, alors..."( moquant le discours culpabilisant du régime).

André (le médecin-chef) "...c'est pas faux".

c'est cette réplique que j'ai préféré aussi. Mais j'ai trouvé que l'ambiance est provinciale; La différence entre la RDA policière et la France, c'est que les jeunes paumé ne pense pas à partir ailleurs, mais restent sur le pavé, devant les boulangeries et les distributeurs de billet de banque avec des chiens.
D'une certaine manière le film dit que notre vie, celle à la quelle on doit faire face est ici et pas ailleurs.
J'ai cependant été agréablement surpris par le fait que le film n'était pas anti-communiste et étrangement raccord avec les nouvelles d'Henry James que je lis en ce moment.

j'ai retrouvé l'ambiance des pièces de Tchekhov : lenteur, un contexte de tension, et des personnages qui se débattent là-dedans avec leurs passions, leurs regrets, leurs désirs et leurs contradictions...
j'ai également bien aimé ce film. Il me semble qu un moment clé est la rencontre de Barbara avec une jeune fille dans l 'hôtel où elle a rendez-vous pour discuter de son évasion : la séquence ou la jeune fille montre le catalogue des bijoux que son "passeur-amoureux" pourrait lui offrir montre le rapport entre les Ossies et les allemands de L'ouest. En discutant avec une ami allemande, celle-ci me disait que la prostitution était très fréquente dans les hôtels ou les Européens de l'ouest séjournaient. L'émerveillement de la jeune fille devant des bijoux tout droit sorti de La Redoute ou les 3 suisses fait pitié à voir. il semble qu'à ce moment quelque chose change dans la vision que Barbara a des Allemands de L'ouest.
la surveillance de tout le monde sur tout le monde est effectivement très visible dans le film...

beau film, humain et touchant en effet. Mais c'est pas gai...

A (re)voir ce soir sur Arte à 20h50 suivi de deux autres films du même Petzold Contrôle d'identité (2000) et Jerichow (2008) que je ne connais pas.

J'ignore si "Petzold" est un patronyme courant dans l'espace germanique mais c'est aussi le nom d'un ouvrier socialiste viennois grandi dans la misère, écrivain prolétarien qu'Anne Deffarges évoque dans son bouquin sur les débuts de social-démocratie allemande.

J'ai la chance de posséder son "Histoires d'ouvriers" publié avant guerre en français, c'est très bien, émouvant, instructif, stimulant. Comment s'élever bien au-dessus de sa condition, sans trahir et en servant sa classe.

Pour Petzold Alfons l'écrivain et pas Christian le cinéaste il s'agit d'une "élévation" morale et intellectuelle.

Pour ce qui est de Petzold, j'avais des copains de classe qui portaient ce nom-là en Algérie (leur père était adjudant de Légion).C'est un nom allemand, je crois qu'il étaient berlinois.