« Notre règne arrivera » » est un magnifique roman de Grace Lumpkin (1891-1980).
D’abord publié aux USA en 1932, apparemment jamais traduit en français jusqu’à maintenant, il commence par le récit des conditions de vie misérables des fermiers pauvres des Appalaches.
Misère qui les conduit à quitter leurs terres et devenir ouvriers dans les usines textiles de Caroline du Nord.
Sont décrites la dureté de leurs conditions de vie, l’âpreté de l’exploitation quotidienne. Les enfants sont contraints à travailler très tôt, leur développement physique est déplorable. Les maladies consécutives à l’insuffisance de nourriture et à sa mauvaise qualité sont causes de mortalité.
Le clergé joue son rôle social abject qui le destine à convaincre ces prolétaires qu’il est nécessaire de se soumettre à la bourgeoisie.
On y voit la naissance d’une conscience de classe comme conséquence de l’exploitation subie en commun. Conscience de classe qui permet à quelques-uns de s’affranchir des préjugés racistes. Dans l’acquisition de cette conscience et de cette dignité nouvelle les femmes tiennent une place essentielle.
Le développement d’une grève forme la fin du livre. Sont abordés les problèmes d’organisation, d’extension au sein de l’usine, de répression car le patronat n’hésite pas à envoyer des hommes armés qui terrorisent et assassinent les grévistes.
C’est véritablement un très bon roman, il y a un passage que j’ai trouvé un peu long au début mais toute la fin est extrêmement émouvante et parlera au cœur et à l’intelligence de ceux qui sont persuadés que le système capitaliste est une ignominie que la classe ouvrière doit briser. J’espère qu’il contribuera à en convaincre d’autres.
L’auteure a été militante communiste (où proche du PC des USA selon les sources). Elle se serait inspirée d’une grève dans le textile en 1929 à Gastonia (Caroline du Nord). Le livre reçut le prix Gorki en 1933. Malheureusement cette dame tourna mal. Elle versa dans l’anticommunisme et la bondieuserie.