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Message Publié : 21 Mars 2011, 00:37
par Matrok
Aujourd'hui je suis allé voir Route Irish, le dernier film de Ken Loach. Le personnage principal du film, Fergus, est un "contractor", c'est à dire un mercenaire anglais en Irak. Lorsqu'il apprend la mort de son ami Frankie, lui-aussi mercenaire en Irak, quelques indices le poussent à refuser l'explication donnée à sa famille et à entamer sa propre enquête. C'est donc à la fois un thriller et l'histoire d'une prise de conscience politique.

C'est un thriller politique extrêmement efficace, aussi bien au niveau de l'intrigue policière que de la tension permanente. Comme dans d'autres films récents de Ken Loach (Le Vent se Lève, et surtout It's a Free World!) les personnages principaux ont bien des aspects très antipathiques. Ici, c'est un type qui rêvait de voyages et d'aventures, et qui est devenu un tueur prêt à commettre et justifier n'importe quelle boucherie. Même sa prise de conscience ne va pas vraiment le changer.

Mais ce qui fait le plus grand intérêt de ce film, c'est que l'on voit vraiment qui sont ces soldats de fortune, comment ils émergent de la classe ouvrière anglaise. Il me semble que le sujet n'est pas seulement la privatisation de l'armée, Loach montre que même avec un salaire de 10000 livres par mois non-imposable, ils restent en fait des exploités, avec cette différence qui est qu'on a fait d'eux des machines à tuer, dangereux pour toute la société, pour leurs maîtres parfois, et aussi pour eux-mêmes.

Message Publié : 23 Mars 2011, 19:39
par françois marcel
je suis allé le voir également. je l'ai trouvé intéressant, même si effectivement le film ne dénonce rien de nouveau :
il nous permet de comprendre qui sont ces mercenaires (anciens soldats, aventuriers, parfois ambitieux et très intéressés par l'argent que rapporte le "risque")
il dénonce l'impunité de ces mercenaires sur les champs de bataille.
Il dénonce le marché de la guerre. Ces hommes sont des combattants ou des soutiens logistiques privés. Ils ont moins de compte à rendre à l'opinion publique d'un pays, et peuvent oeuvrer en "silence". Et vu l'enjeu des "contrats" qu'évoque le film, on comprend que cela rapporte beaucoup d'argent.
Après, concernant le côté artistique du film, il ne s'agit pas d'un polar mené à l'américaine, les effets, l'intrigue, sont assez basiques, il n'y a pas de grande surprise. Mais c'est d'abord un film militant, et il a aussi les qualités de ce genre. A voir rapidement !