Vu hier Héros de guerre, film chinois de Feng Xiaogang.
Un film plus intéressant parce qu'il permet de comprendre de l'idéologie officielle en Chine aujourd'hui que par ce qu'il montre de la guerre avec des moyens techniques impressionnants.
Le film commence en 1948 pendant l'affrontement entre maoistes et nationalistes partisans de Tchang Kai-Tchek, se poursuit pendant la guerre de Corée contre les Etats-Unis et se termine dans les années soixante, quand un unique survivant d'un bataillon veut faire obtenir pour ses compagnons morts au combat le titre officiel de "héros".
C'est un peu un soldat Ryan à la chinoise, dont les seuls ciments idéologiques sont le nationalisme et le militarisme. Pas une seule référence au communisme ou au socialisme, on voit à peine un tout petit drapeau rouge au passage. Il m'a fallu d'ailleurs une bonne demi-heure pour être certain qu'on se trouvait du côté des maoistes et non de l'autre, car absolument rien ne l'indique, du moins pour le spectateur occidental. Pas d'étoile rouge avant l'hosto où se retrouve le héros.
Pas une seule fois, les soldats maoistes ne font référence à un idéal ou un objectif social quelconque. On voit seulement que ce sont des paysans, dont certains projettent d'acheter des terres après la guerre. Aucun contact avec la population, qu'on ne voit jamais ! (Et ce n'est pas par faute de moyens).
La Chine réécrit donc son passé, en gommant les aspects qui pourraient déranger aujourd'hui, mais en conservant une façon de glorifier l'armée qui n'aurait pas déparé à l'époque de la révolution culturelle. (On peut supposer que le cinéaste à été formé à la même école stalino-réaliste.)
L'armée, c'est important de la glorifier : le régime risque d'en avoir besoin face à la crise et aux révoltes qui se multiplient.