Mort d'Albert Cossery

Message par com_71 » 22 Juin 2008, 23:38

a écrit :Mort de l'écrivain Albert Cossery, le Voltaire du Nil

dimanche 22 juin

PARIS (AFP) - L'écrivain égyptien de langue française Albert Cossery, qui vient de mourir dimanche à Paris à 94 ans, n'a eu de cesse, en seulement huit livres plutôt courts, de rendre hommage aux petites gens et aux marginaux de son enfance cairote.


Surnommé le "Voltaire du Nil" pour son ironie à l'encontre des nantis, Albert Cossery était une figure de Saint-Germain des Prés où il résidait dans la même chambre d'hôtel depuis 1945, où il est décédé.

Lauréat du prix de la Francophonie de l'Académie française (1990), du prix Méditerranée (2000) et du prix Poncetton de la Société des gens des lettres (2005), il a fait l'éloge dans ses livres, au style classique, hors mode, du dénuement et d'un "art de vivre" loin de notre société consommatrice.

Il a mis en scène des humbles, des inadaptés, qu'ils soient voleurs, prostituées ou balayeurs de rues, persifleurs à l'égard des pouvoirs.

Ses livres, parus en France chez Joëlle Losfeld, s'intitulent "Mendiants et orgueilleux", "Un complot de saltimbanques", "La maison de la mort certaine", "La violence et la dérision", "Les fainéants de la vallée fertile" ou, son dernier, "Les couleurs de l'infamie" (1999). Son premier roman, "Les hommes oubliés de Dieu", avait été défendu aux Etats-Unis par Henry Miller, dans les années 40.

Né le 3 novembre 1913 au Caire, cet ancien élève des Frères des écoles chrétiennes avait une mère illettrée et un père qui, disait-il, "lisait les journaux". Alors que, dans Le Caire des années 20 et 30, la bourgeoisie parle français, il découvre tout gamin Balzac et les classiques français.

Tous ses livres sont écrits en français. "J'aime cette langue", a-t-il souvent dit, précisant toutefois: "Je suis et reste un égyptien de culture et de langue françaises, avec un univers égyptien. C'est pour cela que mes livres ne font référence qu'à mon pays natal".

"Je pense en arabe. Même un personnage qui vous dit +bonjour+, il y a quelque chose derrière. Ce n'est pas un bonjour à l'européenne, c'est-à-dire qui ne signifie rien. Et cela je dois le rendre" dans mes livres, indiquait-il dans un entretien filmé par l'INA accordé à Michel Mitrani.

En 1945, il débarque à Paris, connaît la vie de bohème, fréquentant en plein après-guerre Camus (son copain de drague), Genet, Gréco, Giacometti, Vian ou Mouloudji. Il s'installe dans un modeste hôtel de la rue de Seine, La Louisiane, où il restera toute sa vie.

Sa chambre comprend certes un frigo et une télévision mais son occupant n'a ni bibelots ni souvenirs. Il ne possède que des vêtements: "pour attester ma présence sur terre, je n'ai pas besoin d'une belle voiture", ironisait-il.

Le vieux dandy du Quartier latin, qu'on croisait ces dernières années impeccablement habillé, le regard acéré sur tout ce qui l'entourait, le corps devenu aussi léger qu'une plume, aura fait preuve, sa vie durant, d'une forme de paresse, d'hédonisme, de simplicité ainsi que d'une absence d'illusions politiques: il savait trop bien qu'en finir avec un despote ne signifiait pas forcément la fin de la tyrannie.

En 1998, un cancer de la gorge l'avait privé de ses cordes vocales, le rendant presque aphone. Il griffonnait sur un bloc-notes pour répondre aux questions des journalistes.

Ses livres sont traduits en une quinzaine de langues mais, selon lui, les versions arabes ne sont pas bonnes, en raison de passages censurés qui en appauvrissent la lecture.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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