(samade @ lundi 10 mars 2008 à 13:59 a écrit :Je viens de terminer un livre (LA RESISTANCE COMMUNISTE ALLEMANDE 1933-1945 T.DERBENT) j`ai trouve assez interessant il racontre comment le KPD a combatu le nazime souvant les gens fonds la confusion entre le nazime et le communiste :luxemburg:
L’auteur dénonce à juste titre le consensus qui semble prévaloir quant à l’inexistence, en Allemagne, d’une résistance communiste au nazisme après la liquidation des organisations de la classe ouvrière qui suivit l’accession au pouvoir d’Hitler.
Il donne des informations intéressantes sur les activités antifascistes des communistes allemands tant en Allemagne qu’à l’étranger. Il cite les noms de nombreux communistes qui s’organisèrent courageusement dans la clandestinité, sans céder à la terreur nazi, et payèrent de leurs vies le refus de capituler. Transmettre la mémoire de ses militants communistes est un acte louable d’historien du mouvement ouvrier.
J’ai cependant quelques réserves sur ce livre.
La première est que T.Derbent résume avec une complaisance que je ne partage pas la tactique dite de troisième période qui jeta le KPD dans un cours sectaire qui faisait des sociaux-démocrates des « jumeaux » des nazis et les désignaient comme ennemis principaux du parti communiste allemand. Que ne consulte-t-il pas « l’Internationale communiste après Lénine » ou bien « la révolution allemande et la bureaucratie stalinienne » de Trotsky.
La deuxième est que pour l’auteur le mot« communiste » semble ne pouvoir désigner que des staliniens. Quoiqu’il cite en note le livre de David Rousset : « Les jours de notre mort » à l’occasion d’un développement intéressant sur l’organisation clandestine communiste à Buchenwald, il ignore singulièrement le travail qu’essayèrent d’accomplir les communistes oppositionnels. Ils furent peu nombreux, c’est vrai, mais dans une période sombre de l’histoire ils tentèrent de sauvegarder l’héritage internationaliste et révolutionnaire pour lequel le combat contre le nazisme était un combat de classe. Ils s’efforcèrent de mener cette lutte sur le terrain et avec les méthodes propres du prolétariat sans se transformer en soutien d’une des bourgeoisies en conflit.
Pas un mot sur Georg Jungclass militant trotskyste qui diffusa le journal « Unser Wort » à Paris et Prague. Arrêté par la Gestapo en 1944 et condamné à mort il échappe in extremis au sort que lui réservaient ses bourreaux.
Pas un mot sur Martin Monat (Widelin), militant trotskyste, responsable de la publication à Paris de « Arbeiter und Soldat » dans le cadre d’un travail politique internationaliste en direction des soldats allemands (travailleurs sous l’uniforme). Il sera exécuté en 44.
Pas un mot sur Brest et la « Zeitung für Soldat und Arbeiter im Westen » qui mit en contact des trotskystes français en 1943 (épisode dont André Fichaut rendait compte récemment dans « Rouge ») et des soldats et marins allemands dont certains se réclamaient du trotskysme.
Pas un mot sur le viennois Karl Fisher, pas tout à fait un inconnu puisqu’il était présent à la conférence de Périgny qui proclama la quatrième internationale en septembre 1938. Il est aussi l’un des signataires avec Marcel Beaufrère, Ernst Federn (autre viennois) et Florent Galloy de la « Déclaration des communistes internationalistes de Buchenwald » en avril 1945. Fischer évolua vers des thèses capitalistes d’Etat et s’opposa au mot d’ordre de défense de l’Etat soviétique avec son groupe RKD (communistes révolutionnaires d’Allemagne).
A ce propos j’apprécierais que ceux qui ont des informations sur Maria Fisher, mère du précédent et militante du groupe « Gegen den Strom » nous les fassent partager. Elle fut arrêtée en 1943 par La Gestapo et condamnée à 5 ans de prison. Derbent fait référence sans précision à un « groupe Fisher » de Berlin. Je ne sais pas s’il y a un rapport avec Maria.
Et enfin T.Derbent fait sienne la thèse selon laquelle le communiste allemand Jan Valtin (agent du Komintern et auteur du livre « Sans patrie ni frontière » ) aurait été retourné par la Gestapo après avoir été capturé alors qu’il effectuait en Allemagne nazi des activités militantes clandestines. Outre qu’on sache bien que les staliniens n’hésitaient pas à flétrir leurs opposants du qualificatif de « nazi », « agent hitléro-trotskyste » et autres gracieusetés cette thèse n’est pas unanimement acceptée. Valtin développe dans son livre sa propre version des faits.
Les éditions Aden, qui ont publié le livre dont il est question dans ce fil, prévoient la réédition, en avril 2008, du livre de Gilbert Badia sur les spartakistes. Dans mon souvenir, il s’agit d’une étude intéressante.