a écrit :« Prendre place dans la cité
Jeunes et politiques municipales »
de Véronique Bordes
Collection Débats jeunesse
éditions L'Harmattan
238 pages
19 €
décembre 2007
UNE POLITIQUE JEUNESSE NE S'IMPROVISE PAS
Docteure en sciences de l'éducation, Véronique Bordes mène une enquête fouillée sur la politique jeunesse menée par la Ville de Saint Denis. Après une présentation sociale, historique et politique de ce bastion « communiste », l'auteure rappelle les grandes politiques urbaines et les grands dispositifs qui se sont succédé avant l'aborder la question centrale : la place des jeunes comme acteurs.
L'observation et l'analyse permettent de comprendre les jeux d'acteurs entre d'un côté les jeunes et de l'autre le service jeunesse C'est dans le cadre de cet inter-action que d'un côté le jeune apprend et se construit et que de l'autre s'affine une politique jeunesse. Si les animateurs qu'ils soient vacataires ou permanents sont aux premières loges, en dernière analyse c'est le politique qui décide et qui en cas de conflit prend les décisions qui s'imposent.
Les dispositifs mis en place par la ville évoluent assez rapidement construisant une socialisation réciproque et un réajustement des politiques locales.Si la mission première d'un service jeunesse c'est de garantir la paix sociale et d'éviter une explosion, elle est dotée aussi d'une mission éducative permettant aux jeunes d'accéder à la culture et de se construire une identité individuelle et sociale.
"L'acquisition des savoirs n'est plus, depuis longtemps, une mission exclusivement réservée à l'école, mais peut se faire au travers d'une pratique culturelle juvénile, la société se porte garant de ces acquisitions, la ville devient éducatrice."
Si cette mission éducative est reconnue, si les municipalités communistes mettent le paquet et ne lésinent pas sur les moyens, il n'en reste pas moins que cette action éminemment utile socialement est souvent menée par des animateurs peu formés.Beaucoup, issus des quartiers, prisonniers dans des habitudes et privés de recul se trouvent souvent pris entre la pression des jeunes qu'ils connaissent bien et les représentants de l'institution, leur propre hiérarchie.
Ce livre, comme d'autres qui l'ont précédé montre qu'une réelle politique jeunesse, cohérente et conséquente passe par une qualification du personnel... Pour que les jeunes puissent trouver une place d'acteurs dans l'espace social de la commune, il faut que les passeurs, animateurs professionnels soient reconnus et dotés d'une formation professionnelle solide.
La jeunesse n'est pas une classe dangereuse que l'on doit dompter mais une richesse, véritable promesse d'avenir.Les quelques succès personnels et collectifs relatés dans ce livre montrent qu'il s'agit là d'un enjeu politique et social majeur à ne pas négliger.
Jean-François CHALOT