Publié : 14 Jan 2008, 22:37dans un journal canadien:
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Le dimanche 13 janv 2008Contrer la violence... par la violence?
Mathieu Perreault
La Presse
Les films violents à succès diminuent le taux de criminalité, selon une nouvelle étude américaine. Ils tiennent à l'écart des rues et des bars de nombreux jeunes hommes, un groupe de personnes davantage susceptible d'être mêlé à des bagarres ou d'agresser physiquement autrui.
Ces résultats contredisent en apparence de nombreuses études montrant que la violence au cinéma et à la télévision augmente les pulsions agressives. «Moi aussi, en me lançant dans mon analyse, je croyais confirmer que les films violents augmentent le taux de criminalité», explique l'auteur de l'étude, Gordon Dahl, économiste de l'Université de Californie à San Diego, en entrevue depuis l'Université Princeton où il se trouve présentement en année sabbatique.
«Mais dans le vrai monde, il n'y a pas seulement les pulsions qui comptent. Il faut aussi se trouver en position de commettre un crime. C'est beaucoup plus propice dans un bar, après avoir bu toute la soirée, qu'au cinéma. D'autant plus que souvent, après un film, on va se coucher.»
Un film à succès peut diminuer le taux de criminalité jusqu'à 40%, selon l'étude. Chaque million de personnes le regardant un jour donné diminue de 1,3% la criminalité avec violence entre 18h et minuit, et de 2% entre minuit et 6h. Un film à succès peut attirer de 10 à 20 millions de personnes aux guichets. Le taux de criminalité avec violence impliquant l'alcool diminue encore davantage.
La violence des films n'est pas directement responsable de la baisse du taux d'agressions. «Les films à succès qui attirent les jeunes hommes tout en n'étant pas violents, comme Bruce Almighty, diminuent aussi la criminalité, dit M. Dahl. Mais plus un film est violent, plus il a un effet prononcé sur les crimes violents. On peut penser que les gens les plus susceptibles de se battre dans les bars, ou d'attaquer quelqu'un dans la rue, sont aussi ceux qui apprécient le plus les films violents.»
DVD et alcool
L'économiste californien a aussi analysé les statistiques de location des DVD. L'effet est moins clair, parce que les locations s'étendent souvent sur plusieurs jours. Mais il semble a priori que l'importance de l'alcool soit confirmée. «L'effet des locations de films à succès violents sur DVD est moins fort. On peut penser que c'est parce que les gens peuvent boire de l'alcool pendant qu'ils regardent leur DVD», explique-t-il.
Gordon Dahl n'exclut pas que le visionnement de films violents puisse avoir des effets à long terme - banalisation des agressions, par exemple - que son étude ne peut détecter. «D'ailleurs, au départ, je désapprouve les films violents. Je suis mormon, et je défends à mes enfants d'en regarder.»
