Le Divin Marché

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« Le Divin Marché
La révolution culturelle libérale »
de Dany-Robert Dufour
édition Denoël
septembre 2007
22 €
337 pages

Le règne sans partage du libéralisme


Ils se croient libres, libérés ou libéraux alors qu'en fait ils appartiennent au troupeau obéissant à des normes ou instructions dictées par une nouvelle religion: le libéralisme...
Comme les autres religions existantes, celle là dominante possède ses dogmes, ses dix commandements que l'auteur présente et développe.
Il s'agit pour l'individu de se conformer à un système, de se couler dans le moule pour le profit maximal d'un petit nombre, chacun étant invité à essayer de s'approprier une part importante du gâteau, voire des miettes.
La gouvernance va « permettre à la société civile de se gouverner seule sans en passer par cette vieille instance désormais désuète : le gouvernement, qui se croyait en charge de la « chose publique »
L'Etat n'est plus là pour réguler et défendre l'intérêt général dans le cadre de lois, il n'a plus qu'à protéger ceux qui possèdent et faire taire les autres.
Ce libéralisme triomphant conduit à ce que sur cette planète où les profits de certains sont rois, trois cents personnes possèdent autant que 3 milliards d'individus.
Les contraintes sont levées ainsi que certaines barrières pour libérer les passions, qu'il s'agisse de celle des actionnaires voulant faire encore plus de profit , ou de jeunes dans les quartiers s'adonnant à quelques juteuses activités économiques, c'est le chacun pour soi ou la loi de la jungle.
L'analyse de textes chantés par certains groupes de rap montre qu'il y a une identitification parfaite à l'idéologie libérale avec comme huitième commandement « Tu violeras les lois sans te faire prendre ».
«...leur « morale », le gain maximal, ne diffère en rien de celle des actionnaires des groupes financiers, parfaitement indifférents aux possibles calamités causées par d'éventuels retraits intempestifs de capitaux ou d'emplois réalisés au nom de la rentabilité et donc de la corporate governance... »
Mais alors que faire? Sommes nous entrés dans un système conduisant inéluctablement au tout libéral sans entrave avec son corollaire: la misère pour beaucoup et la toute puissance des intérêts égoïstes?
Est-ce la fin de l'Histoire? Et le tromphe postume du psychanaliste Bernard de Mandeville qui avait choqué l'Europe des Lumières en 1704 avec sa formule « Les vices privés font la fortune publique »?
Kant! Freud! Revenez. Ils sont devenus fous!
Que deviendra cette société si les pulsions ne sont pas maîtrisées?
Le réquisitoire de l'auteur contre le libéralisme est implacable. Dommage qu'il ne propose pas de balayer ce « système », préférant un toilettage de fond visant à se débarrasser des effets pervers.
Si effectivement « la seule régulation sera celle que les hommes se proposeront de mettre en place en fonction de leurs intérêts particuliers », ce n'est pas une simple réforme même radicale qui suffit!