« Reconstruire l’éducation
ou le désir d’apprendre »
de Gilbert Dalgalian
éditions du temps
institut de recherches de la FSU
19 €
Octobre 2007
« l’école est un gué et les enseignants des passeurs »
Je connais certains lecteurs qui vont bondir plus d'une fois en rencontrant fréquemment « l'apprenant! »
Qu’ils n’arrêtent pas pour autant la lecture, l’ouvrage est intéressant, passionnant même.
Enfin un auteur qui parle de l’école sans utiliser ni la langue de bois ni les anathèmes contre les pédagogues devenus de vilains « pédagogistes »
Après avoir expliqué qu’il fallait partir des capacités de chaque enfant et de ses motivations propres afin qu’il se construise avec l’aide de l’enseignant, l’auteur montre que la voie de la réussite pour tous est possible.
L’enfant doit apprendre en produisant et en inventant et c’est aussi à partir du réel, de la vie, qu’il pourra accumuler des savoirs qui s’appuieront sur ses envies et son plaisir.
Linguiste spécialisé dans l'étude des apprentissages précoces, Gilbert Dalgalian nous montre avec brio qu'il est possible de rendre les données récentes des neurosciences accessibles à un large public.
Il nous explique ainsi à partir de schémas commentés et d'une démonstration rigoureuse et simple que les tout petis disposent de capacités neuronales qui ne demandent qu'à être stimulées.
Il n'est question ni de tomber dans les dérives de la sur-activité ou de la surprogrammation, ni d'imposer à l'enfant des cadences infernales.
L'école doit ainsi contribuer à former l'enfant comme une personne humaine et non un futur professionnel, en s'appuyant sur « l'incomparable plasticité neuronale » :
Il faut ainsi dans le cadre d'un respect du rythme de l'enfant multiplier les expériences vécues : « narratives, esthétiques, expressives, corporelles, vocales, graphiques, musicales, linguistiques, imaginaires et culturelles et, à la faveur de tout cela, socio-affectives. »
La pédagogie moderne trouve là un défenseur convaincu et convaincant de méthodes qui permettent à la fois de répondre aux besoins de chacun et à la fois de développer une cohésion du groupe.
L'auteur propose de reconstruire une éducation qui puisse mettre en valeur les différentes compétences des « apprenants » en mettant en place à côté d'un tronc commun, des parcours choisis musicaux, sportifs ou manuels...
Il reprend avec ses mots la proposition développée par certains groupes de recherche qui consiste à prôner une formation polyvalente et polytechnique pour tous.
Il ne s'agit pas pour autant d'une « incitation à revoir à la baisse les contenus » et pour être plus clair encore « ce n'est pas en substituant au Cid de Corneille un texte de chanson de Johnny Halliday qu'on rend service aux élèves.... »
Voici là un livre à déguster sans modération.
Jean-François CHALOT