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Message Publié : 09 Nov 2006, 00:04
par Valiere
" les Banlieues "
de Véronique Le Goaziou et de Charles Rojzman
Collection ォ idées reçues サ
éditions: Le cavalier Bleu
123 pages
9
Septembre 2006

Eclairage et analyse


Que recouvre ce teme générique de "banlieues "?
Les deux auteurs choisissent le sujet qu'ils veulent traiter, ils en fixent le cadre et les limites afin d'éviter tout faux débat.
Il s'agit là : " d'un ensemble de territoires défavorisés, appelés quartiers, cités ou zones urbaines sensibles, dans lesquels vivent des personnes cumulant des difficultés, principalement sociales et économiques, et où sévissent l'exclusion, la violence et la précarité. "
Beaucoup de ces " zones "se situent à la périphérie des villes mais n'oublions pas non plus que dans certaines villes du sud par exemple, les quartiers de rélégation sociale sont implantés en pleine ville.
Les deux auteurs rappellent l'histoire des grands ensembles, l'accueil favorable qui leur a été fait par les politiques ...La mixité sociale y était réelle, ces appartements spacieux et équipés remplaçaient les bidonvilles...Tout ceci a tenu jusqu'au début des années 70;
Personne ne parlait de cages à lapins. C'est après seulement que l'on s'est aperçu des erreurs commises : l'uniformisation, des problèmes d'isolement, les questions liées au déplacement, l'absence de services publics de proximité, le tout dans une situation économique et sociale complètement modifiée avec le chômage massif... Le départ de familles modestes vers des zones pavillonnaires et la concentration de population en difficultés ont créé une situation difficile, explosive parfois.
On parle de la violence de jeunes en oubliant assez souvent la vie difficile des familles, la tristesse, l'absence de ressources, la perte de repères conduisant les parents à baisser les bras et à laisser faire.
Pour l'architecte Roland Castro :"ce que le prolétariat portait comme projet de société, l'exclusion dans la ville ne le porte plus. La ville contemporaine fait craindre la barbarie pas la révolution "..
C'est ce qu'il écrivait dans Banlieue 89...Qu'en est-il aujourd'hui?
Les associations traditionnaires, animées par des militantes et militants politiques et syndicaux ont presque toutes disparues, conséquences d'un abandon de ce terrain social et du départ de nombreux acteurs, partis vivre en zone pavillonnaire.
Naturellement, commel'expliquent les deux auteurs, de nouvelles associations ont vu le jour, tous les quartiers ne sont pas devenus des territoires de ォ non droit サ mais les handicaps cumulés,les hésitations et incohérences des politiques de la ville, l'exclusion sociale conduisent à une situation explosive qui peut déboucher sur des explosions... Une explosion, sans projet peut mener à l'impasse ou à la régression, voire à la barbarie.
Cette violence n'a pas toujours atteint un niveau irréversible, " elle s'est résorbée dans certains endroits et à fini par disparaître. Les actions conjuguées de la police, des travailleurs sociaux, des institutions ainsi que les efforts et les initiatives des habitants, y ont fortement contribué. "
Les " banlieues " ne forment pas un tout homogène. C'est l'intérêt du livre que d'analyser finement la situation et de nous montrer que des politiques territoriales réfléchies et non démagogiques peuvent permettre d'éviter le pire....
Ne faut-il pas aller au-delà !?
Malgré tout ce qui est fait pour eux, ces habitants des quartiers ont l'impression qu'on les a abandonnés, parce qu'ils vivent de plus en plus en état d'insécurité. C'est pourquoi ils ont peur. Or la peur, qui favorise les mouvements extrémistes ou associaux est le pire ennemi de la démocratie. "
L'insécurité vécue si elle est parfois physique, est presque toujours sociale.
Si les pouvoirs publics ne s'attèlent pas sérieusement à la tâche qui consiste à mettre fin à la précarité et à la relégation;
Si les organisations de la gauche n'interviennent pas dans ces quartiers en s'investissant dans des associations pour tisserdu lien social;
C'est l'extrême droite qu'elle soit lepéniste ou islamiste qui raflera la mise et les populations en situation d'exlusion qui se trouveront les otages des apprentis sorciers.

Jean-François CHALOT