"Mémoire de nos pères" + "Lettres d'Iwo J

[pedro]

Comme personne n'en a encore parlé, je me lance :

Quand j'ai vu le titre, la première fois, je me suis dit que c'était sûrement un de ces films patriotards puants. Puis je me suis dit que c'était Eastwood, qu'il a fait de bons films (notamment contre la peine de mort), réfléchis. Je suis finalement allé le voir, et je n'ai pas été déçu.
L'histoire est celle de marines américain qui, après avoir participé au débarquement d'iwo-jima et vu des milliers de leurs camarades tomber sous les balles Japonaises (des scènes de guerres très réalistes et très dures), sont rapatriés aux usa. Ils figurent sur une photo (réelle), prise pendant la bataille, montrant des GI's plantant le drapeau américain, en haut d'une colline parsemée d'embûches.
A partir de là, tout ce que l'amérique compte de politiciens, de capitalistes, se sert d'eux, afin de vendre des bons du trésor, pour pouvoir continuer l'effort de guerre.
Toute l'amérique pense évidemment que la photo à été prise à la fin de l'assaut, et tout est fait pour que les gens le croient. En fait, elle a été prise au 7ème jour de la bataille, qui devait en compter une trentaine, la résistance des Japonais s'avérant rude. De plus, un premier drapeau avait été planté par d'autres GI's, et celui qui figure sur la photo, planté par les "héros", adulés partout où ils passent, n'est qu'un drapeau de remplacement.
En fait, dans ce film, pointe tout le mépris que le haut commandement, les politiciens, la bourgeoisie américaine, pouvait avoir pour une chair à canon qu'elle n'utilisait, en la circonstance, que pour faire marcher les usines d'armement et gagner une guerre contre un impérialisme concurrent.
Il pointe aussi l'ostracisme dont est victime l'un des "héros", un indien, qui ne supporte pas la situation. Il est d'ailleurs renvoyé au front, l'un des chefs militaires dirigeant l'opération "bons du trésor", lui reprochant de s'être saoûlé, lors d'une représentation, et de faire honte à l'uniforme.
Après la guerre, le soldat Indien retrouve sa condition d'Indien. René Gagnon, un des autres soldats portés alors au pinacle tente vainement de trouver du boulot, en téléphonant à des patrons qui lui avaient alors laissé leur carte de visite, au moment de la vente des bons du trésor... sans grand succès.
Un excellent film, très émouvant, et qui fait réfléchir sur la façon dont le système capitaliste peut utiliser des hommes, en faire des héros, pour mieux les abandonner, après.

[pedro]

Quelques scènes sont hard, notamment une, (je préviens, pour les âmes sensibles), durant laquelle un GI voit la tête encore couverte de son casque, d'un de ses petits camarades, atterrir juste à côté de lui.

[ianovka]

Effectivement, je l'ai vu également c'est un très bon film.
Ca m'étonnera toujours qu'un type qui fait des films si justes et si humains soit un réac.

En tous cas j'ai hate de voir l'autre volet de ce film, c'est à dire la même bataille hallucinante pour cet ilôt minuscule vue du côté japonais.
Ca sortira début 2007, le titre en français "Lettres d'Iwo Jima"

[pedro]

Effectivement, je l'ai vu également c'est un très bon film.
Ca m'étonnera toujours qu'un type qui fait des films si justes et si humains soit un réac.

En tous cas j'ai hate de voir l'autre volet de ce film, c'est à dire la même bataille hallucinante pour cet ilôt minuscule vue du côté japonais.
Ca sortira début 2007, le titre en français "Lettres d'Iwo Jima"
J'ai hâte de le voir, moi aussi.
Pour ce qui est d'Eastwood, c'est un républicain, c'est vrai, et il était pour la guerre contre l'Afghanistan et l'Irak, mais, bon, il a tout de même visiblement des côtés sympas.
C'est un républicain intelligent.
Enfin, c'est mon avis.

[ianovka]

C'est un républicain intelligent.

Ben c'est ça que je ne comprends pas.

[pedro]

Quand il sera mort, il faudra disséquer son cerveau.

[Jacquemart]

Pour ce qui est d'Eastwood, c'est un républicain, c'est vrai, et il était pour la guerre contre l'Afghanistan et l'Irak, mais, bon, il a tout de même visiblement des côtés sympas.
C'est un républicain intelligent.
Enfin, c'est mon avis.

En attendant que Kane, spécialiste mondial ès-Eastwood, se manifeste, je donne mon avis de béotien.

Certes, Eastwood est fin, et comprend intelligemment les rapports humains. Mais les copains qui voient une contradiction avec ses idées réac, à mon avis, tapent à côté de la plaque. Des réacs subtils et observateurs, la littérature bourgeoise en est pleine, de Balzac à Flaubert en passant même par Zola qui était loin d'être aussi progressiste qu'on a voulu le dire ensuite. Ca n'a rien de surprenant ni de contradictoire.

Ce qui le serait, c'est que ses films véhiculent des valeurs progressistes. Mais quand on regarde bien, ce n'est pas le cas. Et un film comme "million dollar baby", émouvant par ailleurs, ne sort pas du mythe de la réussite individuelle, même s'il traite celle-ci sous l'angle de la tragédie.

[Gaby]

Certes, Eastwood est fin, et comprend intelligemment les rapports humains. Mais les copains qui voient une contradiction avec ses idées réac, à mon avis, tapent à côté de la plaque. Des réacs subtils et observateurs, la littérature bourgeoise en est pleine, de Balzac à Flaubert en passant même par Zola qui était loin d'être aussi progressiste qu'on a voulu le dire ensuite. Ca n'a rien de surprenant ni de contradictoire.

D'accord avec ça. C'est vrai aussi dans une certaine mesure avec les intellectuels qui ont été proches des différents PC du monde et qui ont fini nationalos (ou qui l'ont toujours été...). Bien sûr on ne retient pas d'abord de Dos Passos ce qu'il a écrit après la guerre, ou de Steinbeck sa fin de vie...

Ce qui le serait, c'est que ses films véhiculent des valeurs progressistes. Mais quand on regarde bien, ce n'est pas le cas. Et un film comme "million dollar baby", émouvant par ailleurs, ne sort pas du mythe de la réussite individuelle, même s'il traite celle-ci sous l'angle de la tragédie.

Là par contre j'ai du mal à comprendre. Montrer le mythe de la débrouille individuelle sous sa forme la plus habituelle, l'échec, ce n'est pas sortir du mensonge ? Le fameux rêve américain, c'est Scarface. C'est évidemment le thème, mais c'est pour mieux le désenchanter. Il existe bien une fascination pour ces personnages de la part de milieux petits-bourgeois ou pseudo-déclassés, Tony Montana est une idole, mais si c'est un sujet de prédilection, ce n'était pas l'intention de l'artiste que d'en faire un modèle.

[ianovka]

Oui assez d'accord avec Gaby, "Million dollar baby" est très loin d'être un hymne à la réussite individuelle.
Il est de plus un plaidoyer pour l'euthanasie, dénonçant l'hypocrisie crasse de l'église à ce sujet, et il est sorti justement à un moment où un débat à ce sujet avait lieu aux EU, avec une levée de boucliers de la droite et de l'église.
De plus il montre un homme qui abandonne petit à petit ses préjugers sexistes.

Si ce n'est pas progressiste ça y ressemble un peu quand même non ?

[Jacquemart]

Montrer le mythe de la débrouille individuelle sous sa forme la plus habituelle, l'échec, ce n'est pas sortir du mensonge ?

Mais dans million dollar baby, le destin de l'héroine n'est pas présenté comme un échec ! Elle le revendique comme une réussite, certes tragique, mais une réussite tout de même.