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Message Publié : 11 Sep 2006, 09:52
par Valiere
« CARNETS
Chronique ordinaire
d’une école primaire
en Seine-Saint-Denis
d’Alice Dralliac

Editions Anne Carrière
222 pages
septembre 2006
17 €

Les incuries d’un système relatées au jour le jour

Mon libraire préféré, à qui j’achète un livre ou deux par semaine m’a informé de l’arrivée de ce tout petit dernier sur l’école. Je l’ai donc acheté et lu très rapidement, la lecture est aisée, le style narratif très correct et simple....
L’auteure nous plonge dans son quotidien d’enseignante en zone sensible en nous racontant une année scolaire, de la rentrée aux vacances d’été.
Ce livre n’est pas une oeuvre d’analyse mais une chronique ponctuée de quelques commentaires, certains sont judicieux, d’autres mériteraient de la part de l’auteur une réflexion plus poussée.
Elle critique une circulaire qui demande de ne plus séparer les enfants à la « cantine » en deux groupes de tables, une avec porc et une autre sans porc. « Il faudra donc désormais servir les menus différents aux enfants en demandant, un par un, ce qu’ils mangent...J’imagine déjà le désordre et la perte de temps ! » !!?
Cette remarque est stupéfiante de la part d’un enseignant, comme s’il n’était pas nécessaire d’apprendre aux enfants à vivre ensemble et d’éviter des regroupements communautaires ! Mais il n’est pas question de jeter la pierre à cette jeune enseignante, sa réflexion montre encore une fois l’incurie de la formation initiale des professeurs des écoles et des instits...Toutes ces questions essentielles devraient être abordées sérieusement à l’IUFM !
Peu à peu, au cours de son récit, on saisit bien la réalité sociale et culturelle de l’environnement de l’école, avec les difficultés des familles, le peu de moyens disponibles et encore une fois l’inertie du système et de la hiérarchie : des enseignants malades non remplacés, des enseignants mal préparés et peu soutenus quand il s’agit d’assurer une classe regroupant de nombreux enfants violents ou en difficultés.
Il y en a de plus égaux que d’autres !
A Paris de nombreux intervenants extérieurs en musique et en activités physiques et sportives sont mis à la disposition des équipes enseignantes, à Paris de nombreuses possibilités de sorties culturelles sont offertes...Ici en Seine Saint Denis, rien de tout cela : les municipalités n’ont souvent qu’une volonté sans de budgets suffisants !
La réalité sociale et pédagogique est relatée fidèlement...Si effectivement la hiérarchie fait la sourde oreille, une réelle solidarité existe entre les enseignants, n’hésitant pas à prendre dans sa classe tel enfant difficile pour soulager une collègue désemparée...
Etre instit –je préfère ce nom à celui, pompeux de professeur des écoles- être instituteur donc, c’est aussi avoir des colères et les exprimer comme le fait Alice Draillac en s’apercevant qu’une enfant de 12 ans, absente sans motif depuis des semaines a été mariée de force « au pays » !
Il y a beaucoup à dire et à écrire sur le métier d’enseignant dans les « zones » où règne l’exclusion sociale et la misère...Certains abandonnent, d’autres deviennent de réelles assistantes sociales suppléant la défaillance de l’Education Nationale.
Ce livre nous présente un témoignage parmi d’autres...Dommage qu’il ne lie pas description et analyse !
Valière