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Message Publié : 06 Sep 2006, 16:45
par Pastorius
J'ai découvert cet auteur égyptien atypique il y a peu. J'ai lu entièrement "Les années de Zeth" et suis en train de lire "Warda", nettement plus intéressant à mon avis.

Sonallah Ibrahim est un ancien communiste (stal) égyptien, qui a passé 5 ans dans les geôles de Nasser, entre 1959 et 1964. Il m'apparaît foncièrement comme un désabusé du stalinisme - mais un qui reste viscéralement attaché à la perspective du socialisme et tout aussi hostile à la coulée de boue réactionnaire qui, depuis, a recouvert le Moyen-Orient. Comme écrivain, ça le rend sympathique.

Warda et Zeth sont deux oeuvres presques antithétiques: la première raconte le voyage d'un ancien communiste, alter-égo de l'auteur, qui, outre qu'il aime Freud et la bière, vomit les islamistes, les féodaux et préfère les femmes quand elles sont libres. En voyage à Oman, il cherche à retrouver la trace de deux de ses amis d'autrefois -un frère et une soeur, Warda - partis rejoindre la guerilla du Dhofar. C'est l'occasion pour Ibrahim de revisiter les années 60 et l'effervescence qui traversait tout le Moyen-Orient, à travers le parcours de Warda, qui est un peu son idéal féminin.

Zeth est l'antithèse de la précédente: femme banale, sans personnalité, son parcours est celui de millions d'égyptiennes. Zeth traverse plusieurs décennies d'histoire égyptienne - une histoire qu'elle subit, comme sa condition et son mariage. Tout cela débouche sur une situation de décadence et d'oppression paroxystique: celle de l'Egypte d'aujourd'hui, où à la dictature corrompue, affairiste et moisie ne répond que l'ascensiond des Frères Musulmans, manifestement vomis par l'auteur.

En tous cas, S. Ibrahim m'apparaît comme une voix arabe vraiment atypique et authentique.