
« Globale ou b.a ;-ba ?
Que cache la guerre
Des méthodes d’apprentissage
de la lecture ? »
de Laure Dumont
Editions Robert Laffont
186 pages
Août 2006
17 €
MYSTIFICATION PEDAGOGIQUE ET RECUPERATION POLITIQUE
On ne parle plus que de cela ou presque. Les médias ont trouvé là un sujet en or, certains n’hésitant pas à tricher ou à mener une grande campagne de mystification.
Qui a lancé le « débat » sur la place publique ? La chaîne publique de télévision France 2 semble avoir commencé à dégoupiller la grenade la première, ou presque, à l’occasion du journal télévisé de 20 heures, un certain 15 novembre 2006 au moment où l’insurrection dans les banlieues ne fait plus recette…
Comme d’habitude, le réel débat est occulté pour laisser place à une seule version, celle qui fait peur et qui s’appuie sur des chiffres fantaisistes :
«…la journaliste de conclure, sans fournir la moindre source, ni la moindre explication, que « 30% des enfants ne savent pas lire en entrant en sixième »…
Comme nous le montre dans son livre, Laure Dumont, la réalité est plus complexe : « … les élèves qui arrivent en sixième « sans savoir lire »- c'est-à-dire, comprenons-nous bien, purement et simplement illettrés- représentent 4 à 5% parmi les 11% qui éprouvent de grandes difficultés avec l’écrit. 5%...c’est six fois moins que le chiffre diffusé sur France2. » Mais qu’importe, la chaîne a fait de l’audience et donné le la puisque dès le lendemain de nombreux média reprendront l’information et le sujet pour le développer…
Le coupable de cet illettrisme est tout trouvé : la méthode globale de lecture, qui d’ailleurs est pratiquée par très peu d’instituteurs et professeurs d’école !
« … l’opposition globale : synthétique n’a plus lieu d’être, ce n’est ni l’enjeu ni le problème. Tous les chercheurs et les pédagogues sont d’accord là-dessus et s’emploient d’ailleurs à le dire sur tous les tons depuis maintenant un an, sans grand succès malheureusement : cette querelle est dépassée. »
Oui mais la machine infernale à casser l’école est lancée, qui l’arrêtera ?
L’auteure établit dans ce livre un diagnostic de situation et rappelle brièvement, simplement mais efficacement la « petite histoire des méthodes de lecture et des querelles à leur sujet ».
Si le simplisme est de mise chez certains commentateurs avides de « papier à sensation », les pédagogues et non « pédagogistes » ont réfléchi à la question, ont mené des recherches et surtout échangé sur la question avec des arguments sérieux et non avec des slogans creux et démagogiques.
La machine infernale est lancée, les politiques et notamment la droite se saisissent du sujet pour en remettre « une louche »…
Gilles de Robien, ministre de l’Education Nationale veut exister et faire oublier son silence assourdissant au moment de la « crise des banlieues ».
Sans réelle concertation, il publie sa fameuse circulaire « Apprendre à lire » le 3 janvier 2006 où il proscrit la méthode globale sans qu’il soit question de privilégier la « méthode syllabique » à proprement parler !
Le débat public, sérieux n’aura pas lieu.
Les parents auront été un peu plus déboussolés et le gouvernement qui se proclame républicain aura osé dicter sa conduite aux éditeurs !?
Comme le dit Laure Dumont, « la dernière fois que l’Etat s’est mêlé du contenu des manuels, c’était sous le gouvernement de Vichy. Un bien funeste antécédent ! »
Ce livre analyse clairement les enjeux du « débat » en cours et nous présente les valeurs que défendent les partisans des différentes méthodes de lecture ainsi que les différents courants et organisations qui mènent la danse.
Valière
Que cache la guerre
Des méthodes d’apprentissage
de la lecture ? »
de Laure Dumont
Editions Robert Laffont
186 pages
Août 2006
17 €
MYSTIFICATION PEDAGOGIQUE ET RECUPERATION POLITIQUE
On ne parle plus que de cela ou presque. Les médias ont trouvé là un sujet en or, certains n’hésitant pas à tricher ou à mener une grande campagne de mystification.
Qui a lancé le « débat » sur la place publique ? La chaîne publique de télévision France 2 semble avoir commencé à dégoupiller la grenade la première, ou presque, à l’occasion du journal télévisé de 20 heures, un certain 15 novembre 2006 au moment où l’insurrection dans les banlieues ne fait plus recette…
Comme d’habitude, le réel débat est occulté pour laisser place à une seule version, celle qui fait peur et qui s’appuie sur des chiffres fantaisistes :
«…la journaliste de conclure, sans fournir la moindre source, ni la moindre explication, que « 30% des enfants ne savent pas lire en entrant en sixième »…
Comme nous le montre dans son livre, Laure Dumont, la réalité est plus complexe : « … les élèves qui arrivent en sixième « sans savoir lire »- c'est-à-dire, comprenons-nous bien, purement et simplement illettrés- représentent 4 à 5% parmi les 11% qui éprouvent de grandes difficultés avec l’écrit. 5%...c’est six fois moins que le chiffre diffusé sur France2. » Mais qu’importe, la chaîne a fait de l’audience et donné le la puisque dès le lendemain de nombreux média reprendront l’information et le sujet pour le développer…
Le coupable de cet illettrisme est tout trouvé : la méthode globale de lecture, qui d’ailleurs est pratiquée par très peu d’instituteurs et professeurs d’école !
« … l’opposition globale : synthétique n’a plus lieu d’être, ce n’est ni l’enjeu ni le problème. Tous les chercheurs et les pédagogues sont d’accord là-dessus et s’emploient d’ailleurs à le dire sur tous les tons depuis maintenant un an, sans grand succès malheureusement : cette querelle est dépassée. »
Oui mais la machine infernale à casser l’école est lancée, qui l’arrêtera ?
L’auteure établit dans ce livre un diagnostic de situation et rappelle brièvement, simplement mais efficacement la « petite histoire des méthodes de lecture et des querelles à leur sujet ».
Si le simplisme est de mise chez certains commentateurs avides de « papier à sensation », les pédagogues et non « pédagogistes » ont réfléchi à la question, ont mené des recherches et surtout échangé sur la question avec des arguments sérieux et non avec des slogans creux et démagogiques.
La machine infernale est lancée, les politiques et notamment la droite se saisissent du sujet pour en remettre « une louche »…
Gilles de Robien, ministre de l’Education Nationale veut exister et faire oublier son silence assourdissant au moment de la « crise des banlieues ».
Sans réelle concertation, il publie sa fameuse circulaire « Apprendre à lire » le 3 janvier 2006 où il proscrit la méthode globale sans qu’il soit question de privilégier la « méthode syllabique » à proprement parler !
Le débat public, sérieux n’aura pas lieu.
Les parents auront été un peu plus déboussolés et le gouvernement qui se proclame républicain aura osé dicter sa conduite aux éditeurs !?
Comme le dit Laure Dumont, « la dernière fois que l’Etat s’est mêlé du contenu des manuels, c’était sous le gouvernement de Vichy. Un bien funeste antécédent ! »
Ce livre analyse clairement les enjeux du « débat » en cours et nous présente les valeurs que défendent les partisans des différentes méthodes de lecture ainsi que les différents courants et organisations qui mènent la danse.
Valière