Jean Jaurès

[Valiere]

[B]« Jean Jaurès
Laïcité et République sociale
1905-2005 : Centenaire de la loi
sur la séparation des Eglises et de l’Etat »
textes choisis et présentés par Gilles Candar
et introduction d’Antoine Casanova »
Collection la bibliothèque de l’Humanité
Editions : le cherche midi
Août 2005
225 pages
15 € « POUR LA LAIQUE »



L’introduction d’Antoine Casanova n’est pas qu’une clause de style. Il cerne en 42 pages les enjeux du combat laïque d’hier et d’aujourd’hui.
Ne faut-il pas faire reconnaître et rendre effectifs les « droits universels et inaliénables des êtres humains » !
Les femmes et les hommes ne doivent-ils pas, ensemble, au delà de leurs origines et de leurs croyances, agir pour : « la justice sociale, le droit international et la paix, la libération humaine. » !?
Il s’agissait, il y a un siècle et il s’agit encore aujourd’hui de lier le combat social au combat laïque.
Après cette mise en appétit, la plume est transmise à Gilles Candar qui nous offre des textes choisis écrits par Jean Jaurès qui fut l’un des artisans majeurs de la loi de séparation des églises et de l’Etat.
Que ce soit dans le cadre du débat parlementaire, vif et passionné ou dans le cadre de ses discours comme celui fait à Castres en 1904, le grand tribun socialiste n’énonce pas sa vérité, il argumente.
Jaurès était un partisan résolu et convaincant du monopole d’Etat de l’enseignement, combattu par d’autres partenaires comme la Ligue de l’Enseignement :
« Je suis convaincu qu’à la longue, après bien des résistances et des anathèmes, cette laïcité complète, loyale, de tout l’enseignement sera acceptée par tous les citoyens »...
Aurait-il pu prévoir ou même imaginer que ceux-là même qui étaient censés poursuivre son combat allaient alors qu’ils détenaient le pouvoir, maintenir, voire renforcer le dualisme scolaire en 1984 et par la suite !?
Mais revenons au livre...
Au moment où la droite cléricale, s’opposant frontalement aux républicains dont nombre de catholiques, mène une offensive contre les instituteurs, leur enseignement et leur choix en termes de manuels scolaires, Jean Jaurès ne se dérobe pas.
A la chambre, ces 21 et 24 janvier 1910, il prend position et prend quelques longueurs de temps sur son époque en se prononçant pour les droits de l’enfant et contre l’enfermement communautaire et obscurantiste :
« Je dis qu’il ne s’agit ni du droit de l’Etat, ni du droit des familles, mais qu’il y a un droit de l’enfant...
Proudhon, qui était un grand libéral en même temps qu’un grand socialiste, Proudhon l’a dit avec force : l’enfant a le droit d’être éclairé par tous les rayons qui viennent de tous les côtés de l’horizon, et la fonction de l’Etat , c’est d’empêcher l’interception d’une partie de ces rayons. »

Jean Jaurès en appelle à l’église catholique afin qu’elle se réconcilie avec la démocratie et le monde moderne en 1906 au moment où elle s’oppose à l’application de la loi votée le 9 décembre 1905 ...
Comme il y a un siècle, en ce début du troisième millénaire , les différentes « églises » en se dressant contre la laïcité risquent de trouver en travers de leur chemin, ceux et celles qui, croyants, agnostiques ou athées se prononcent pour une société plus juste et plus fraternelle.

Valière