Interview de la rumeur

Message par gipsy » 25 Oct 2005, 20:04

Je vous invite à lire avec intérêt ces deux interview du groupe de rap "la rumeur", notamment les analyses assez pertinente qu'ils ont du second tour en 2002, du national-socialisme, de la lutte des classes, des luttes ouvrières, des islamistes en algérie, de la françafrique.etc, etc. :sleep:

En lisant ça , je me dis: mince, maispourquoi donc ne les invitons nous pas à la fête de lutte ouvrière? :smile:

interview de 6 pages

interview de 2 pages
gipsy
 
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Message par gipsy » 25 Oct 2005, 20:13

(Zdanko @ mardi 25 octobre 2005 à 21:06 a écrit :
(gipsy @ mardi 25 octobre 2005 à 21:04 a écrit : Je vous invite à lire avec intérêt ces deux interview du groupe de rap "la rumeur", notamment les analyses assez pertinente qu'ils ont du second tour en 2002, du national-socialisme, de la lutte des classes, des luttes ouvrières, des islamistes en algérie, de la françafrique.etc, etc. :sleep:

En lisant ça , je me dis: mince, maispourquoi donc ne les invitons nous pas à la fête de lutte ouvrière? :smile:

interview de 6 pages

interview de 2 pages

Bof. Et ça.
a écrit :Y'a-t-il des partis ou des associations dans lesquels vous vous retrouvez ?

Ekoué : Oui, le MIB (Mouvement de l'Immigration et des Banlieues, ndlr), le Comité Contre la Double-Peine. On considère que ce sont les seuls qui abordent des problèmes tels que les meurtres en prison, les passages à tabac dans les commissariats, et bien évidemment la double-peine. Ce sont des gens qui sont issus des quartiers, et qui n'enferment pas justement la question prolétaire façon Laguiller ou LCR. Là en soi c'est archaïque, un prolétariat ouvrier des années 60, qui n'a pas évolué aujourd'hui. Le prolétariat c'est les quartiers, et ces associations s'inscrivent vraiment plus dans cette problématique là, à mon sens avec des moyens inappropriés, mais avec une grande conviction militante.

D'accord ils ne sont ni à LO, ni à la LCR. Mais lis tout et tu vas voir!
Sur la question dusecond tour et la "menace" Lepen.
Sur l'Irak
Sur le 17 octobre 61
Sur la lutte des travailleurs de Boulogne Billancourt
Sur le mouvement des femmes en Algérie, sur le FIS et le FLN.
Sur la CGT
...
...
gipsy
 
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Message par Gaby » 25 Oct 2005, 20:14

(Zdanko @ mardi 25 octobre 2005 à 21:06 a écrit : Bof. Et ça.
Ca on s'en fiche, personne n'ecoute la Rumeur comme on lit Marx...
On ne fait pas la fine bouche quand il s'agit d'ecouter de la musique, et avoir des artistes qui s'approchent de nos idees, c'est deja largement appreciable...
... Mais pas suffisant. Moi la Rumeur c'est musicalement que ca passe pas. Je peux pas trop y faire grand chose.

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Message par gipsy » 25 Oct 2005, 21:31

Quelques extraits

a écrit :Il y a cette mode depuis quelques temps dans les médias d'inviter des rappeurs pour "représenter" les quartiers, c'est quelque chose que vous accepteriez ?

Hamé : On ne nous aurait pas invités parce que notre point de vue c'était un point de vue abstentionniste, on n'aurait pas appelé au vote. Après c'est aussi une conception de la soi-disant démocratie dans laquelle on vit, qui est une démocratie de façade, un vernis démocratique... Et puis Le Pen ne pouvait pas passer. Chirac c'est le candidat des multinationales avant tout, le candidat du capital. Pour qu'un parti fasciste arrive au pouvoir, il faut qu'il y ait certains paramètres, des conditions historiques. Le fascisme correspond à des périodes historiques. D'une part à des crises sociales, politiques et économiques, très exacerbées, et d'autre part à une exacerbation très virulente des conflits sociaux de la lutte des classe. Hitler et Mussolini sont arrivés au pouvoir parce qu'effectivement la situation sociale, politique et économique du pays était catastrophique, mais aussi et surtout parce que quelque part dans les rangs des ouvriers ça rougissait. La ligne se rougissait. Y'avait l'URSS à côté, des îlots de révolution, des revendications de plus en plus radicales. Il y a une phrase du Che qui résume ça, et qui dit : "La démocratie parlementaire est le mode de domination que la bourgeoisie choisit quand elle n'a pas peur, le fascisme quand elle a peur". On s'inscrit dans ce genre d'analyse. Et fondamentalement la bourgeoisie n'a pas peur aujourd'hui de la masse et du bouillonnement d'en bas, contrairement aux années 60-70. On vit des temps très réactionnaires, donc un parti fasciste au pouvoir… Si ça avait arrangé les tenants de la thune, les véritables personnes qui ont le pouvoir dans ce pays, ceux qui ont l'argent, les gros capitaux, les Total Fina Elf, les Lagardère, les Dassault, les grosses multinationales françaises, si à un moment donné Le Pen pouvait mieux servir leur intérêts dans une situation donnée, que Chirac, Jospin ou autres, il serait arrivé au pouvoir. Et la situation n'était pas celle-là. Il y a aussi beaucoup de fantasmes autour de ça.


a écrit :Hamé, ton titre solo concerne la situation en Irak.

Hamé : C'est un titre écrit il y a deux mois à peu près, et qu'on va promotionner. On veut le faire parler. C'est notre modeste contribution à l'effort de résistance par rapport à l'Irak. Encore une fois on va effacer quelques centaines de milliers de personnes de la surface de la planète, ça ne va être que ça… On connaît les motivations, le pourquoi, le comment, et qui fait quoi dans cette histoire. Il ne faut pas avoir peur des mots, c'est une agression impérialiste digne des anciennes conquêtes coloniales, à la différence près qu'elle a encore plus de puissance, comme jamais on n'a pu le voir dans l'Histoire. Une puissance de feu, avec les armes, et une puissance de propagande. Maintenant on n'est pas dupe de la position de la France. On sait que ce ne sont pas des colombes, et le fin mot ce n'est pas de libérer le peuple irakien. On sait qu'il y a d'autres intérêts, c'est une histoire de gros sous, des concurrences acharnées entre les grandes puissances. On est d'accord pour se partager le gâteau mais on n'est pas d'accord sur la dose des parts. Si les Etats-Unis mettent la main sur l'Irak et placent un gouvernement fantoche comme ils ont fait en Afghanistan, ça ne veut peut-être pas dire qu'ils contrôleront tous les gisements pétroliers dans le monde, mais ils contrôleront tous les flux et les passages du pétrole du monde arabe. Et libre à eux plus tard de fermer le robinet à qui ils voudront. Ils ont déjà grave grappiller le morceau. Il y a aussi leur économie qui est en crise, il faut la relancer, et la relancer ça passe par l'industrie de l'armement. Toute l'économie dépend de l'industrie de l'armement et de l'industrie énergétique : la sidérurgie, les technologies, les services, la communication… Donc voilà, un morceau qui essaiera de répondre avec ses mots, avec son souffle, à ces pages de l'Histoire assez noires qu'on est en train de vivre.


a écrit :Hamé, tu fais dans Le cuir usé d'une valise cette évocation du "procès des agitateurs d'une usine embrasée"...

Hamé : C'est un petit peu pour redresser un tort, de l'image qu'on nous a très souvent présentée de nos parents, comme des personnes qui ont rasé les murs, courbé l'échine, qui n'ont surtout pas parlé, pas fait de vagues. C'est très loin d'être la vérité. Les franges immigrées de la classe ouvrière ont toujours fait partie des plus combatives. Renault-Billancourt dans les années 60-70 c'est 70% de main d'œuvre immigrée, et à l'époque on disait : "Quand Renault s'enrhume c'est toute la France qui éternue". Ca veut bien dire ce que ça veut dire. C'est un bastion ouvrier très combatif, et d'ailleurs c'est pour ça qu'on l'a liquidé rapidement, parce que c'était un pôle attractif de luttes, qui foutait trop la merde et freinait trop de choses par rapport aux réformes réactionnaires du gouvernement en place. C'est ce genre de bastion là qu'on a supprimés. Il y avait une présence très forte et très politisée des immigrés : Arméniens, Polonais, Italiens, Sénégalais, Algériens, Marocains, Chinois, Vietnamiens, Pakistanais, Hindous, … Ce visage là on nous le présente très rarement. C'était peut-être rappeler de manière un peu allusive qu'effectivement l'immigration, la déportation économique, l'exil, le déracinement, c'est beaucoup de douleurs. On a des exemples vivants dans nos familles. Une date de leur vie très difficile à vivre. Mais il n'y a pas que cette facette, il y a aussi des poings qui ont été brandis. Nos parents ont aussi pris le maquis. Moi je suis Algérien d'origine, et historiquement on sait ce qui s'est passé en Algérie. Au nom de quoi il ne faudrait retenir que certains épisodes ? C'est ce qu'on appelle la désinformation, du mensonge par omission. On va exacerber un aspect en occultant l'autre.


a écrit :Hamé, à la fin de Premier matin de novembre, tu parles de "mauvais bergers qui ont accordé leur violon au diapason du colon" ; il s'agit de la fraction du FLN qui est arrivée au pouvoir en 1962 ?

Hamé : Oui, cette bourgeoisie spéculative corrompue qu'on retrouve d'ailleurs dans tous les pays d'Afrique et du Tiers-Monde, les laquets de l'impérialisme dans leur propre pays, les pions aux bottes du quai d'Orsay, de Washington, de Berlin… Ces gens là ont en commun avec le pouvoir occidental de partager la même peur que ces brasiers renaissent. C'est assez révélateur. Le morceau se termine par l'extrait d'un film qui s'appelle Chroniques des années de braise, un film algérien de 1975, un peu prophétique. C'est dit en arabe mais ça veut dire en gros "Quand un peuple aspire à sa liberté, force aux chaînes de se briser". C'est une phrase que je trouve éloquente.





On ne parle presque plus de l'Algérie dans les media français...

Hamé : Juste des petites brèves vite fait… Je crois qu'en Algérie il y a deux trucs qui tuent plus qu'autre chose. D'une part la politique économique d'un gouvernement corrompu qui amasse et amasse, qui privatise, qui fait des appels d'offres à des grosses entreprises étrangères, et qui laisse son peuple croupir dans la misère. Elle ne produit plus rien et a complètement dépossédé ce pays de ses richesses naturelles et humaines, en les bradant à des intérêts privés étrangers. Et puis d'autre part la barbarie et la violence d'une fraction de cette bourgeoisie là, parce que moi je tends à dire que le FIS et le GIA sont des fractions des oppresseurs, qui utilisent une violence et une cruauté féodale, et qui poussent pour arriver au pouvoir. Ce sont essentiellement ces deux trucs là qui tuent le plus en Algérie.


Y'a-t-il des mouvements d'opposition conséquents en Algérie ?

Hamé : Ouais, très forts. Mais ça non plus on ne va pas l'exposer. Je sais que dans les années 96-97 il y a eu une des plus grandes mobilisations de femmes à Alger, il y a eu plus d'un million de personnes dans la rue pour réclamer la démocratisation du pays et obtenir des revendications progressistes, et il n'y a pas eu d'écho dans les media. Ca donne envie de les brûler, les media. Ca on n'en parle pas. Effectivement le sang qui coule, les villageois qui se font égorger, c'est peut-être sensationnel et ça fait partie de la réalité algérienne, mais s'il n'y avait pas ces résistances populaires là, l'Algérie serait encore plus à genoux, vraiment au fond. La situation n'est pas enviable, loin de là, mais ce serait encore pire sans ces résistances, ce contrepoids. Il est en recul, en perte de vitesse, et un peu isolé, mais il existe encore et il y a beaucoup de choses qui tiennent grâce à lui. Et puis il y a des convergences objectives entre l'oppression de l'Etat et les exactions du GIA ou du FIS. Un petit exemple, à Alger il y a une ligne de bus publique où il y a eu des attentats émanant d'extrêmistes. Par résistance, les conducteurs, les contrôleurs et tout le personnel ont continué à faire fonctionner cette ligne. Ca continuait, et par découragement beaucoup ont baissé les bras et cette ligne a fini par fermer. Et sur les cendres de cette ligne, il y a une ligne privée qui arrive, venant d'un constructeur européen suite à un appel d'offres, et il n'y a plus de bombes et elle est super-protégée… Il y a des convergences, ce n'est pas le GIA et le FIS d'un côté, c'est beaucoup plus imbriqué. Sous le gouvernement de Zeroual (Liamine Zeroual, président algérien de 1995 à 1999, ndlr) il y avait sept ministres du FIS, dont le ministre des privatisations. Ce ne sont pas les bons contre les méchants. Le clivage qui me semble le plus juste c'est le peuple contre les oppresseurs.


a écrit :Moi j'ai dix mille fois plus de respect pour un syndicaliste de la CGT, qui est traditionnellement ancré aux luttes et ancré au peuple, que pour les petites prostituées du rap.
gipsy
 
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