par Karib » 27 Fév 2005, 18:56
Je ne connaissais pas cette lettre du marin de Cronstadt sur les "youpins." Mon premier réflexe, c'est bien sûr : Méfiance. Les bolchéviks ont tellement calomnié les marins de Cronstadt, héros de la révolution, de l'aveu même de Lénine, tellement calomnié les insurgés ukrainiens et tous ceux qui se sont opposés à eux que je demande à deux fois avant d'ajouter foi à quoi que ce soit.
Mais admettons que ce texte soit authentique, que prouverait-il ? Que l'antisémitisme était largement répandu au sein de la classe ouvrière russe ? Belle découverte, en vérité ! Cela ne remet nullement en cause le magnifique élan des insurgés.
La révolte des marins de Cronstadt s'est faite sur le mot d'ordre, "tout le pouvoir aux soviets, pas au parti." Est-ce là un mot d'ordre contre-révolutionnaire ?
Quant à la remarque de Rojo...
Si l'on veut se crisper sur ce qui nous sépare, alors d'accord, allons-y. Libertaires et léninistes (au sens large dans les deux cas) nous ne manquons pas de sujets, et l'on pourrait très, très facilement en venir aux mains. Voire se tirer dessus, pour les plus enragés d'entre nous.
On peut aussi envisager les choses d'une autre façon.
Ne pas mettre les divergences sous le tapis, bien sûr, mais voir aussi ce qui nous est commun. Notre lutte au sein du prolétariat contre le capitalisme, pour l'abolition du patronat et du salariat.
Et d'un point de vue moins théorique, plus subjectif, une même haine pour le monde que nous fabrique le capital, un même rejet du bourrage de crâne, du racisme, de l'arrivisme, un même sens du collectif. Une culture de classe commune, etc. La liste est longue de ce qui nous rapproche, de ce qui fait que concrètement, dans les luttes de tous les jours aussi bien que dans les combats plus généraux, nous nous retrouvons au coude à coude.
Cela explique, comme je l'écrivais dans un mail personnel à l'un d'entre vous, que je consacre un peu de mon temps libre à venir discuter sur ce forum, alors même que le mouvement libertaire ne manque pas de lieux semblables où échanger des idées, des analyses, s'engueuler...
Mais il est vrai que sur la révolution russe, sur l'idée même d'un parti d'avant-garde, les divergences demeurent. Importantes. Même si je connais pas mal de trotskystes prêts à évoluer sur les analyses traditionnellement développés par ce courant. Et il y a aussi beaucoup d'anciens trotskystes qui ont rompu avec le léninisme et se sont rapprochés soit des libertaires, soit d'une vision communsite qu'on pourrait qualifier rapidement d'ultra-gauche.
Pour être honnête, il faut également ajouter que l'inverse est vrai : il y a aussi pas mal d'anciens libertaires passés chez les trotskystes.
Cette porosité devrait également permettre que le dialogue se poursuive, non ?