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Message Publié : 24 Nov 2004, 16:09
par Valiere
Septembre 2004, en Dordogne, deux inspecteurs du travail sont assassinés froidement par un exploitant agricole. L’assassin, ancien militaire, ancien patron d’assurance, chasseur, a tiré en visant bien droit dans l’abdomen de Daniel Buffiére, qui mourra plusieurs heures plus tard, et bien droit dans le dos de la jeune femme, Sylvie Trémouille, qui tentait de s’enfuir et sera tuée sur le coup. Le meurtrier tentera de se tirer une balle dans la mâchoire et se ratera.
C’est la première fois dans l’histoire de France et de l’inspection du travail qu’un tel crime a lieu contre des agents de contrôle désarmés dont la mission est de protéger les faibles, de faire respecter le droit du travail et des salariés, selon les lois de la République.
Un quasi-silence va accompagner ce double meurtre traité comme un fait divers par le Gouvernement suivi des médias. Il faudra des jours et des jours de « bataille » pour convaincre l’opinion, qu’il s’agit bien d’un fait de société qui ouvre la porte à une situation tragique durable pour le respect des droits des salariés. Après une lutte opiniâtre à contre-courant, le scandale éclate au grand jour: après 14 jours pour faire comprendre la portée exceptionnelle et gravissime de ce crime pour la République toute entière, les principaux médias finissent enfin par traiter le sujet.
Gérard Filoche est l’un de ces inspecteurs, qui, avec tous ses collègues, a contribué à abattre le mur de silence qui a bien failli étouffer l’affaire.
Pour autant, rien n’est réglé, la puissance publique n’en a pas tiré les conclusions, les droits des salariés sont plus que jamais menacés.
Ce livre pour que « plus jamais ça ».


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Message Publié : 27 Nov 2004, 22:26
par Valiere
J'ai presque fini le livre que je vous présenterai..C'est passionnant et édifiant...Filoche n'est pas du tout mauvais...
Il parle même de la LCR et de LO et de leur rôle positif dans la diffusion de l'information.

Message Publié : 28 Nov 2004, 14:45
par Valiere
LE SYNDICALIME ENSEIGNANT SOUFFLE SES 100 BOUGIES

Il y a un siècle, alors que va débuter le débat à l’assemblée nationale et au sénat autour du projet qui deviendra la loi du 9 décembre 1905 de séparation des églises et de l’Etat , des institutrices et instituteurs veulent à la fois s’affranchir de la tutelle de l’église et à la fois construire des syndicats adhérents aux bourses du travail créés par Fernand Pelloutier.
La fédération nationale des syndicats des instituteurs sera fondée en 1905.

Après la victoire des républicains en 1879, le gouvernement comprend qu’il lui faut obtenir le soutien des instituteurs dans les bourgades les plus reculées.
Les lois laïques et l’appel de Jules Ferry vont servir de stimulant.
De nombreux cercles pédagogiques et des amicales sont fondés ainsi que des associations d’anciens élèves d’écoles normales.
Des congrès pédagogiques nationaux placés sous l’égide de Jules Ferry sont convoqués.
Les instituteurs et les institutrices veulent bien se mobiliser pour défendre l’école publique, réfléchir sur leurs missions mais certains veulent aller plus loin et surtout s’affranchir de la tutelle administrative.
En 1887, une union des instituteurs et institutrices de la Seine est créée et les statuts d’un syndicat des instituteurs et institutrices de France sont déposés.
Mais une circulaire du ministre Spuller met fin à l’initiative.

Après l’affaire Dreyfus et les élections de 1898, de nombreuses associations d’instituteurs naissent, mais il ne s’agit là que d’amicales qui vont se réunir en congrès national en 1900.
Le gouvernement a besoin d’amicales fortes pour une mobilisation des instituteurs et directeurs d’école pour le soutenir dans son action en faveur d’une séparation de l’église et de l’état….
Les amicales peuvent être de bons outils au service du pouvoir à la seule condition, c’est qu’elles restent des forces supplétives. Devant l’apparition d’un courant fort d’indépendance, le gouvernement en arrive à refuser la tenue en 1902 d’un congrès des amicales, ce qui conduit certains instituteurs et institutrices à proposer de couper le cordon ombilical !
L’idée de syndicalisme trace son chemin dans les consciences. En 1903 une « association d’instituteurs adjoints » face à l’association de directeurs et contre l’opposition des amicales voit le jour à Paris.
Elle s’intitule « l’Emancipation »
Cette révolte des adjoints est très compréhensible, logés dans les établissements ils sont soumis à une surveillance constante des directeurs.
Certains règlements comme celui de cette école de cinq classes de Seine et Oise montrent qu’il s’agit bien là de la dictature de petits chefs :

Article 4 : « les maîtres doivent s’interdire les sorties trop fréquentes et les rentrées tardives »
Article 8 : « les jeudis et les dimanches ne sont jours de congés pour les adjoints qu’autant que le service ne les réclame pas : dans les cas assez rares où le Directeur aurait besoin de leur présence, il ne saurait admettre comme excuse les engagements pris ultérieurement par les intéressés »…. etc.… Il y a 68 articles dans ce règlement.

Les instituteurs et institutrices qui fondent l’émancipation dans de nombreux départements combattent le triple joug qu’ils subissent : celui de l’église, de la direction d’école et des potentats locaux ( Maires des communes).
La revue « l’émancipation de l’instituteur » organe mensuel de la Fédération Nationale des syndicats d’instituteurs qui tient son assemblée générale constitutive à Paris en 1905 est un bon outil de propagande.
Elle demande notamment la création d’un conseil des maîtres où le directeur n’ait pas voix prépondérante et s’élève contre la présence du directeur pendant l’inspection.

Le gouvernement républicain tout en défendant son projet de loi de séparation de l’église et de l’état refuse le droit syndical pour les instituteurs et institutrices qui en plus veulent adhérer aux bourses du travail, c’est à dire au syndicalisme ouvrier, à la CGT en construction.
Il lui faut à la fois donner des gages à ses opposants en domestiquant les instituteurs et à la fois obtenir le soutien des enseignants dans l’œuvre de séparation de l’église et de l’état !
La quadrature du cercle ! presque…
Mais ne suffit-il pas de s’appuyer sur les amicales et combattre les syndicats ?

Des poursuites sont engagées contre les syndicats d’instituteurs, ils n’ont comme « d’autres conséquences que de consacrer l’existence du syndicat » comme l’écrit l’émancipation.
Le 30 novembre 1905,un manifeste signé par 133 instituteurs syndicalistes réclame la reconnaissance syndicale et l’adhésion aux bourses du travail et à la CGT :
« Par leur origine, par la simplicité de leur vie, les instituteurs appartiennent au peuple. Ils lui appartiennent par les enfants du peuple qu’ils sont chargés d’enseigner. Nous instruisons les enfants du peuple le jour. Quoi de plus naturel que nous songions à nous retrouver avec les hommes du peuple, le soir. »

Des poursuites sont engagées contre les syndicats mais les syndicalistes résistent … Ils sont quelques milliers, certes mais combatifs et influents dans plusieurs départements.

Jean-François CHALOT

Message Publié : 28 Nov 2004, 17:19
par Valiere
1879 est la date de la consolidation de la république et tous les historiens républicains considèrent que cette proclamation de 70 n'est que formelle puisque la majorité est royaliste...Ce n'est pas une erreur c'est délibéré.

Message Publié : 28 Nov 2004, 17:29
par artza
70 ou 79 de toutes façons la république bourgeoise c'était déjà le passé.
Entre les deux il y eut la Commune annonce de l'avenir socialiste, écrasée par le front unique des républicains et des monarchos.

Valière je te fais une promesse si un jour je viens à siéger au Conseil de Paris je demanderais de débaptiser la rue et la station de métro 4 septembre.

Message Publié : 28 Nov 2004, 19:06
par branruz
d'un point de vue constitutionnel la III rep date de 1870 (proclamation) et 1875 (lois constitutionnelles)
mais politiquement les républicains ne sont majoritaires à l'Assemblée Nationale qu'en 1876 et ne prennent la présidence qu'en 1879 avec le départ du royaliste Mac Mahon

Message Publié : 28 Nov 2004, 19:15
par Gaby
(branruz @ dimanche 28 novembre 2004 à 19:06 a écrit : d'un point de vue constitutionnel la III rep date de 1870 (proclamation) et 1875 (lois constitutionnelles)
mais politiquement les républicains ne sont majoritaires à l'Assemblée Nationale qu'en 1876 et ne prennent la présidence qu'en 1879 avec le départ du royaliste Mac Mahon

Je ne sais pas si tu cherches à appuyer l'argument de Valière (à mon avis non) mais même ces petits jeux ne peuvent réviser l'histoire...

Mac Mahon était certes un légitimiste de conviction mais ca ne change rien au problème. La chute de Thiers a été la conséquence de son parti-pris pour une république conservatrice... et le choix de Mac Mahon se voulait être pour les monarchistes un président idéal pour une politique qui défende "l'ordre moral".
On peut le retourner dans tous les sens, le régime constitutionnel était la république depuis 1870 (avec l'élection de l'assemblée en février 71) et l'assassin de la Commune, Thiers, était un républicain accompagné de son bras-armé Mac Mahon et de son armée.

Message Publié : 28 Nov 2004, 19:18
par Barikad
(branruz @ dimanche 28 novembre 2004 à 19:06 a écrit : d'un point de vue constitutionnel la III rep date de 1870 (proclamation) et 1875 (lois constitutionnelles)
mais politiquement les républicains ne sont majoritaires à l'Assemblée Nationale qu'en 1876 et ne prennent la présidence qu'en 1879 avec le départ du royaliste Mac Mahon

Et tous ca change quoi quand à la nature de l'etat ? :blink:
Nous sommes bien d'accord que c'est d'un etat bourgeois dont nous parlons.
Qu'il y ait eu des hesitations sur la forme à lui donner, c'est possible (monarchie constitutionnelle ou republique). Mais dès 1870, c'est une republique qui est proclamée et qui va se consolider notemment sur le massacre des comunards.
Ces histoires de royalistes majoritaires, c'est une diversion, lorsque les "socialistes" sont majoritaires à l'assemblée, l'Etat change de nature pour devenir "socialiste" ? :hum: