Vous lisez quoi en ce moment ?

Message par Valiere » 03 Sep 2010, 08:39

« Celles qui attendent »
roman de Fatou Diome
Éditions Flammarion



Je me suis régalé il y a plusieurs années en lisant « le ventre de l'Atlantique » de Fatou Diome. Elle a su aborder avec un humour inégalé une question grave comme celle de l'immigration.
Aujourd'hui, elle récidive avec un nouveau roman et une nouvelle approche même si la problématique reste la même.
Encore une fois, l'auteure nous offre une œuvre soignée, truffée d'expressions imagées,: c'est un plaisir renouvelé page après page.
Bougna et Arame, deux femmes sénégalaises connaissent une vie difficile sur leur île
Elles s'inquiètent pour l'avenir de leur fils respectif et comme beaucoup de mères, rêvent du « paradis » européen....
Après beaucoup d'hésitations, l'idée venue se précise jusqu'à l'ultime formulation qui précède la décision définitive :
« Les mots avaient mûri en elle comme des chrysalides prêtes à livrer leur trésor. Les yeux dans les yeux de son amie, Bougna libéra les papillons qui battaient déjà des ailes dans la bouche. »
L'Europe paraît la terre promise et malgré les dangers d'une traversée de l'Atlantique en pirogue, ils sont nombreux à vouloir tenter leur chance. S'ils ne rencontrent pas la mort sur leur chemin, ils seront tout à tour exploités et chassés, victime d'un mirage entretenu et d'une politique irresponsable.
Si le colonialisme est et doit être dénoncé et combattu, il faut aussi-ce que fait bien l'auteure-pointer toutes les responsabilités et notamment celle des gouvernements « nationaux »
« l'ignorance est le premier obstacle à la démocratie » et cette ignorance entretenue permet à une clique au pouvoir de freiner le développement harmonieux du pays qu'elle gouverne.
Elle n'est pas tendre non plus avec la tolérance de certaine européenne : « Ses clichés sur la polygamie, la supposée grande famille solidaire, aggravaient sa berlue et la rassuraient, quand toutes les femmes du village ne souhaitaient que sa disparition » !

La vie continue, avec les amours, les secrets de famille et une soif de bonheur contrariée par un système archaïque faisant des femmes dès leur entrée dans l'adolescence des victimes, non maîtresses de leur destinée.
Ces deux femmes commettent certes des erreurs mais leur amitié réciproque et leur amour maternel sont des bras de levier puissants leur permettant de vaincre beaucoup de difficultés.
Valiere
 
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Message par Valiere » 09 Sep 2010, 07:15

« Il vous faudra nous tuer »
roman de Natacha Boussaa


Pourquoi Sébastien, jeune employé de banque timide s'est-il un jour défenestré ?
Léna, étudiante et hôtesse d'accueil l'avait à peine croisé dans l'immeuble où ils logeaient avec d'autres anonymes .
Paris est en ébullition, la capitale n'est pas seule...La jeunesse se mobilise en ce mois de mars 2006 contre le CPE.
Après les émeutes de novembre décembre 2005, c'est un autre mouvement qui débute.... Qu'y a t-il de commun entre ces deux événements ?
L'auteure plante le décor : déjeunes étudiants qui manifestent et d'autres jeunes issus des quartiers populaires qui profitent de l'occasion pour attaquer les flics et même les manifestants.
Serait ce l'expression d'une haine de classe ou de la désespérance ?
L'auteure ne jette pas la pierre à ces pauvres, ces sans grade encapichonnés, bien au contraire «  Qui leur reprochera d'avoir compris confusément, qu'il n'y aura jamais de salut pour le bas peuple dans aucun soulèvement populaire » !?
Le propos est quelque peu pessimiste .
Il dénote clairement l'état d'esprit d'une génération de nouveaux « militants » ou plutôt de jeunes radicalisés:
«  Ne sommes-nous pas le croisement dégénéré de la société de consommation avec la génération soixante-huitarde qui a trahi » !
L'auteure semble ignorer qu'en 68 , il s'est agi d'une crise pré révolutionnaire .
Si beaucoup des acteurs de ce mouvement ont servi après le régime honni, des milliers et milliers d'autres n'ont pas désarmé et continuent à combattre la société de classe.
Le récit est bien rythmé et le lecteur ne s'y ennuie pas même si la vision « catastrophiste », voire « nihiliste » de l'auteure est quelque peu irritante
Valiere
 
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Message par Valiere » 19 Sep 2010, 07:53

« Les dix femmes de l'industriel
Rauno Raëmekorpi »
livre d'Arto Paasilinna
collection folio

Encore une fois Arto Paasilinna nous offre une farce réjouissante... du plaisir, rien que du plaisir.
Dommage que ces romans mettent tant de temps à être traduits et publiés en français.

Qui a dit qu'à soixante ans on avait le pied dans la tombe et que les grands plaisirs sensuels de la vie
faisaient partie des MMS ( mes meilleurs souvenirs) ?
L'industriel du roman qui vient de fêter son anniversaire possède des capacités hors normes et c'est à la suite de plusieurs rapports accumulés qu'il prend un cachet de viagra !
Quelque peu « partageux » il décide d'aller offrir les bouquets reçus et des victuailles à quelques femmes méritantes, c'est ainsi qu'il va rendre visite à neuf femmes. 
Les élues sont de toutes les conditions et chacune possède un charme et des attraits insoupçonnés pour l'industriel rabelaisien, qu'elles aient trente ans ou même soixante dis ans.
L'une veut un enfant de lui, une autre ne l'avait jamais rencontré et une troisième, militante communiste se voit confier une place d'ingénieure....Elle n'est que soudeuse, certes, mais qu'importe:
les militants de cette trempe sont les plus aptes à occuper des places de responsabilité car « ils comprenaient les notions de coût et de résultat et connaissaient mieux les méthodes capitalistes que n'importe quel ingénieur débutant ou économiste novice. En Finlande on avait toujours surestimé la formation théorique. »
L'histoire est délirante et l'auteur n'hésite pas .... C'est ainsi qu'il nous fait part des réflexion de son héros qui, partant d'une étude américaine prouvant qu'une exécution hydraulique coûterait 32 % moins cher que n'importe quelle autre méthode employée , propose que l'on fasse des économies sur les frais d'enterrement:
« On avait constaté, lors d'expériences menées sur les animaux, que le cadavre d'un individu exécuté par compression tenait dans un porte document. »
Pris au premier degré, en dehors du contexte du « style » de l'auteur, le lecteur pourrait être scandalisé...Mais nous sommes ici emportés dans une histoire extravagante où l'humour reste le fil conducteur principal.
Valiere
 
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Message par Valiere » 20 Sep 2010, 08:09

« La tête en friche »
roman de Marie-Sabine Roger
Editions du Rouergue

Germain n'a pas inventé le fil à couper le beurre, il paraît un peu simplet dans ce grand corps.
L'éducation c'est aussi le produit de rencontres fortuites, de l'influence que le milieu exerce sur l'individu....rien n'est définitivement réglé même quand on a plus de quarante ans et une instruction des plus rudimentaires.
Germain rencontre un jour Marguerite, une grand mère de 86 ans.... Il finira très vite par adopter celle qui deviendra « sa »grand-mère.
Rien qu'en passant, l'auteure entre dans le vif du sujet, de celui dont on cause et qui permet à de nombreux professeurs d'arrondir leur mois de septembre en sortant eux aussi leur témoignage.
« Quand tu es petit, on t'envoie à l'école pour te gaver de force, comme on fait pour les oies ».
Le trait est sévère mais juste.
« Il y en a qui le font proprement, ils ont le doigté, la patience, tout ça... », et d'autres, moins nombreux, bien évidemment, « gobe ou crève !Ils te fourrent ça dans la tête sans aller vérifier où ça va se loger »!
Une tête laissée en friche peut se cultiver, il faut un peu d'engrais, de l'attention et du respect.
«  Il suffit de tomber sur un bon jardinier ».
Ce roman c'est la rencontre fortuite entre un homme un peu gâché par la vie et une vieille dame.
C'est l'échange de savoirs et d'amour qui va permettre de changer le héros en jardin potager.
Qui l'aurait cru ?
« Tenir à une grand-mère, c'est pas plus reposant que tomber amoureux »....Et que dire quand c'est une mémé d'adoption, qu'on a rencontrée sur le tard et qu'on veut garder et préserver !
Avant de commencer le premier chapitre, découvrez la quatrième de couverture, elle est originale.
Je suis d'ailleurs d'accord avec l'auteure, je ne lis jamais « ce qu'ils mettent au dos des romans »...sauf aujourd'hui car le texte est court, incisif et tellement « réaliste ».

Ce livre a été adapté à l'écran et Gérard Depardieu tient le rôle de Germain... Je n'ai pas encore vu le
film mais il est certain que l'acteur coqueluche des français est le meilleur choix possible.
Valiere
 
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Message par Valiere » 22 Sep 2010, 08:17

«Ne vous résignez jamais »
livre de Gisèle Halimi
collection pocket
Plon, éditeur

Elle a été de tous les combats et en 2010, à plus de 80 ans, elle reste disponible et mobilisée.
Chapeau bas!.
Tunisienne, issue d'un milieu très modeste, c'est sa condition et le machisme ambiant dans sa famille comme ailleurs qui très vite l'ont conduite à devenir féministe.
Si le féminisme est pour l'auteure , une grande révolution, ses sources et ses règles diffèrent des autres grands mouvements :
«  Premièrement, l'inégalité entre les sexes ne se confond pas avec l'inégalité entre les classes, même si cette dernière la renforce.
Deuxièmement, la cause des femmes exige, pour sa défense, l'élaboration d'une stratégie spécifique »
Au-delà du rappel des grands combats pour la contraception et la légalisation de l'avortement, ultime recours, Gisèle Halimi revient sur les faiblesses et contradictions du mouvement ouvrier et démocratique.
Députée, apparentée socialiste mais non inscrite, elle dut ferrailler très durement pour déposer des propositions de loi dès son élection en 1981.... peine perdue, elle eut même droit à un message de Joxe : « arrête tes simagrées »
Elle était peut être en avance sur les mentalités et aujourd'hui nombreuses de ses idées sont à l'ordre du jour et certaines sont devenues des articles de loi....
Il y a tant à faire.
La droite est inégalitaire et conservatrice alors que la gauche qui est par définition progressiste en arrive parfois à s'en tenir au service minimum.
Quant aux révolutionnaires, s'ils se sont montrés très souvent à la hauteur à propos du combat féministe, il est arrivé à quelques uns d'entre eux de perdre les pédales.
Lors du procès en 1974 de trois violeurs, des groupes gauchistes accusèrent l'avocate et ses amis « de vouer à la répression de pauvres hères, des immigrés, des chômeurs. »
La page est tournée ou presque : des « révolutionnaires » n'arrivent-ils pas à minimiser les agressions sexuelles qui ont lieu dans les cités pour ne pas stigmatiser une population ghettoïsée et exploitée !
Le livre est intéressant et même passionnant car l'auteure aborde de nombreuses questions d'actualité qui font débat comme les quotas, la prostitution féminine ou la procréation pour tiers...
A chaque fois, la femme militante démonte littéralement l'argumentation défendue par d'autres féministes.
J'ai trouvé son argumentation faible qu'une seule fois, quand au nom de l'égalité, elle s'est prononcée en faveur de la levée de l'interdiction du travail de nuit des femmes ( effective lors de la transposition en droit français d'une directive européenne par la loi du 25 avril 2001).
Je manque peut être d'objectivité !?

Alors que de vieilles militantes et de vieux militants s'empressent de donner des leçons aux nouvelles générations, Gisèle Halimi les invite à désigner elles-mêmes les nouveaux enjeux.
Valiere
 
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Message par Valiere » 22 Sep 2010, 08:17

là je m'arrête un peu pour ne pas monopoliser un fil.
Valiere
 
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Message par MC2 » 22 Sep 2010, 11:00

En ce moment, je lis "70 ans aprés l'assassinat de Léon Trostky" actualité de Léon Trotsky par la SELIO.

Je me le suis procuré par un militant du Courant Communiste Internationaliste (CCI) du POI.

petite précision, le CCI est membre de la Quatrième Internationale .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Quatri%C3%A8m..._International)

Cette brochure pour 4€ explique l'implication de léon trotsky dans Révolution Russe, pourquoi ses analyses sont toujours d'actualité.
Et démontre par l'histoire pourquoi ses analyse ce sont avéré juste.
MC2
 
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Message par Valiere » 23 Sep 2010, 21:32

voilà là des sympathies trotskistes très ouvertes : POI, LO et NPA !?
Valiere
 
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Message par MC2 » 24 Sep 2010, 17:25

Merci Valiere
MC2
 
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Message par com_71 » 25 Sep 2010, 00:14

(MC2 @ mercredi 22 septembre 2010 à 12:00 a écrit : membre de la Quatrième Internationale
46 sections =D>

:roll:
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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