par Louis » 04 Mars 2003, 22:09
Art et critique sociale : une peinture abstraite peut elle critiquer le capitalisme ?
Qu’est ce que c’est l’art ?
L’art, en tant que concept a une histoire et une place dans la vie de la société. Le terme esthétique lui meme est de création récente, vers la fin du 18° siècle. Ce n’est pas par hasard. Que ce questionnement surgit en plein cœur des lumières Le concept meme d’art dans par esemple l’esthétique de hégel a à l’origine une vocation finalement de condensation de la société civile de son temps et de remplacement d’une transcendance de nature religieuse par une transcendance laique : l’art est la religion de notre temps ! La limite de cette conception est naturellement que les artistes sont des hommes, insérés dans le tissus social, dans la société et dans les conflits qui la traversent ! Et donc que si cette vocation apologique traverse l’art, elle rentre aussi en contradiction avec la personnalité propre de l’artiste. Or l’art précisément ne peut exister jusque là sans artiste ! Ce n’est pas l’art en tant que telle, en tant que nécessité vitale qui produit une critique du monde, mais plutot l’artiste en tant que citoyen plongé dans ce monde là qui la produit sans que l’art en lui meme soit « critique » de la société qui l’accueille et le fait vivre
Bibliographie sur la conception de l’art jusqu'à la fin du XIX° siècle
Cours d'esthétique de Georg Wilhelm Friedrich Hegel
Petit Manuel d'inesthétique de Alain Badiou
Vie et mort de l'image de Régis Debray
Art et critique sociale
Cette critique n’est pas seulement individuelle Si l’artiste et son œuvre ont destin lié, c’est aussi que se créént des collectifs à la fois pour des raisons internes et externes a l’art. Si l’engagement est d’abord un choix individuel, il permet aussi le regroupement d’artistes autours de considérations esthétiques Durant le XX° siecle, ces regroupements se feront autour de la notion d’ « avant garde » qui est tout autant politique qu’artistique Il y aura souvent des regroupements entre ces deux poles pour le meilleur (les surréalistes et le trotskysme) et le pire (les liaison entre le fascisme et le futurisme italien) Or ces camps se regroupent aussi via des recherches formelles (recherches de formes pour les mouvements artistiques) Ces deux champs entrent en résonnance : le « réalisme sovietique » est un retour a l’ordre formel tout aussi artistique que politique
L’art et les industries culturelles : d’adorno a marcuse
Les industries culturelles (et en particulier la premiere d’entre elle le cinéma, maintenant remplacée par la télévision) vont progressivement investir les champs de la culture et de l’art
Les années trente ont vu s'opérer le passage de la culture au culturel, de la culture aux cultures, de la culture à la communication. Elles ont vu la mise en place d'un monologisme culturel dans le cadre de bricolages sociaux hétérogènes et de la généralisation du kitsch. Les pressions de la reterritorialisation (nationalismes, régionalismes, localismes), de la popularisation, de l'organisation, du spectacle, de la psychologisation des rapports sociaux ont entraîné une irruption nouvelle et singulière des masses. Cette conquete n’est pas sans conséquence sur ce qu’est l’art, obligé de se redéfinir L’art peut il etre une marchandise comme une autre ? La question se posait déjà dans les années 30. A cette époque on a vu l’irruption de ce que Adorno a appelé a l’époque « l’industrie culturelle » qu’il considérait comme un formidable apauvrissement des possibilités ouvertes par la culture Confronté au péril de la culture au risque de l’industrie, dans un premier temps l’art a accéléré sa mue pour se refuser au marché Mais bien sur le capitalisme ne l’a pas entendu de cette oreille et a tout fait pour pouvoir récupérer ce potentiel tout a fait important
Petite bibliographie
La dialectique de la raison adorno et horkeimer
Masses et culture de masse dans les années trente de Régine Robin
Université de tous les savoirs, volume 20 : L'Art et la Culture
Comment notre art est devenu abstrait : art et avant garde au 19° siècle
La question de la crise de la représentation classique en occident via un passage plus ou moins rapide par l’abstraction continue a poser probleme ! Depuis cette crise, de multiples retours a l’ordre ont impliqué une tentative desespérée de revenir en arriere, mais celui ci n’est tout bonnement pas possible En s’abstrayant de la représentation plus ou moins fidèle de la réalité, l’art en occident a réalisé un saut épistémologique dont on ne possede peut etre pas encore toutes les conséquences. Et tout autant qu’une problématique esthétique, il s’agit la d’une remise en cause de l’art en tant que tel, en tant que constitutif de valeurs « permanentes » de notre société ! Et au travers de cette remise en cause se trouve posé la question de la société elle meme Il ne s’agit plus pour l’art de « représenter » les signes d’un refus, mais de refuser radicalement une certaine facon de voir En posant sa pissotière a l’entrée du musée, Duchamp était aussi révolutionnaire que lénine, bien que les différences en soient toutes différentes
Bibliographie sommaire
La grande image n’a pas de forme ou du non objet par la peinture François jullien
L’art a l’état gazeux Yves michaud
Walter benjamin : « l’oeuvre d’art a l’ere de sa reproductabilité technique