(Vérié @ mardi 14 mars 2006 à 08:49 a écrit :Mais je me demande si ce succès n'est pas lié au côté écologique - gaspillage des ressources naturelles, risque de disparition des espèces etc -, à la mode chez les bobos genre "échange équitable", plutot qu'à un sentiment de solidarité sincère envers les travailleurs et les populations d'Afrique...
:blink:
En tout cas les gens avec qui j'en ai parlé s'en tapent, et ont surtout été marqués par les femmes forcées de se prostituer, les enfants livrés à eux-même, les conditions de travail ignobles, et la population qui crève de faim alors qu'il y a suffisamment de ressources en Tanzanie pour nourrir tout le monde.
Sauper a fait un choix.
Il a choisi de NE PAS évoquer la Tanzanie en long en large et en travers, à la manière d'un professeur déclinant sa leçon sur un tableau noir avec sa règle en bois.
Il explique que d'autres font ça très bien.
Son film c'est un point de vue, son point de vue. Alors il raconte une histoire, et avec ce parti pris de raconter une histoire il prend déjà le parti de faire une fiction, bien qu'il filme des gens réels.
La vie, elle, ne raconte pas d'histoire; elle arrive et elle s'en va.
Sauper nous fait partager le sort des protagonistes, sans jamais céder à la condescendance, ni à la pitié... l'empathie entre le réalisateur, la population et le spectateur est totale.
C'est une leçon d'humanité. :wub:
Il met le doigt sur les contradictions entre les possibilités économiques et leur utilisation par la société.
Et à travers sa caméra, le contraste entre l'un et l'autre crève les yeux.
La passivité du spectateur est interdite s'il veut comprendre quelque chose.
C'est encore une énorme différence avec les reportages de TF1 ou on vous sert la Tanzanie comme un Bigmac à emporter.
Là le spectateur est contraint d'assembler le puzzle de l'histoire lui-même. Quelque part Sauper amène le spectateur à l'action, et il explose ainsi le cadre d'un simple film.
Quant aux reproches sur les carcasses destinées aux animaux... c'est fait pour noyer le poisson.