(lavana @ dimanche 3 juillet 2011 à 06:55 a écrit : (Zelda @ samedi 2 juillet 2011 à 12:10 a écrit : Je défie quand même quiconque de me dire la propagande bourgeoise et l'édification des masses qu'il y aurait dans Docteur House, dans Damages et moins encore dans Breaking Bad... Pour parler de mes 3 séries fétiches de ces dernières années. Je pense qu'il n'y a pas spécialement d'idéologie dans ces 3 séries que j'ai vu de bout en bout, je pense que ce sont des divertissements gratuits, intelligents et de grande qualité.
Je n'ai que quelques rares épisodes de House. Pas d'idéologie ? Ca m'étonnerait.
La survie de l'Hôpital dépendait d'un don de plusieurs millions de dollars. Ou des financeurs vont voir ailleurs faisant jouer la concurrence entre hôpital.
C'est courant dans les séries médicales (on le sait tous) et c'est présenté comme un état naturel du système avec lequel il faut jouer (être plus malin pour attirer l'argent)
(...)
Et encore c'est un petit exemple sur un sujet que je connais mal…
Encore une fois il est amusant de noter que ceux qui ont le moins regardé de séries font les remarques les plus pertinentes. Pour certaines personnes il suffit de fumer pour se penser spécialiste de l'industrie du tabac. Mais pour percevoir l'idéologie, un sens politique développé est plus utile qu'une attitude de consommation frénétique.
Moyennant quoi, comme pour Dr no, ce que dit Lavana est tout à fait juste. D'ailleurs, dans cette période de la série on nous présente le "grand méchant financier" (point de vue individualiste et "dysfonctionnel" qui évacue toute remise en cause du système, encore une fois) comme une menace mais lorsque l'affaire tombe à l'eau (non pas par l'intermédiaire d'une lutte collective mais parce que quelques "justes" on su résister) on revient à la situation de base (où la clinique marche quand même selon une logique financière) et la tension dramatique disparaît comme s'il n'y avait plus de problème. Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire sur House MD (notamment son aspect essentialiste par sa référence constante à une "nature humaine").
Mais bon on ne va pas continuer à l'infini cette petite danse où les mêmes renvoient sans cesse la balle sans jamais produire le moindre effort (hormis l'effort de redaxe, vite interrompu), et où la charge de la preuve est toujours de notre côté (alors que nous avons pour nous l'intégralité des travaux de Bourdieu, chomsky, Herman et bien d'autres, comme d'ailleurs la plupart de la littérature anglo-saxonne sur les séries, qui entretient un rapport à ces productions beaucoup moins "adolescent" qu'en France, et sur ce forum). Certains, comme Bertrand, continuent de nous opposer à ceux "
qui regardent avec plaisir des séries à la télé", alors même que j'ai précisé à plusieurs reprises que je fais partie des amateurs. Qu'il semble difficile à certains de sortir de leurs idée préconçues. On le voit bien d'ailleurs avec l'exemple de Dr No. Qu'il soit un Stalinien "classique" qui puisse être évacué sans effort par quelques gloussements entendus, cela irait. Mais qu'il ait la prétention ne ne pas se réduire à une caricature et que la discussion demande un peu de travail et cela devient une attaque insupportable.
Mais nos "amis" ne sont pas à une contradiction près. Les mêmes qui s'offusquent qu'une analyse structurelle puisse permettre de déterminer a priori le contenu idéologique d'une production industrielle sans l'avoir regardée, prétendent juger du contenu des oeuvres évoquées par Dr No sans les avoir jamais vues. Ils nous reprochent en permanence de rester dans le vague et de ne pas donner d'exemples (tout en ignorant ceux que nous prenons le temps de leur fournir) mais se limitent eux-mêmes constamment à des déclarations de principe, voire des proclamations grandiloquentes ("je défie quiconque...") qui frôlent le grotesque.
Tout comme l'air de la dignité offensée (où n'importe quel propos qui déplait devient une "leçon de morale", une "insulte" ou une "volonté de polémiquer") parfois matinée de théories du complot (qui en dit long sur la composante psychologique des résistances) toutes ces réactions n'ont visiblement qu'un seul but : retarder le moment où l'on devra admettre qu'on a tort.
Bourdieu décrit assez bien dans La Distinction l'importance stratégique des gouts personnels, qui engagent pour les plus vaniteux d'entre nous notre capacité de discernement et donc notre honneur. Quand Granit dit «
foutez nous la paix », il exprime assez bien qu'il ne s'agit pas en effet de savoir si nous avons tort ou raison (et encore moins d'une prétendue volonté de "discussion") mais de préserver leur tranquillité d'esprit.