a écrit :"Ouais, j'suis d'accord avec toi", dit V.
Allongé, il regarda le ciel. "Y'a beaucoup trop de voyous dans ce bas monde qui dérangent les honnêtes gens comme toi et moi. Et si jamais t'as besoin d'un poing efficace, t'as qu'à me le faire savoir."
Il s'appuya à nouveau sur le coude. "Parce que je suis du genre à respecter ce que les gens croient, j't'assure. Quelque chose comme ta religion, c'est pas un truc dont on peut se débarrasser facilement si on en est sérieusement atteint. C'est comme le rhume ou la scarlatine, pas vrai ?" Il haussa la voix en voyant que P. allait répondre.
"C'que je voulais dire, c'est que certains sont atteints quand d'autres y échappent. Tiens, par exemple, j'avais un cousin à Slagelse qui avait chopé la scarlatine. Quand on lui a enlevé ses fringues, il ressemblait au drapeau danois. Et avant que la fièvre monte trop , je l'ai exposé pour les gosses de la rue. Cinq centimes par tête de pipe pour le voir, j'ai bien gagné ma journée. Je n'ai jamais eu la scarlatine moi même, c'est pas de bol. Parce que dans ce cas on peut se montrer et se faire du fric, pas vrai ? Et quand mon cousin a été quitte de sa fièvre, il m'a battu avec sa ceinture parce que moi je n'avais pas été contaminé"
Il se renversa, souriant à ce souvenir. "Nous avions gagné deux couronnes vingt en quelques heures et c'était beaucoup d'argent à cette époque là".
le missionaire P. resta longtemps à se débattre avec sa colère. Puis il poussa un long "ohhhhhh" et passa au pas de charge devant la rangée sur le banc, rentra dans la maison et s'agenouilla devant le tonneau d'eau pour demander conseil auprès de son divin guide.
a écrit :H. regarda en l'air. D'abord il vit le toit qui se levait lourdement, sans empressement. Ensuite, le tout fut doublé par le missionnaire P. qui, telle une fusée au nouvel an, fonça vers le ciel, les pans noirs de sa redingote battant comme des ailes. Après P. vint l'appareil de distillation, en morceaux, puis des petits bois des caises de dynamite, et pas mal de cailloux et de terre du sol.
V. qui, bizarrement, se réveilla à la détonation, sortit de sa couchette. Quand il ouvrit la porte il vit le Lieutenant H. au trot enlevé en direction des décombres du "Vrai shnaps d'Alborg".
"Doux Jésus petit H., sommes nous en guerre ?" Il enfila ses souliers de jonc et se traina vers les ruines.
Le Lieutenant H. secouait la tête, et quand V. fut sur place, H. lui montra le long corps privé d'âme du missionnaire.
"Il a enfoncé sa hache dans la dynamite gelée", lui expliqua H.
"Putain" V. regarda le Lieutenant d'un air interrogatif. "Pourquoi ?"
"J'avais mis les caisses sur la table et marqué EAU DE VIE sur les couvercles. Je trouvais que ça faisait mieux comme ça"
"Alors, si c'est ce que tu penses, j'suppose que c'est plus la peine d'en causer."
a écrit :Le pauvre vieux est venu me trouver souvent, par acquit de conscience, pour me rapporter des choses qu'il avait oubliées, ou bien d'autres qu'il s'était juré de ne jamais révéler.......
.....Quand tout a été terminé, je lui ai fait de l'ensemble une nouvelle lecture ; il a trouvé bien conforme à la vérité cette histoire de sa vie ; il a paru content.....
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