Je viens de revoir Esclave de l'amour, l'un des premiers films de Nikita Mikhalkov, daté de 1976.
Le film se passe lors du tournage d'un film muet en Crimée, alors que la guerre civile fait rage et que la révolution, victorieuse à Moscou, frappe à la porte dans le sud de la Russie. Et ce qu'il y a d'étonnant en effet, connaissant les idées de Mikhalkov (du moins celles qu'il professe aujourd'hui publiquement), c'est que dans l'opposition qu'il montre entre Rouges et Blancs, la sympathie penche clairement du côté de la révolution : celle-ci rallie non seulement l'opérateur du tournage (qui profite de son métier pour filmer clandestinement les exécutions sommaires d'ouvriers et de révolutionnaires, perpétrées par les soldats des armées blanches), mais également l'actrice principale du film muet (plus ou moins identifiée à l'actrice russe Vera Kholodnaya) après que le principal acteur a décidé de rester à Moscou plutôt que de rejoindre le tournage où il est attendu en zone blanche... Mikhalkov lui-même joue dans le film le rôle (secondaire) d'un militant bolchevik.
Bien sûr, et là c'est dans la veine de tout Mikhalkov, rien de tout cela ne se passe dans les milieux de la classe ouvrière, mais le film est vraiment à voir pour la façon dont la révolution vient bouleverser les relations dans les milieux privilégiés de l'ancienne Russie. Tout sauf une caricature... Un film vieilli dans la forme, sans doute, mais magnifique !