Vincere

Message par bennie » 25 Nov 2009, 20:13

J'ai vu un film dont la presse a fait l'éloge.

VINCERE (= vaincre, tiré d'un célèbre discour de Mussolini, et évoque le combat d'Ida)

Réalisé par Marco Bellocchio
Avec Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi, Fausto Russo Alesi

Long-métrage français, italien. Genre : Drame, Historique
Durée : 1h58 min Année de production : 2009
Distributeur : Ad Vitam


Synopsis : Dans la vie de Mussolini, il y a un lourd secret que l'histoire officielle ne raconte pas : une femme, Ida Dalser, et un enfant, Benito Albino - conçu, reconnu puis désavoué. Ida rencontre Mussolini de manière fugace à Trente et en est éblouie. Elle le retrouve à Milan où il est un ardent militant socialiste qui harangue les foules et dirige le quotidien l'Avanti. Ida croit en lui, en ses idées. Pour l'aider à financer le Popolo d'Italia, point de départ du futur parti fasciste,elle vend tous ses biens... Lorsque la guerre éclate, Benito Mussolini s'engage et disparaît de la vie de la jeune maman, qui découvrira avec stupeur qu'il est déjà marié avec une autre femme. Ida n'aura dès lors de cesse de revendiquer sa qualité d'épouse légitime et de mère du fils aîné de Mussolini, mais sera systématiquement éloignée de force et son enfant mis dans un institut. Pourtant, elle ne se rendra jamais et ne cessera de revendiquer haut et fort sa vérité.

En effet, Mussolini était un ardent socialiste avant 1914, mais deviendra un nationaliste forcené, on voit une scène de clash avac ses anciens camarades, puis son ascension fasciste.

le film ne permet pas de comprendre le fascisme, ce n'est pas le sujet, mais Ida a partagé les idées fascistes, elle est fasciste, et se bat pour retrouvé le père de son fils mais surtout le Duce, et sa place d'épouse officielle du Duce. Giovanna Mezzogiorno est éblouissante dans ce rôle.

Le film est entrecoupé d'images originales. Le film montre aussi le dictateur ( en vrai) signer officiellement avec le Pape pour le Vatican.

Le monde a aimé aussi.



a écrit :
Critique

"Vincere" : Benito Mussolini, en bourreau fasciste des coeurs

LE MONDE | 24.11.09 | 16h15  •  Mis à jour le 24.11.09 | 16h15



e nouveau film de Marco Bellocchio, qui fut bien avant Nanni Moretti l'enfant révolté du cinéma italien, est une oeuvre magistrale, un geste stylistique, poétique, politique d'une rare envergure.



L'histoire de Vincere, film en compétition au dernier Festival de Cannes (aucune récompense), qui ne paie a priori pas de mine, déterre un chapitre méconnu de la vie privée du dictateur italien Benito Mussolini (1883-1945). Lequel se révèle ni moins atroce ni moins délirant que les autres chapitres de la saga du Duce. Il s'agit de sa liaison avec Ida Dalser, une jeune femme éperdue d'amour qui sacrifia sa fortune à l'édification de la carrière politique du leader fasciste et qui enfanta, le 11 novembre 1915, son premier fils, Benito Albino.

Le noeud tragique de cette liaison, et partant du film de Bellocchio, est que Mussolini était déjà père d'une fillette à cette date, dont il épousa la mère, Rachele Guidi, le 17 décembre 1915, tirant un trait définitif sur Ida Dalser et son fils. Celle-ci refusa opiniâtrement de se soumettre à cette décision, arguant d'un mariage dont aucune trace ne put être retrouvée.

Devenu, en 1922, le maître de l'Italie, Mussolini fit détruire ou falsifier toutes les preuves de leur liaison, et finit par faire enfermer Ida Dalser à l'asile, en 1926, où elle mourut en 1937. Leur fils, d'abord séparé de sa mère, fut également interné dans un asile, où il mourut en 1942. Leurs corps furent jetés à la fosse commune.

Le cinéma de Bellocchio se confronte depuis ses débuts (Les Poings dans les poches, 1965) à l'aliénation de l'individu par les institutions sociales. Sa belle intuition est d'avoir pressenti que cette histoire offrait au cinéma l'angle de pénétration le plus incisif pour évoquer, dans ce qu'il a de plus abject, le phénomène fasciste. Le fascisme, non pas tant comme appareil de domination, mais comme passion fusionnelle, conquête des âmes, dévotion des coeurs, transport amoureux, jouissance érotique.

Ce parallèle entre l'effusion charnelle et l'adhésion politique trouve son expression à travers un constant va-et-vient entre l'histoire intime, reconstituée avec des acteurs remarquables (Giovanna Mezzogiorno et Filippo Timi), et des images d'archives qui témoignent, par leur mise en scène opératique (lyrisme furieux de la composition musicale de Carlo Crivelli, slogans futuristes barrant l'écran, transes collectives, etc.), du vent de folie et de carnage qui s'empare alors de l'Histoire.

Ce que ce procédé pourrait faire perdre au fil d'une narration déjà fragmentée (le film couvre une longue période entre la rencontre des amants, en 1907, et l'enfermement de Benito Albino, en 1936), Bellocchio le reconquiert par la force et l'intuition de sa vision poétique. Pénombre baignant les amants comme la scène inconsciente du fascisme en devenir, troupe d'aveugles marchant silencieusement dans la nuit, scène de duel sous un ciel de plomb enfumé par de sinistres hauts-fourneaux, caresse ensanglantée des amants, grilles de l'asile que la femme abandonnée et à demi-folle escaladera pour jeter au-dehors ses lettres d'amour au Duce, ses doléances au monde entier.

Non moins remarquable est la part prépondérante que Marco Bellocchio consacre au cinéma proprement dit dans cette tragédie, par le montage d'archives ou par le biais de scènes durant lesquelles les personnages assistent à une projection (au cinéma, à l'hôpital, à l'asile, etc.), qu'il s'agisse de bandes d'actualités ou de fictions contemporaines de l'action du film (Le Kid, de Chaplin, Octobre, d'Eisenstein...). Car c'est bien avec l'émergence du totalitarisme que les mécanismes spectaculaires du cinéma, son cadre plus grand que nature, son culte de la vedette, sa puissance d'identification et de fascination sont mis à profit par le politique afin de subjuguer les mêmes spectateurs.

Le coup de génie de Vincere - "Vaincre" en français, et qui fut un slogan du fascisme - est de faire se succéder ici deux incarnations de Mussolini : la première, au temps de l'idylle du couple, par l'acteur qui l'interprète, la seconde, au temps de la rupture, par le véritable Mussolini, tel qu'Ida le découvre, désormais inaccessible, sur les écrans de cinéma. Avec ce résultat paradoxal que l'acteur de la reconstitution y paraît plus réel, plus crédible que le navrant histrion des actualités de l'époque. Cette figure monstrueuse, grotesque, n'est pourtant rien d'autre que la projection sur écran du fantasme passionnel d'Ida. Pathétique héroïne de ce mauvais mélo, Ida Dalser est à ce titre une figure de l'Italie telle qu'elle a rêvé le fascisme, telle qu'elle l'a aimé pratiquement jusqu'au bout en victime consentante. Et si par hasard on se demandait encore en quoi ce constat intéresse notre époque, il faudrait prêter attention à la troisième incarnation de Mussolini que nous donne à voir Vincere : Filippo Timi, interprète de Mussolini, y incarne également son fils, Benito Albino, à l'âge adulte : un faible d'esprit écrasé par la main paternelle, qui joue de sa ressemblance pour produire des imitations farcesques du Duce. Cette tragédie rejouée en farce, ne serait-ce pas l'Italie d'aujourd'hui ?




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Film italien de Marco Bellocchio avec Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi. (2 h 08.)





Jacques Mandelbaum


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L'avis du "Monde"

EXCELLENT


Alors, ne vous privez pas d'un très bon film.
bennie
 
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Message par clavez » 25 Nov 2009, 23:01

j'ai beaucoup aimé aussi, bien que personne ne soit sympathique.


Le seul oubli, de taille, du film est le rôle proprement contre-révolutionnaire des fascistes dans l'immédiat après-guerre: le fascisme n'est pas qu'un nationalisme. Il est le capitalisme financier passant à l'action directe. enfin, ça, on le sait....
Dans le même genre d'idée, il est douteux de faire de Mussolini un genre de caractériel imbécile.
clavez
 
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Message par Crockette » 26 Nov 2009, 15:17

Bennie quand tu dis qu'il était un ardent socialiste c'est exagéré...

il a participé à deux trois manifs point barre...

il s'est jamais fait friter par des bandes de fascistes...comme cela est arrivé souvent à des vrais militants italiens de gauche. ou alors il s'est jamais fait incendier sa maison.
Crockette
 

Message par yannalan » 26 Nov 2009, 15:46

(Crockette @ jeudi 26 novembre 2009 à 14:17 a écrit : Bennie quand tu dis qu'il était un ardent socialiste c'est exagéré...

il a participé à deux trois manifs point barre...

il s'est jamais fait friter par des bandes de fascistes...comme cela est arrivé souvent à des vrais militants italiens de gauche. ou alors il s'est jamais fait incendier sa maison.
Ca aurait été difficile, c'est lui qui les a pratiquement fondés. Les socialistes, il a rompueavec eux en appelant à la guerre dès 14
yannalan
 
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Message par artza » 27 Nov 2009, 07:30

En 1914 Mussolini est depuis deux ans élu à la direction du PS. Depuis un an et demi directeur du quotidien du parti à Milan, L'Avanti!

Très populaire parmi les jeunes et la gauche du parti qui était en progression depuis 1910. En 1914 au congrès d'Acone on chasse la droite la plus ouvertement réformiste et les francs-maçons c'est dans ce mouvement général que Bordiga fonde le cercle Karl Marx et l'hebdo Il socialista à Naples qui jouera un rôle essentiel dans la formation de la gauche internationaliste pendant la guerre et la fondation du Parti communiste.

Pour son journal interventionniste aux côtés de la France Mussolini recevra des fonds des "services" français que Marcel Cachin se chargera de lui transmettre.
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Message par artza » 28 Nov 2009, 15:48

Ca c'est un film, des acteurs remarquables, musique, images, documents d'archives.

Pour le fond, là c'est plus léger.
Mussolini était un sale type à la ville comme...au lit.

On s'en doutait un peu, enfin peu importe. Si ça peut conforter quelques uns dans leur antifascisme, pourquoi pas.

Mussolini est montré comme il était un bouffon vaniteux, égocentrique et mégalo mais ça n'explique pas grand chose.
Tout les bouffons vaniteux mégalos ne deviennent pas dictateurs, par contre combien de dictateurs, même d'ordinaires politiciens ministres de la bourgeoisie le sont, les Giscard, les Mitterrand, Chirac et de plus comtemporains protégés par la loi.

Pour le cinéma c'est le cas de le dire on peut aller voir le film, pour apprendre sur le fascisme, il y a bien mieux ne serait-ce que l'hilarante Marche sur Rome de je ne sais plus qui. :33:
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Message par bennie » 29 Nov 2009, 00:45

Oui, il ne faut pas s'attendre à tout comprendre sur le fascisme avec ce film. mais c'est une très belle oeuvre, les acteurs sont impressionnants , l'histoire est très bien menée. Et puis, le spectateur est intéressé, attendri par le combat d'Ida Dalser, qui est au fond une personne répugnante.
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Message par artza » 29 Nov 2009, 07:02

(bennie @ dimanche 29 novembre 2009 à 00:45 a écrit : Ida Dalser, qui est au fond une personne répugnante.

Pourquoi?

C'est une femme amoureuse, délaissée et humiliée qui perd la boule.

Le film nous en dit d'ailleurs peu de chose, à part sa passion pour Mussolini.

On devine qu'elle est d'un milieu aisée, sans doute indépendante et non-conformiste et puis c'est tout.
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Message par bennie » 29 Nov 2009, 09:02

On voit tout de même une femme profondément fasciste, et son combat, c'est pas seulemen r etrouver le père de son père, masi sa place d'épouse légitime du duce!
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Message par pelon » 29 Nov 2009, 19:04

(artza @ samedi 28 novembre 2009 à 14:48 a écrit :

Pour le cinéma c'est le cas de le dire on peut aller voir le film, pour apprendre sur le fascisme, il y a bien mieux ne serait-ce que l'hilarante Marche sur Rome de je ne sais plus qui. :33:

L'excellent film "la marche sur Rome" est de Dino Risi. Les 2 compères joués par Gassman et Tognazzi qui voient la partie sociale du programme fasciste se réduire au fur et à mesure de la marche est un grand moment.
pelon
 
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