VINCERE (= vaincre, tiré d'un célèbre discour de Mussolini, et évoque le combat d'Ida)
Réalisé par Marco Bellocchio
Avec Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi, Fausto Russo Alesi
Long-métrage français, italien. Genre : Drame, Historique
Durée : 1h58 min Année de production : 2009
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis : Dans la vie de Mussolini, il y a un lourd secret que l'histoire officielle ne raconte pas : une femme, Ida Dalser, et un enfant, Benito Albino - conçu, reconnu puis désavoué. Ida rencontre Mussolini de manière fugace à Trente et en est éblouie. Elle le retrouve à Milan où il est un ardent militant socialiste qui harangue les foules et dirige le quotidien l'Avanti. Ida croit en lui, en ses idées. Pour l'aider à financer le Popolo d'Italia, point de départ du futur parti fasciste,elle vend tous ses biens... Lorsque la guerre éclate, Benito Mussolini s'engage et disparaît de la vie de la jeune maman, qui découvrira avec stupeur qu'il est déjà marié avec une autre femme. Ida n'aura dès lors de cesse de revendiquer sa qualité d'épouse légitime et de mère du fils aîné de Mussolini, mais sera systématiquement éloignée de force et son enfant mis dans un institut. Pourtant, elle ne se rendra jamais et ne cessera de revendiquer haut et fort sa vérité.
En effet, Mussolini était un ardent socialiste avant 1914, mais deviendra un nationaliste forcené, on voit une scène de clash avac ses anciens camarades, puis son ascension fasciste.
le film ne permet pas de comprendre le fascisme, ce n'est pas le sujet, mais Ida a partagé les idées fascistes, elle est fasciste, et se bat pour retrouvé le père de son fils mais surtout le Duce, et sa place d'épouse officielle du Duce. Giovanna Mezzogiorno est éblouissante dans ce rôle.
Le film est entrecoupé d'images originales. Le film montre aussi le dictateur ( en vrai) signer officiellement avec le Pape pour le Vatican.
Le monde a aimé aussi.
a écrit :
Critique
"Vincere" : Benito Mussolini, en bourreau fasciste des coeurs
LE MONDE | 24.11.09 | 16h15 • Mis à jour le 24.11.09 | 16h15
e nouveau film de Marco Bellocchio, qui fut bien avant Nanni Moretti l'enfant révolté du cinéma italien, est une oeuvre magistrale, un geste stylistique, poétique, politique d'une rare envergure.
L'histoire de Vincere, film en compétition au dernier Festival de Cannes (aucune récompense), qui ne paie a priori pas de mine, déterre un chapitre méconnu de la vie privée du dictateur italien Benito Mussolini (1883-1945). Lequel se révèle ni moins atroce ni moins délirant que les autres chapitres de la saga du Duce. Il s'agit de sa liaison avec Ida Dalser, une jeune femme éperdue d'amour qui sacrifia sa fortune à l'édification de la carrière politique du leader fasciste et qui enfanta, le 11 novembre 1915, son premier fils, Benito Albino.
Le noeud tragique de cette liaison, et partant du film de Bellocchio, est que Mussolini était déjà père d'une fillette à cette date, dont il épousa la mère, Rachele Guidi, le 17 décembre 1915, tirant un trait définitif sur Ida Dalser et son fils. Celle-ci refusa opiniâtrement de se soumettre à cette décision, arguant d'un mariage dont aucune trace ne put être retrouvée.
Devenu, en 1922, le maître de l'Italie, Mussolini fit détruire ou falsifier toutes les preuves de leur liaison, et finit par faire enfermer Ida Dalser à l'asile, en 1926, où elle mourut en 1937. Leur fils, d'abord séparé de sa mère, fut également interné dans un asile, où il mourut en 1942. Leurs corps furent jetés à la fosse commune.
Le cinéma de Bellocchio se confronte depuis ses débuts (Les Poings dans les poches, 1965) à l'aliénation de l'individu par les institutions sociales. Sa belle intuition est d'avoir pressenti que cette histoire offrait au cinéma l'angle de pénétration le plus incisif pour évoquer, dans ce qu'il a de plus abject, le phénomène fasciste. Le fascisme, non pas tant comme appareil de domination, mais comme passion fusionnelle, conquête des âmes, dévotion des coeurs, transport amoureux, jouissance érotique.
Ce parallèle entre l'effusion charnelle et l'adhésion politique trouve son expression à travers un constant va-et-vient entre l'histoire intime, reconstituée avec des acteurs remarquables (Giovanna Mezzogiorno et Filippo Timi), et des images d'archives qui témoignent, par leur mise en scène opératique (lyrisme furieux de la composition musicale de Carlo Crivelli, slogans futuristes barrant l'écran, transes collectives, etc.), du vent de folie et de carnage qui s'empare alors de l'Histoire.
Ce que ce procédé pourrait faire perdre au fil d'une narration déjà fragmentée (le film couvre une longue période entre la rencontre des amants, en 1907, et l'enfermement de Benito Albino, en 1936), Bellocchio le reconquiert par la force et l'intuition de sa vision poétique. Pénombre baignant les amants comme la scène inconsciente du fascisme en devenir, troupe d'aveugles marchant silencieusement dans la nuit, scène de duel sous un ciel de plomb enfumé par de sinistres hauts-fourneaux, caresse ensanglantée des amants, grilles de l'asile que la femme abandonnée et à demi-folle escaladera pour jeter au-dehors ses lettres d'amour au Duce, ses doléances au monde entier.
Non moins remarquable est la part prépondérante que Marco Bellocchio consacre au cinéma proprement dit dans cette tragédie, par le montage d'archives ou par le biais de scènes durant lesquelles les personnages assistent à une projection (au cinéma, à l'hôpital, à l'asile, etc.), qu'il s'agisse de bandes d'actualités ou de fictions contemporaines de l'action du film (Le Kid, de Chaplin, Octobre, d'Eisenstein...). Car c'est bien avec l'émergence du totalitarisme que les mécanismes spectaculaires du cinéma, son cadre plus grand que nature, son culte de la vedette, sa puissance d'identification et de fascination sont mis à profit par le politique afin de subjuguer les mêmes spectateurs.
Le coup de génie de Vincere - "Vaincre" en français, et qui fut un slogan du fascisme - est de faire se succéder ici deux incarnations de Mussolini : la première, au temps de l'idylle du couple, par l'acteur qui l'interprète, la seconde, au temps de la rupture, par le véritable Mussolini, tel qu'Ida le découvre, désormais inaccessible, sur les écrans de cinéma. Avec ce résultat paradoxal que l'acteur de la reconstitution y paraît plus réel, plus crédible que le navrant histrion des actualités de l'époque. Cette figure monstrueuse, grotesque, n'est pourtant rien d'autre que la projection sur écran du fantasme passionnel d'Ida. Pathétique héroïne de ce mauvais mélo, Ida Dalser est à ce titre une figure de l'Italie telle qu'elle a rêvé le fascisme, telle qu'elle l'a aimé pratiquement jusqu'au bout en victime consentante. Et si par hasard on se demandait encore en quoi ce constat intéresse notre époque, il faudrait prêter attention à la troisième incarnation de Mussolini que nous donne à voir Vincere : Filippo Timi, interprète de Mussolini, y incarne également son fils, Benito Albino, à l'âge adulte : un faible d'esprit écrasé par la main paternelle, qui joue de sa ressemblance pour produire des imitations farcesques du Duce. Cette tragédie rejouée en farce, ne serait-ce pas l'Italie d'aujourd'hui ?
--------------------------------------------------------------------------------
Film italien de Marco Bellocchio avec Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi. (2 h 08.)
Jacques Mandelbaum
--------------------------------------------------------------------------------
L'avis du "Monde"
EXCELLENT
Alors, ne vous privez pas d'un très bon film.