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Message par Louis » 24 Jan 2003, 19:42

Une femme et ses cinq enfants à la rue




Nous relayons les communiqués publiés successivement les 15 et 17 janvier par nos amis de l’APEIS (Association Pour l’Emploi, l’Information et la Solidarité), avant et après leur tentative de relogement "sauvage" de la famille Nimaga. Nous comptons sur vous pour apporter votre soutien à cette action aussi urgente qu’exemplaire.
"Vitry, le 15 janvier 2003. L’APEIS a décidé de réquisitionner dès demain un appartement. L’état de nécessité absolue de cette famille nous oblige à intervenir. Le froid se moque de la légalité.
Madame Nimaga et ses cinq enfants âgés de 11 mois à 7 ans sont SDF depuis le mois de juillet 2002. Cette famille a été expulsée sans relogement d’un squat qu’elle occupait depuis deux ans et demi à l’OPHLM de Vitry-sur-Seine.
Depuis cette date, cette femme et ses enfants errent de foyers d’urgence en chambres d’hôtel, permettant à certains hôteliers, véritables marchands de sommeil, de réaliser aujourd’hui de juteux bénéfices sur le dos des plus pauvres.
Dans ce genre d’endroit, une mère ne peut pas préparer un repas aux enfants, pas faire chauffer un biberon sans demander trop, sans paraître être trop exigeante; dans ce genre d’endroit, on peut jeter à la rue un 24 décembre au soir une mère avec sa marmaille, parce que les jeunes enfants font évidemment du bruit dans une chambre de 6 mètres carré. Dans ce genre d’endroit, on n’est rien.
Depuis le 24 décembre, où il nous aura fallu insister auprès du cabinet du secrétaire général de la Préfecture pour trouver un autre abri tout aussi précaire, Madame Nimaga et ses cinq enfants sont hébergés dans une structure de nuit, où rien n’est prévu pour l’accueil des jeunes enfants. A 9 heures le matin, elle conduit les plus âgés, toujours scolarisés, à l’école à Vitry, en maternelle et en primaire; ensuite, elle se retrouve dehors toute la journée et par tous les temps, par tous les froids, avec ses deux enfants en bas âge, et ce jusqu’à 16 heures, heure à laquelle elle récupère ses deux garçons scolarisés. Ensuite, elle doit rester dans la rue jusqu’à 19 heures, le foyer n’ouvrant qu’à cette heure.
Madame Nimaga a demandé un logement voici plusieurs années. Sans réponse, elle ne pouvait vivre à la rue, elle a squatté, et parce qu’elle a squatté elle a été expulsée, et parce qu’elle a été expulsée, elle ne figure plus sur aucune liste de demandeurs de logement. Parce qu’elle a été expulsée, certains travailleurs sociaux battent tous les records de lâcheté et de mauvaise foi en refusant de la recevoir. Parce qu’elle a été expulsée, qu’elle est femme isolée, qu’elle est pauvre et qu’elle est immigrée, elle semble vouée à la rue - comme des milliers d’autres.
La Préfecture nous a même signifié son incompétence en déclarant qu’elle "n’arrivait pas à se faire entendre auprès des différents bailleurs sociaux du département". Ainsi, une fois encore, nous vérifions que l’accès au logement social pour les plus en difficulté devient quasiment impossible sur Paris et la région parisienne: c’est inacceptable.
Le Préfet du Val-de-Marne doit réquisitionner un appartement pour cette famille. Il doit le réquisitionner parce que la plus âgée des enfants (7 ans et demi) souffre d’un handicap qui oblige Madame Nimaga à l’accompagner très régulièrement dans un institut médico-éducatif, "La Roseraie", à l’Hay-les-Roses. Il doit les loger parce que Moussa, qui a 4 ans, est atteint de saturnisme. Il doit les loger parce que, sinon, nous sommes tous coupables de non-assistance à personnes en danger.
L’APEIS exige: pas d’expulsion sans relogement, l’application immédiate de la loi de réquisition pour toutes les situations qui le justifient, une réunion d’urgence des différents services d’action sociale et des associations d’aide aux publics en difficulté sur l’accueil, le suivi et l’accès au logement social de ces publics notamment, les femmes seules avec enfants.
Intervenez par fax (01 49 56 64 10) ou par téléphone (01 49 56 60 00) auprès du préfet du Val-de-Marne afin que cette situation cesse, et que les questions que nous soulevons soient examinées et discutées.

Vitry, le 17 janvier 2003.
Une maman et ses cinq enfants, toujours à la rue!
Une maman et ses cinq enfants, toujours en danger!
Jeudi 16 janvier, six militants de l’APEIS ont investi un pavillon à Vitry-sur-Seine pour interpeller le Préfet sur la situation dramatique d’une maman et de ses cinq enfants âgés de 11 mois à 7 ans et demi qui sont sans domicile fixe depuis le mois de juillet 2002. Ils ont été interpellés quelques heures plus tard par des forces de police considérables et démesurées; plusieurs dizaines de policiers pour quelques militants qui refusent qu’une femme et ses cinq enfants restent à la rue, traités pire que des animaux.
Près de trois heures plus tard, fin de la garde à vue, plainte contre l’association et ses militants, mais pas de nouvelles du Préfet et de son cabinet, qui préfèrent apparemment l’ordre et la défense de la propriété privée aux individus, fussent-ils en grand danger – parce que le pire peut arriver, et les uns et les autres verseront alors de grosses larmes... de crocodile devant les journaux télévisés qui annonceront la triste nouvelle comme une fatalité.
Pour la soixantaine de femmes et d’hommes qui sont venus devant le commissariat soutenir l’action de l’APEIS et exiger la libération des six militants, les choses sont claires et nettes, ils l’ont annoncé: ils sont prêts à s’investir encore plus directement pour ne pas accepter l’inacceptable.
Il n’en reste pas moins que la situation de Mme Nimaga n’est toujours pas réglée. Elle est toujours obligée de tourner toute la journée avec ses deux enfants non scolarisés en attendant de regagner son hébergement à 19 heures.
Il n’en reste pas moins qu’elle est condamnée à errer d’hôtels sordides en foyers d’urgence, à la merci des marchands de sommeil.
Il n’en reste pas moins qu’elle n’a pas la possibilité de pouvoir préparer des repas chauds à ses enfants.
Monsieur le Préfet du Val-de-Marne doit accepter une table ronde, pour trouver de toute urgence une solution digne et décente pour Mme Nimaga, et prendre l’initiative d’une réunion avec l’ensemble des partenaires institutionnels, des associations de défense des plus démunis (dont l’APEIS), les organisations caritatives sur le suivi et l’accompagnement des personnes les plus en difficulté et les conditions d’accueil d’urgence, ainsi que leur accès au logement, notamment pour des femmes isolées avec enfants.
L’APEIS et ses militants appellent au soutien actif de tous et de chacun, car nous sommes tous concernés par la maltraitance qui est faite à Mme Nimaga, à Nakela (7 ans et demi), Mamadou (6 ans), Moussa (4 ans et demi), Sikilé (2 ans), et Hawa (11 mois).
Sans égalité, pas de cohésion de la société. Plutôt que d’envoyer les forces de répression encadrer la pauvreté et justifier le moins social dans nos quartiers, le gouvernement doit permettre à tous de vivre dans des conditions décentes.
L’APEIS ne lâchera pas l’affaire. Si nous y sommes contraints par le refus du Préfet de nous recevoir et surtout de régler la situation de Mme Nimaga et des cinq bambins, nous recommencerons!
Si vous voulez nous soutenir, vous pouvez adresser vos fax au 01 45 73 25 61 ou vos e-mails à l’adresse: "
L’APEIS a déjà reçu le soutien des organisations suivantes: Agir ensemble contre le chômage (AC!), ATMF, Droit au logement, Droits Devant!!, FASTI, Marches Européennes contre le Chômage, Mouvement Spontané.
Voir aussi: "Nous ne sommes pas en trop, nous sommes en plus", avec l'APEIS et Ne Pas Plier (mars 2001)
Louis
 
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Message par Louis » 31 Jan 2003, 18:11

Pour que les "sans" ne soient plus la cinquième roue du char de l'altermondialisation

Nous vous proposons un texte rédigé par un petit groupe de militants et de journalistes - dont nous sommes - à l'initiative du philosophe Miguel Benasayag. S'il vous intéresse, n'hésitez pas à le faire circuler et à y réagir!

La crise structurelle que vivent nos sociétés, bien qu’elle prenne des formes différentes dans les pays du Nord et du Sud, a partout le même sens: il n’est raisonnablement plus possible de croire au développement qu’incarnent les pays du Nord et vers lequel tendent ceux du Sud. Ce modèle productiviste, on s’en rend compte aujourd’hui, n’est ni extensible, ni même viable. Il ne fonctionne pas. C’est pourquoi nos sociétés – qui comportent des zones de "Nord" au Sud, et des zones de "Sud" au Nord – sont des sociétés excluantes et centrifuges. Elles ne peuvent s’offrir le luxe d’"inclure" tout le monde dans leur modèle dominant de consommation. Elles ne peuvent pas ne pas exclure; ce sont des sociétés du délestage.
On voit aujourd’hui se développer une sociologie des "exclus", des "sans": sans papiers, sans travail, sans logement, sans accès à la santé, à l’éducation, à la culture, sans droit à la différence (le handicap, par exemple)… Tous ceux qui sont "sans", c’est-à-dire des millions et des millions d’êtres humains, puisque la moitié de l’humanité vit avec moins de deux dollars par jour, ne se définissent donc pas par rapport à ce qu’ils sont, mais par rapport à ce qu’ils n’ont pas, par rapport à ce qu’ils ne sont pas. Petit à petit, celui qui n’a pas devient celui qui n’est pas: il est ce qu’il n’a pas, ce qui suggère que la privation en fait un être humain diminué. Par un tour de passe-passe, elle devient l’essence de son être, sa définition. Cela conduit à une société de l’étiquetage, où l’étiquette supplante l’homme. Etre, c’est avoir. Nous partons d’un principe fondamental: dans notre société, il n’y a pas d’exclus; tout le monde est inclus, mais en des lieux différents. Celui qui est dans le besoin, celui qui va mal, qui n’a droit à rien, n’est pas exclu: il occupe la place qui est la sienne dans une société injuste.
Non seulement les "sans" ne sont pas exclus, mais ils sont l’élément sur lequel reposent nos sociétés, car ils sont identifiés comme une source d’insécurité. Ils sont le ciment d’une société sans ciment. Privés d’accès aux soins, ils inquiètent les intérêts des bien portants et du système de santé; squatters ou privés de terres à cultiver, ils inquiètent les propriétaires; privés de papiers, ils inquiètent les nationaux; privés des biens élémentaires, ils inquiètent ceux qui en disposent; privés de travail, ils inquiètent ceux qui en disposent et servent d’arme de chantage pour imposer la précarité à tous les salariés. Les "sans" assument cette fonction sociale qui est d’incarner l’insécurité, cette insécurité absolument nécessaire pour maintenir notre société de discipline et d’isolement. Ils offrent l’image de ce qu’il ne faut devenir à aucun prix, justifiant une barbarie quotidienne, l’écrasement du voisin, l’acceptation d’un modèle de société qui menace toute l’humanité. L’insécurité isole les différentes familles d’un même immeuble, les habitants d’un même pays, isole les pays les uns des autres… Elle est un modèle de domination qui a cours aussi bien en macropolitique que dans les vies individuelles. Ce terme est utilisé à propos de tout, sauf à propos des grandes sources d’insécurité réelle. Par ailleurs, se croire un "inclus", un "avec", relève d’une illusion: l’immense majorité des "inclus", même très haut placés, ne vit que sous la menace de l’exclusion. Inclusion et exclusion sont les deux faces d’une seule et même médaille, celle d’une société disciplinaire. Accepter qu’il y ait des exclus et des inclus implique d’accepter cette société disciplinaire.

La lutte des "sans" a marqué les esprits ces dix dernières années, mais elle reste aux yeux de la plupart des gens, y compris des principaux intéressés, motivée uniquement par le désespoir et par les nécessités de la survie. Or, notre hypothèse est que les "sans" sont porteurs de bien plus que d’une simple lutte catégorielle. Nous sommes à un moment charnière où ils débordent de la simple lutte pour la survie, sans toutefois être encore de nouveaux sujets sociaux – c’est-à-dire sans cesser d’être des objets de sociologie pour devenir eux-mêmes des sujets; sans cesser d’être ceux que l’on regarde pour devenir ceux qui regardent la société, qui la pensent, qui l’interpellent. Tout le monde se rend compte que la lutte des squatters, des sans terres, des sans papiers, est porteuse de quelque chose qui interpelle l’ordre injuste de notre monde; et pourtant, ses protagonistes, mal représentés dans les instances contestataires internationales, n’arrivent pas encore à être une multiplicité de sujets sociaux. Ils n’ont pas conscience de leur légitimité à l’être, et n’apparaissent pas non plus aux yeux des autres, au-delà de la sympathie qu’ils peuvent susciter, comme des acteurs sérieux, porteurs de nouvelles formes de sociabilités et constructeurs de mondes meilleurs. Or il faut faire en sorte que la société et ses problèmes se pensent depuis de véritables laboratoires, qui produisent depuis la marge ce qui est insoluble depuis le centre. Le capitalisme est en roue libre, et son hégémonie repose sur des fondations bien trop profondes pour qu’on puisse la réduire à un affrontement entre salauds et gentils. La réalité actuelle, si injuste et détestable qu’elle soit, a des raisons d’être ce qu’elle est, et il faut s’atteler à comprendre ces raisons. Le changement ne relève pas d’un "il n’y a qu’à", mais nécessite au contraire une sérieuse production de pensée. Ce travail ne pourra venir que des "sans" et de leurs amis.

Pourquoi les "sans" peuvent-ils devenir de nouveaux sujets sociaux? Parce que, à un moment donné, ils cessent de s’accrocher à l’espoir. Voilà le point où ça pivote: quand, tout à coup, on perd aussi l’espoir, qui n’est à nos yeux qu’un mécanisme de dévitalisation du présent. On pourrait croire que, sans espoir, c’est encore pire; mais cela signifie au contraire que les gens, en prenant conscience qu’ils doivent développer leur propre puissance, leur propre liberté, pour créer de nouvelles conditions de vie, éprouvent et expérimentent quelque chose dont le reste de la société est privé. Dans un monde dominé par l’impuissance, par l’incapacité à influer sur son devenir, les "sans" exercent un nouveau type de protagonisme, qui ne reste pas au niveau des souhaits. Alors qu’au centre, des millions de personnes, de façon abstraite, souhaitent le changement, eux, dans les marges, sont dans des pratiques de changement. Et c’est cela qui est déterminant.
Nous partons en effet de l’hypothèse que, malgré le développement d’un mouvement contestataire, pour le moment, et peut-être pour longtemps, un changement de modèle de société, un changement d’hégémonie, est improbable. Rien ne se dégage qui nous permette de dire: le monde va s’ordonner sur des bases différentes. Souhaiter ce changement, si fort que ce soit, ne suffit pas à le rendre réalisable. Il n’y a pas de révolution en vue, ni même de réforme, puisque, le modèle n’étant pas extensible, il faudra toujours déshabiller les uns pour habiller les autres – si du moins ces derniers veulent être habillés comme les autres. Quoiqu’il en soit, nous estimons que la possibilité ou non d’un changement d’hégémonie n’est pas notre problème. Souhaiter l’avènement d’une autre situation, qui se substituerait purement et simplement à celle qui est à la nôtre, ce serait céder à une illusion, et se condamner à l’impuissance. La seule chose que nous puissions faire, c’est développer et cultiver des pratiques de changement.

A une époque confrontée à la raréfaction de l’eau, à une disparition de 50% des espèces, à la fonte des glaces, à la dégradation de l’atmosphère, à des pollutions installées pour des millénaires, la seule résistance réelle, la seule subversion, est de désirer autrement. Si les gens continuent à se lever le matin – ou à ne pas se lever, d’ailleurs – pour les mêmes raisons qu’aujourd’hui, nous courons à la catastrophe. Comment désirer autrement? Les "sans" ont des réponses à cette question. Une majorité d’entre eux continuent à désirer être des "avec", à désirer là où on leur dit de désirer, et, de ce fait, ils restent des objets sociaux. Ils restent à la place où le système les veut. Ils restent dans l’illusion qu’ils sont des exclus et qu’ils pourraient être des inclus. Mais par ailleurs, en Amérique du Sud, en Italie, à certains endroits en France, de façon minoritaire mais très intéressante, on voit se dessiner des lignes de fuite: un certain nombre de "sans" se mettent à désirer autrement.

Au lieu de s’accrocher au rêve de la consommation, ils construisent des foyers de solidarité. Partout dans le monde, de façon frappante, des gens disent: "Nous avons cherché des moyens de survie, et nous avons trouvé une forme de vie supérieure."
Nous sommes convaincus qu’il existe chez eux, à condition qu’ils deviennent des sujets, un contenu universel qui dépasse largement leurs revendications concrètes. Un autre élément subversif de leur combat est qu’ils assument le fait d’être sans utilité économique, et d’avoir pourtant droit à la vie. Dans leurs pratiques, ils revendiquent la profonde nature humaine, qui n’a pas à être utile: l’homme n’est pas un outil de production. Le revenu vital n’a pas à être déguisé en salaire.
Cette déclaration se veut un simple point de réflexion entre les "sans", pour eux, et pour la société. Elle a pour but une mise à jour de la réflexion, et ne vise surtout pas à créer une coordination – ni même forcément des liens durables. Il ne s’agit surtout pas de formater ou de diriger les mouvements, de tenter d’instaurer une centralité qui serait catastrophique, mais seulement de se rassembler à quelques occasions, de façon éphémère, pour mettre en circulation quelques réflexions communes et les offrir à la multiplicité. Se rassembler, puis s’éparpiller à nouveau pour se rassembler avec d’autres, ou pour se retrouver plus tard, ailleurs, permettrait d’éviter à la fois l’écueil de la dispersion et celui du formatage.



Florence Aubenas (journaliste), Gérard Barrero (militant No Vox), Miguel Benasayag (philosophe, psychanalyste), Carmen Castillo (cinéaste), Mona Chollet (journaliste), Jean-Baptiste Eyraud (militant Droit au logement et No Vox), Thomas Lemahieu (journaliste), Laurent Lévy (avocat), Annie Pourre (militante Droits devant!!), Malika Zediri (militante associative contre les précarités).
Voir aussi dans Périphéries: "Nous ne sommes pas en trop, nous sommes en plus", avec l'APEIS et Ne Pas Plier (mars 2001)
Louis
 
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