Byrrh a écrit :Le film sera suivi, à 22h55, d'un documentaire sur Jean-Pierre Léaud...
22h25, pardon.
Byrrh a écrit :Le film sera suivi, à 22h55, d'un documentaire sur Jean-Pierre Léaud...
Ce téléfilm consacré à Olympe de Gouges est une première. De prime abord, la proposition est séduisante. Elle se révèle bien décevante, sur le fond comme sur la forme. [Olympe, une femme dans la révolution, France 2, 3 février 2025, 21 h 10]
Tout commence en juillet 1793, dans les rues étroites du Paris populaire. Olympe de Gouges (interprétée par Julie Gayet, également coréalisatrice du film) se rend d’un pas précipité chez son imprimeur, avec en fond sonore la déclamation du préambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Soudain, elle lève les yeux et pose son regard sur une affiche qui annonce l’exécution de son amie Charlotte Corday, coupable d’avoir assassiné Marat. Le décor est posé : l’action se déroule pendant la Terreur. Un téléspectateur averti sur cette période de l’histoire peut déjà craindre le pire et sur ce point il ne sera malheureusement pas déçu.
Olympe de Gouges est arrêtée quelques heures après avoir imprimé son placard « les Trois urnes ». Le reste du film, à partir de son incarcération jusqu’à son exécution, est rythmé par des flash-back qui ne permettent que d’effleurer trop brièvement la vie, la densité de l’œuvre et les combats de Marie Gouze – de son vrai nom. Se concentrer sur cela pour le premier biopic consacré à cette figure aurait peut-être été plus judicieux, d’autant plus que le film pêche sur le fond historique et surtout politique.
Un récit totalement dépolitisé
À la fin, on ne sait plus bien si Olympe de Gouges a été exécutée parce qu’elle était femme et qu’elle défendait les personnes de son sexe ou bien justement parce que dans son placard « les Trois urnes » elle appelait à un référendum évoquant la possibilité de choisir à nouveau la monarchie.
Le téléfilm met ainsi surtout en scène une dualité largement fictionnalisée avec Robespierre. Dans la réalité, Olympe de Gouges l’a attaqué régulièrement par écrit. Dans le film, elle fait irruption à plusieurs reprises au Club des Jacobins, quand bien même les femmes n’y avaient justement pas droit de cité ! Leur adversité est par ailleurs « totalement dépolitisée, puisqu’elle ne restitue pas les prises de position girondines de la républicaine opposée donc au montagnard », souligne l’historienne Mathilde Larrère. « Nous sommes dans la caricature classique de Robespierre dictateur et de la révolution qui mange les enfants. »
Rendre hommage à Olympe de Gouges est essentiel, personne ne dira le contraire. Elle est une figure majeure de l’histoire des femmes et du féminisme. Mais c’est aussi un choix consensuel qui tend à invisibiliser les autres. « Si Olympe de Gouges est autant valorisée, même par un Stéphane Bern ou un Michel Onfray, c’est parce qu’elle est plutôt lisse : elle fait partie de la bourgeoisie moyenne, insérée dans les milieux libéraux, favorable à ses débuts au suffrage censitaire. Elle dérange moins que les figures révolutionnaires et républicaines », analyse Mathilde Larrère.
« Des femmes du peuple comme Pauline Léon et Claire Lacombe étaient beaucoup plus radicales dans leurs revendications féministes et sociales et elles ne sont jamais représentées. » Dans le film, aux côtés d’Olympe de Gouges, seules deux femmes apparaissent : Madame Roland et Charlotte Corday. Le tout a pour effet de ne pas en apprendre assez sur Olympe de Gouges et de donner une image très négative de la Révolution française.
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