Magdalena Sisters

[berni]

Le mercredi 13 novembre 2002

The Magdalene sisters remporte un succès douloureux en Irlande



Le film The Magdalene Sisters, Lion d'or au festival de Venise 2002, qui met en scène des jeunes filles maltraitées par des religieuses dans un couvent irlandais des années 60,
bat des records d'entrées en Irlande où il ressuscite des spectres douloureux.

Inspiré de faits réels, ce film, dénoncé par le Vatican comme «une provocation pleine de haine et de rancoeur», a fait sensation en Irlande, pays majoritairement catholique où les scandales abondent sur des révélations d'abus sexuels et pratiques cruelles dans les établissements tenus par des religieux.

«Les Irlandais aiment ce film qui montre combien l'Irlande a évolué, et qu'elle n'est plus l'État théocratique pour lequel elle est toujours passée», estime Dave Burke, de la société de distribution du film, Eclipse Pictures.

«Ce film donne matière à un échange entre les différentes générations, qui sont contentes de voir la question des abus débattue ouvertement», ajoute-t-il.

Depuis sa sortie le 25 octobre, le film a attiré 670 000 spectateurs dans les 35 salles d'Irlande où il est diffusé. D'après Dave Burke, un million de spectateurs (un quart de la population du pays) sont attendus dans les salles pour ce qu'il estime être «le plus grand film irlandais de 2002».

Les couvents de Madeleine, dont le dernier a fermé en 1996, faisaient partie d'un système d'institutions tenus par des religieuses, où les orphelines et les femmes célibataires étaient parfois obligées de rester toute leur vie.

On estime que près de 30 000 femmes ont été internées dans ces établissements depuis leur création dans les années 1840.


Les autorités de l'Église irlandaise, sur la défensive après une série d'enquêtes judiciaires commandées par le gouvernement sur ce type d'abus, n'ont fait aucun commentaire officiel sur le film.

Une commission consacrée au dédommagement des victimes de ces abus doit commencer le mois prochain à auditionner quelque 3000 personnes. Une somme totale de près de 500 millions d'euros, à laquelle l'Église a déjà contribué à hauteur de 128 millions d'euros, devrait leur être versée.

L'une des anciennes pensionnaires internées de force dans ces institutions, Mary Norris, a déjà vu le film deux fois. Née en 1933, elle a été internée alors qu'elle avait entre 12 et 19 ans.

«Je trouve formidable que ce film ait été fait», a-t-elle expliqué. «J'ai embrassé Peter (le réalisateur écossais Peter Mullan) lorsque je l'ai rencontré, pour le courage qu'il a eu de faire ce film», raconte Mary Norris, qui dit avoir pleuré en voyant le film pour la première fois.

«Le film montre comment ce système nous déshumanisait».

Mary Norris avait été placée dans une de ces institutions parce que sa mère avait été considérée comme une mère indigne pour avoir fréquenté un homme après la mort de son mari.

«Je me souviens d'avoir embrassé ma mère lors de notre séparation. C'était un tel choc, cela se passait dans l'hystérie et les larmes», se souvient-elle, ajoutant qu'une religieuse lui avait ordonner de cesser immédiatement de sangloter à son arrivée à l'institution.

«Elle m'a dit 'Vous savez bien que votre mère est une débauchée, et si vous ne prêtez pas garde, vous serez une débauchée vous aussi'. Jusqu'à mon dernier jour, jamais je n'oublierai comment je lui ai répondu. 'Oui, ma soeur', ai-je dit. J'étais d'accord avec elle. Je ne savais que dire», a-t-elle raconté.

Un jour où, à 16 ans, elle était parvenue à s'échapper de l'institution pour aller au cinéma, Mary Norris avait pour punition été envoyée dans un autre couvent Madeleine. Elle s'en échappa trois ans plus tard, grâce à l'aide d'une tante qui vivait aux États-Unis.

[berni]

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[emma-louise]

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