Badinter

Message par Vérié » 19 Fév 2010, 11:14

Bon, je ne suis pas un spécialiste des courants féministes. Mais Badinter appartient tout de même au courant le plus réactionnaire du féminisme bourgeois, au point qu'elle est très vivement critiquée par l'aile gauche de ce courant. Même L'Humanité, prompte à flatter les stars littéraires ou autres, n'est pas tendre avec elle.

Par ailleurs, Le Canard n'est pas seul à dénoncer la contradiction entre le fait de s'enrichir pour une bonne part grâce à la publicité sexiste et de se prétendre féministe. C'est en effet un peu comme si Parisot écrivait un livre sur le syndicalisme ouvrier. Cécile Duflot et pas mal d'autres gens dénoncent la duplicité de Badinter, si intellectuelle soit-elle. J'ignorais que les camarades de LO admiraient les "intellectuels". BHL et Finkielkraut sont eux aussi des intellectuels. Etre "intellectuel", ce n'est pas une référence pour nous. Les intellectuels ne sont pas des purs esprits...

Voici donc trois articles, dont l'un de L'Huma, l'autre d'une féministe.

a écrit :
La milliardaire réactionnaire Elisabeth Badinter optimise sa couverture médiatique

Les riches « belles âmes » (selon le mot de Raymond Aron) se bousculent au portillon. Au cours du week-end passé, ce fut un véritable déluge promotionnel qui s'abattit sur les lecteurs des magazines et des journaux. Franchement, un minimum de concertation améliorerait le plan médias de la pseudo-élite, et par conséquent ses retombées … Dans une note précédente, nous évoquions celui du maître ès propagande, à savoir l'obscène Bernard-Henri Lévy ; voyons aujourd'hui celui de la milliardaire réactionnaire Elisabeth Badinter (non exhaustif, forcément) :

Express (1 page)

Nouvel Observateur (2 pages)

Libération (2 pages)

Point (4 pages)


Quand cette héritière publie un livre, les colonnes de la presse lui sont immédiatement ouvertes. Le cas qui nous occupe aujourd'hui concerne sa dernière production, où elle repartirait au combat (de salon, rassurez-vous) contre les écologistes (ces adorateurs de Dame Nature), contre les féministes qui ne pensent pas comme elle, contre les adeptes du lien charnel et de l'attachement mammifère, si l'on en croit Emilie Lanez du Point.

Bref, rien de nouveau dans le crâne de Mme Badinter.


Ce que nous pensons de cette dame ? Un être profondément réactionnaire, prônant la possibilité d'avoir des enfants grâce à une location de ventre (la fameuse gestation pour autrui – GPA), comme les bourgeoises des temps jadis mettaient leurs progénitures en nourrice …


Bien sûr, la riche héritière Elisabeth Badinter n'a pas la puissance de feu médiatique du dandy égocentrique qui se croit un guerrier. Néanmoins, sa surface financière personnelle et surtout le poids économique de son entreprise dirigée par Maurice Lévy font qu'il serait probablement difficile de résister à une éventuelle suggestion de la grande bourgeoise féministe, quand on est un organe de presse ayant 30 % de ses recettes issues de la publicité.

Mais elle est quand même devenue une intellectuelle choyée des médias, à défaut d'être entendue.



Alexandre Anizy



a écrit : L'Humanité
Essai
Élisabeth Badinter Un féminisme bien tempéré

La philosophe Élisabeth Badinter estime que le courant de pensée féministe est aujourd’hui menacé de régressions qui remettent en question ses acquis historiques.

Élisabeth Badinter, Fausse route, Éditions Odile Jacob, mars 2003, 224 pages, 17 euros.

Où en est le mouvement féministe ? Il serait étonnant que le désenchantement provoqué par la contre-offensive libérale, ait épargné cette force émancipatrice. L’ouvrage d’Élisabeth Badinter, qui ne se réclame de personne d’autre que d’elle-même, donne la mesure des périls et des régressions qui menacent aujourd’hui le courant de pensée féministe et ses acquis. Elle invite d’emblée à un effort de mémoire. L’augmentation massive des femmes sur les lieux de travail a indirectement accru le champ de leur pouvoir. La victoire qu’ont représenté l’acquisition du droit à la contraception et à la liberté de disposer de son propre corps, la possibilité d’être mère quand elles le veulent, le recul théorique des discriminations fondées sur la hiérarchie des genres, la condamnation sociale des harcèlements sexuels ou moraux, la tentative d’imposer la parité dans la hiérarchie politique et dans la vie publique, nécessite aujourd’hui un effort de mémoire pour qui veut se souvenir de la situation des femmes avant les années 1970. Pour autant, les effets millénaires d’une tyrannie qui continue de cantonner les femmes dans les " seconds rôles ", subsistent. Certaines figures contemporaines du féminisme vont jusqu’à prétendre que rien n’a changé et que la situation de la femme est aujourd’hui pire qu’elle ne l’était hier. Sauf à considérer qu’en matière de déterminations, la nature l’emporte sur la culture, cette position apparaît difficile à tenir. La " victimisation " non pas du sexe féminin mais du " genre " qui est une construction abstraite, si elle permet d’unifier artificiellement les divergences, se heurte - selon Élisabeth Badinter - à deux obstacles. D’abord, la généralisation de la souffrance " victimaire " des femmes tend à conférer au genre masculin une essence quasi sadique et à généraliser comme effet d’une même violence naturelle ou domestique la situation des femmes, quelle que soit la culture dont elles héritent. En matière de haine, insidieuse ou non, il y a des degrés à distinguer. Comme l’écrit l’auteur, la bourgeoise du 7e arrondissement et la jeune beurette des banlieues ne mènent pas leur combat dans les mêmes conditions. Le discours féministe médiatisé qui est questionné, reflète-t-il les aspirations de la majorité de la population féminine ? Telle est la première interrogation d’Élisabeth Badinter. D’autre part, se demande-t-elle sur quelle logique repose ce discours et quel modèle féminin veut-il imposer ? La violence spécifique exercée envers les femmes n’a pas disparu. Le viol et le harcèlement sexuel, bien qu’ils soient relativement déconsidérés aux yeux de l’opinion publique, sont en augmentation. 37 % des Françaises se plaignent désormais de " pressions psychologiques " ; ce nouveau concept élargit le champ des crimes sexuels. L’auteur se demande au service de quelle idéologie - la féministe ou la sécuritaire - sont établies ces statistiques. Élisabeth Badinter reconnaît que " Françoise Héritier a raison d’insister sur notre universelle tendance à penser la différence sous le signe de la hiérarchie et de l’inégalité, mais elle a peut-être tort de la lier à l’appropriation masculine de la fécondité féminine " (page 56). Si la différence continue d’être massivement pensée en termes d’inégalité, peut-être est-ce parce qu’il est plus facile de penser à travers cette catégorie politico-philosophique (d’égalité/inégalité) que d’analyser en termes de désir de filiation directe, l’essence historique de la suprématie masculine ? Quant à la suppression de la domination, elle reste, bien évidemment pour l’auteur, un objectif inhérent à toute entreprise de libération humaine. L’auteur de l’Amour en plus : histoire de l’amour maternel invoque ici, à juste titre, un " malaise philosophique " et une difficulté à valider la notion de " domination masculine ". Le militantisme féministe se heurte, comme n’importe quelle activité émancipatrice, à la difficulté de prendre en compte la diversité de ceux et celles auxquels il s’adresse. La dissymétrie entre le nombre de condamnés masculins pour homicide (86 %) et celui des condamnées féminines, révèle un certain lien entre la survivance de pratiques barbares et la masculinité. Certes, les femmes peuvent être atteintes de déviances sadiques ou accomplir des crimes d’intérêt, mais l’idée selon laquelle le genre féminin serait moins prédisposé à la violence que le genre masculin reste forte. La sexualité masculine n’est pas la racine universelle du mal. Beaucoup de travaux sociologiques contemporains continuent de mettre à jour les différences sociales mais aussi psychologiques entre le désir féminin et le désir masculin. Pour Élisabeth Badinter cette différence ne doit se penser ni en termes d’inégalité, ni en termes de différence de nature. Il s’agit d’un acquis de civilisation. Ni le sexe, ni le genre, ni la sexualité ne prédétermine un destin. Depuis dix ou quinze ans, le discours féministe médiatisé et dominant tend à distinguer hommes et femmes comme deux entités aux intérêts différents. Cela est incompatible, estime l’auteur, avec la militance des uns et des autres pour l’indifférenciation des rôles, qui est " pourtant la seule voie vers l’égalité des sexes ". Reconnaître le caractère émancipateur du travail féminin, sans oublier de socialiser le système de crèches, conclut-elle, fera plus que tous les discours sur la parité, car " l’égalité se nourrit du même et non du différent. À méconnaître cette logique élémentaire, à vouloir forcer le sens des termes, on aboutit au contraire de ce que l’on désire ".

Arnaud Spire


a écrit :
Élisabeth Badinter dénature le féminisme pour mieux le combattre
Une critique de « Fausse route »

par Élaine Audet


Depuis sa publication, au printemps 2003, le livre Fausse route d’Élisabeth Badinter a suscité une multitude d’articles et de reportages, les grands médias lui ouvrant la voie royale qu’ils réservent, depuis quelques années, aux discours antiféministes. Ils n’auraient pu être mieux servis. Pour Élisabeth Badinter, " le " féminisme français actuel est monolithique, essentialiste et anti-hommes. Influencé par quelques théoriciennes radicales américaines, il victimiserait les femmes, diaboliserait la sexualité masculine et aurait réussi à faire prévaloir un nouvel ordre moral.

Dans la même foulée, l’ouvrage préconise le renforcement des stéréotypes sexuels dans l’enfance, la libéralisation de la prostitution et accuse les féministes de puritanisme par leur présumée incapacité de prendre en compte les nouveaux courants de la sexualité. Son leitmotiv : les féministes américaines sont allées trop loin, si les femmes ne veulent pas se couper à tout jamais des hommes, il est temps d’en finir avec la guerre des sexes. C’est donc du féminisme américain autant que du français que la pamphlétaire veut faire le procès.

D’abord, que signifie pour É. Badinter être féministe ? Essentiellement, c’est viser à être égale aux hommes et à partager tous leurs privilèges. Il n’y a pas de domination masculine, selon elle, mais un manque de volonté chez les femmes d’affirmer leur autonomie. Quand on veut, on peut ! Peu lui importent les concepts de pouvoir et d’aliénation. Elle ne pratique pas ce genre de philosophie ! Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’elle se porte à la défense des valeurs patriarcales : toute son œuvre en témoigne par la recherche d’une complémentarité qui ne remettrait pas en question la suprématie masculine et les stéréotypes de féminité et de virilité qu’elle considère essentiels à une construction identitaire saine et solide des deux sexes.

La méthode du discours et ses sources

La méthode d’ "analyse" d’É. Badinter est simple, efficace et malhonnête. Il s’agit de faire dire à l’ensemble des féministes, et parfois à quelques-unes d’entre elles censées représenter un courant féministe majoritaire, ce qu’elles n’ont jamais dit. Ensuite, elle réfute ces contre-vérités par des arguments d’autorité : Croyez-moi, c’est moi, E. Badinter, qui le dis ! Elle cite souvent des statistiques qui contredisent ses affirmations à l’emporte-pièce, mais elle les enterre sous la charge qu’elle reprend ad nauseam selon laquelle les féministes victimisent les femmes et haïssent les hommes. Affirmation facile qu’elle se garde bien de démontrer. Pour Élisabeth Badinter, ce serait faire preuve de paranoïa ou de misandrie de parler d’une violence spécifique envers les femmes ou d’un système, le patriarcat, se perpétuant grâce à l’existence de rapports sexuels de domination.


Suite de cet article (qui est très long) :
http://sisyphe.org/article.php3?id_article=598
Vérié
 
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Message par pelon » 19 Fév 2010, 13:17

Pas de problème pour critiquer Badinter, je ne suis pas un fan, mon objection ne portait pas là-dessus. Par contre, sur le fait qu'elle appartienne au courant le plus réactionnaire du féminisme, je n'ai pas trouvé pourquoi mais je ne suis pas un spécialiste. Ce que j'ai cru comprendre c'est qu'un courant du féminisme valorise de nouveau la spécificité féminine, ce qui est considéré par d'autres, restant sur le 2ème sexe ("on ne nait pas femme ...") comme un recul. Donc ce seraient les "naturalistes" qui pourraient être considérées comme réactionnaires. Dans les extraits que tu cites, Vérié, le 1er est un hurlement hargneux sans intérêt. Le 3ème explique entre autres que Badinter a caricaturé les "naturalistes". C'est cela qu'il serait intéressant de voir.
pelon
 
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Message par redaxe » 20 Fév 2010, 00:34

Concernant les couches lavables, pour citer une dame de quartier: "ceux qui lavent la merde des enfants c'est pas souvent les bonhommes". Bien sûr, on peut imaginer qu'un couple écolo, qui pratique le partage équitable des soins aux petits et des tâches ménagères, utilise des couches lavables par conviction écologiste, et ce n'est pas ça en soi qui pose problème! (enfin ça c'est mon avis)
Ce que montre Badinter, c'est qu'il y un ensemble d'éléments qui poussent vers un retour au modèle de la mère traditionnelle:
- le retour aux valeurs "naturelles"
- certains aspects du féministe "maternaliste"
- des chrétiens traditionnalistes (les autres religions ne sont pas citées mais franchement c'est pas mieux.)
- la "crise égalitaire", avec la stagnation observée depuis plusieurs décennies en termes d'égalité économique et du partage des tâches ménagères (les deux aspects étant bien sûr liés)
- la crise identitaire vécue par des hommes et des femmes, avec la tentation de redécouvrir les "spécificités" de chaque sexe. Dans ce cadre, l'instinct ou la fibre maternelle constituerait, justement, une spécificité féminine.
C'est la combinaison de ces différents aspects qui fait craindre à Badinter un recul du statut de la femme dans la société, avec le retour du modèle de la mère "traditionnelle". Mais elle dit aussi que "à la différence du 18ème siècle, (les femmes) ont aujourd'hui trois possibilité: adhérer, refuser ou négocier, selon qu'elles privilégient leurs intérêts personnels ou leur fonction maternelle".
Ce qu'elle montre aussi, c'est que en raison de leur histoire les femmes françaises font "bande à part", et pour l'instant semblent "n'en faire qu'à leur tête". (C'est pour ça peut-être que le couplet sur l'allaitement maternel tombe un peu à plat dans un pays où seulement la moitié allaite à la maternité (il faut croire qu'elles n'ont pas tant que ça la pression!), et où elles ne sont même pas représentées sur les statistiques passés 6 mois, tellement leur nombre est alors ridicule...). Ce qui est marrant, c'est que dans le même temps elles font plus d'enfants! Parce qu'il est davantage accepté que les femmes souhaitent se réaliser aussi en dehors de leur maternité: "mères médiocres, mais mères quand même". En fait on se rend compte que dans les pays développés, plus l'identification entre la femme et la mère est forte, plus nombreuses les femmes sont à s'abstenir d'avoir des enfants: "elles refusent la maternité telle qu'on la leur impose".
Ce que j'ai bien aimé dans le bouquin, c'est qu'il fait un tour d'horizon assez complet de la situation et des aspirations des femmes/mères/childless/childfree dans les différents pays, et un tour d'horizon aussi des différentes forces à l'oeuvre pour peser sur les choix des femmes.
Et la conclusion de tout ça, c'est que le partage des tâches et des soins aux tout-petits est toujours la condition sine qua non de l'égalité, et que le modèle "naturaliste" ne va pas aider à obtenir cette égalité.... Ce n'est pas vraiment un scoop en même temps, mais bon je pense qu'on était en train de commencer à se faire avoir quand même... D'ailleurs certains pères n'hésitent pas à invoquer le prétendu "instinct maternel" pour justifier leur faible implication dans les soins aux tout petits, j'en connais des exemples! Donc c'est bien que ça fasse discuter, et qu'il y aie débat, même si ce serait mieux que les gens lisent le bouquin parce que franchement ce qui ressort dans certains articles et certains commentaires c'est une caricature.
Une dernière remarque: apparemment dans les pays du Nord les politiques familiales encouragent vraiment les hommes à partager les tâches et à s'investir auprès de leurs enfants (pour que les mères puissent materner sans être défavorisées sur le marché du travail). Et pourtant les résultats ne sont pas là en terme d'égalité. Et que dire des pères qui en France ne prennent même pas leur congé paternité? La pression du patron? Ou bien est-ce qu'ils préfèrent tout simplement être au boulot plutôt que de changer les couches (et encore, jetables!) de leurs rejetons? Ce qui n'est pas étonnant vu l'éducation qu'on leur fait souvent subir. Franchement c'est triste de voir des parents ou des éducateurs décourager tout intérêt des garçons pour des domaines considérés comme "féminins". J'ai vu des garçons à qui on interdisait de faire rouler une poussette ou de jouer avec un balai! Après faut pas s'étonner... Est-ce que certains hommes n'auraient pas eux aussi intérêt à se rebeller contre le modèle traditionnel, qui finalement prétend définir? Ou bien est-ce qu'ils sont encore plus conditionnés que les femmes?
bon, voilà un peu en vrac mes impressions...
ps: Zelda je débarque un peu, je découvre que tu es de retour sur le forum, ça fait plaisir!
redaxe
 
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Message par Ottokar » 20 Fév 2010, 07:47

(Pelon a écrit : Dans les extraits que tu cites, Vérié, le 1er est un hurlement hargneux sans intérêt.
C'est d'autant plus vrai lorsque les choses sont sous-entendues de cette façon :
a écrit :Bien sûr, la riche héritière Elisabeth Badinter n'a pas la puissance de feu médiatique du dandy égocentrique qui se croit un guerrier. Néanmoins, sa surface financière personnelle et surtout le poids économique de son entreprise dirigée par Maurice Lévy


cela ne sent pas très bon. Le "dandy" visé par l'extrait c'est Bernard Henri LEVY, encore LEVY... donc des relents antisémites.

J'ai lu "l'Amour en plus" en son temps, c'était intéressant, je me demandais ce que ce dernier livre apportait de plus. Elisabeth Badinter n'a pas changé, elle a toujours été une héritière, une grande bourgeoise membre de cette gauche caviar. Il n'empêche que dénoncer "l'instinct maternel" et montrer que c'est une construction historique, c'est un point de vue intéressant.

Je ne suis pas convaincu que ce dernier essai apporte beaucoup plus, mais je crois que je vais le lire.
Ottokar
 
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Message par Vérié » 20 Fév 2010, 10:57

a écrit : Ottokar
cela ne sent pas très bon. Le "dandy" visé par l'extrait c'est Bernard Henri LEVY, encore LEVY... donc des relents antisémites.


As-tu fais l'effort de rechercher qui est l'auteur de ce texte, que tu accuses ainsi d'antisémitisme ? C'est l'écrivain Alexandre Anizy (dont je n'ai lu, je l'avoue, aucun livre), mais dont voici le blog :

http://www.alexandreanizy.com/

Il y pourfend nombre de gens, de Parisot à Dieudonné et Soral, dont il dénonce... l'antisémitisme. Donc, avant de lancer des accusations infâmantes, fais l'effort de t'informer. D'autant plus que, sur ce forum, on trouve fréquemment des intervenants qui prennent la défense de personnalités franchement islamophobes, sous prétexte de lutte anti-religieuse.

Maurice Levy est le patron de Publicis, dont Badinter est la plus importante actionnaire et présidente du conseil de surveillance. M. Levy est un proche de BHL, dont il a notamment financé un film. Je ne vois pas ce qu'il y a d'antisémite à le citer dans ce contexte.

Par ailleurs, l'intérêt du billet de Anizy est tout de même de montrer que le succès médiatique, la notoriété, "l'importance" de l'intellectuelle Elisabeth Badinter sont étroitement liés à sa surface financière, tout comme ceux de BHL. Il existe d'innombrables féministes intellectuelles, dont les textes et livres, ne seront jamais médiatisés de cette façon, bien qu'ils ne soient pas moins intéressants. Et qu'ils soient souvent plus progressistes. Mais, comme les lucioles, certains semblent attirés et impressionnés par tout ce qui brille, tout ce dont on parle dans les médias.

Sur le fond, je l'ai dit, je ne prétend pas être un spécialiste des courants féministes. Mais de nombreuses féministes de gauche ont critiqué Badinter, dont Nancy Huston (qui participa à une émission avec Arlette).

Parmi ce que les féministes de gauche lui reprochent :
-La banalisation de la prostitution
-La signature de l'appel pour autoriser les mères porteuses (cité dans le texte d'Anizy)
-Le refus d'admettre une oppression spécifique patriarcale de la femme dans la vie moderne, où selon elle, la femme atteindrait l'égalité quand elle aurait l'égalité économique.

De plus, comme l'explique l'article mis en ligne plus haut, Badinter s'est livré à une attaque en règle contre l'ensemble du courant féministe, en caricaturant ses positions.
Vérié
 
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Message par pelon » 21 Fév 2010, 20:42

(Vérié @ samedi 20 février 2010 à 11:57 a écrit : la femme atteindrait l'égalité quand elle aurait l'égalité économique.


C'est aberrant ?
pelon
 
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Message par redaxe » 21 Fév 2010, 20:56

"Il existe d'innombrables féministes intellectuelles, dont les textes et livres, ne seront jamais médiatisés de cette façon, bien qu'ils ne soient pas moins intéressants. Et qu'ils soient souvent plus progressistes. Mais, comme les lucioles, certains semblent attirés et impressionnés par tout ce qui brille, tout ce dont on parle dans les médias." (Vérié) je ne sais plus comment citer partiellement!

Ca c'est pas faux. Mais comme justement ça a été médiatisé, ça fait un peu discuter, je trouvais ça intéressant de le lire et de se faire une opinion. Donc en fait moi ça m'intéressait plus de discuter du bouquin. Je ne sais pas s'il apporte quelque chose par rapport à l'Amour en plus (que j'ai lu il y a très longtemps). Sans doute des informations par rapport à la situation aujourd'hui. En fait ce n'est pas un traité de féminisme, et ça ne donne aucune leçon particulière. C'est plus un constat et un avertissement. Et s'il y a un message, c'est "ne vous faites pas avoir, et faites comme vous voulez". Bon, pas très polémique en fait!
Du coup sur le féminisme en lui même il n'y a pas vraiment de prétentions à analyser en profondeur les ressorts de la domination masculine. Ni d'indication sur la manière de se débarasser définitivement du patriarcat. Si c'est une constante chez Badinter c'est sans doute criticable. C'est sûr qu'il faudrait discuter de cela, s'il y a des choses récentes et intéressantes sur le sujet il faudrait les conseiller.
Sinon, bon je ne savais pas grand chose sur Badinter, je l'ai lu sans m'intéresser trop au reste (comme j'écoute NTM en essayant de faire abstraction du fait que Joey Starr tape ses copines...). Il y a des aspects manifestement pas très sympathiques. Bon si le livre suscite la polémique et ne fait pas discuter sur le fond, c'est dommage. On attendra une prochaine occasion!
redaxe
 
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Message par Vérié » 22 Fév 2010, 11:47

(pelon @ dimanche 21 février 2010 à 20:42 a écrit :
(Vérié @ samedi 20 février 2010 à 11:57 a écrit : la femme atteindrait l'égalité quand elle aurait l'égalité économique.


C'est aberrant ?
C'est insuffisant. Car il existe une oppression de type patriarcale qui survit à la disparition ou la diminution de l'inégalité économique. Les femmes de milieux bourgeois qui ont une bonne situation, donc en principe l'indépendance financière, peuvent être elles-aussi victime de cette oppression. La preuve en est que ce n'est pas seulement dans les milieux pauvres qu'on trouve des femmes battues et des crimes machistes. Par exemple un ministre PS était connu pour frapper sa femme. Je crois qu'elle lui a fait un procès, ou avait commencé.

Evidemment, les femmes de milieux aisés ont davantage de possibilité de se tirer et de faire appel à la justice. Mais ces comportements sont aussi souvent dissimulés car on en a honte dans ces milieux. C'est la victime femme qui a honte d'être battue.

La division du travail homme/femme a tout de même pour origine les différences sexuelles : le handicap des femmes qui portent les enfants, les élèvent etc dans les sociétés primitives. Le handicap de la force physique aussi. Cette division a entraîné dans les sociétés plus développées, les sociétés de classe, une inégalité économique et sociale.

Dans la société actuelle, les deux inégalités se conjuguent. L'idéologie machiste, l'inégalité dans le couple et dans la société survivent aux conditions économiques qui les ont fait naître.

C'est l'aspect que, si j'ai bien compris, Badinter nie plus ou moins ou minimise, selon les féministes qui la critiquent. Mais ce n'est qu'un point, important certes, parmi pas mal d'autres. Par ailleurs, il est clair que Badinter n'a guère de préoccupations sociales, contrairement à d'autres fméinistes plus à gauche.

S'il y a des spécialistes des courants féministes sur ce forum, ils peuvent peut-être apporter des précisions.
Vérié
 
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Message par Faber » 14 Juil 2010, 00:23

Je remonte ce fil juste dire que j'ai lu le bouquin et que j'avais tort, c'est très intéressant et très juste. Notamment les liens qu'elle fait entre les écolos naturalistes, les allaiteurs nord américains hyper réac, et les post féministes qui sacralisent la maternité. C'est vraiment bien vu, sans tomber dans l'anti enfant, et on peut même y voir un retour plus ou moins critique sur le féminisme 70's et ses biens fragiles conquêtes.
Faber
 
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