L'auteur est (prétendument ?) un personnage haut placé dans une banque française. Il décrit l'arrivée de la crise dans sa banque, et plus généralement le milieu du pouvoir financier.
Pas mal de passages sont intéressants. D'abord sur le cynisme de ceux pour qui le profit est le seul et unique critère. Mais aussi sur les couleuvres avalées par les politiques qui sont peut etre moins compétents et qu'on ne le croit en ce qui concerne le monde de la finance et de la banque.
Il explique très simplement comment les banques peuvent jouer non pas 12 fois leurs fonds propres (l'argent qu'elles possèdent réellement dans leurs coffres) comme la loi les y obligent mais 100, 200, 500 fois... jusqu'au Krach
Extraits :
a écrit : Eh bien, quand on m'interroge, je compare les banquiers à des bouchers pas très consciencieux. En fait nous avons fait disparaître les crédits à hauts risques dont nous voulions nous débarrasser en les mélangeant avec des créances de bonne qualité. La fabrication de ce cervelas d'un genre nouveau s'appelle la titrisation. Ensuite, on débite les nouveaux titres en tranches, qu'on vend en engrangeant au passage de belles commissions. [...] Quand les morceaux de viande avariée - en l'occurrence les subprimes - pourrissent et devienne toxiques, ça contamine toute la saucisse, et les acheteurs tombent malades.
a écrit :Pour sauver notre résultat, ne restait finalement que notre métier de base : nos clients les plus modestes, tous ces braves gens qui tiraient le diable par la queue. C'était eux qu'on assommait. Les marges sur nos encours de crédit allaient d'ailleurs progresser de 20 à 21% cette année. Que ce fussent les crédits à la consommation, les prêts-relais ou les découverts, toutes ces niches étaient incroyablement rentables, malgré ce qu'en disait notre discours officiel. Les crédits immobiliers se révélaient, eux aussi, très satisfaisants, avec une marge de l'ordre de 16%. Toutes nos divisions allaient perdre de l'argent, exceptée la banque de détail, justement. En ce domaine, nous avions encore quelques idées pour améliorer encore l'ordinaire. En multipliant les propositions à la clientèle, on avait réussi à faire exploser les frais bancaires : virements, chèques de banque, retraits, ouvertures de comptes, remises de cartes de crédits, consultations de comptes sur le net, tout justifiait un prélèvement d'apparence anodine. L'ensemble représentait à la fin plus de la moitié de notre bénéfice annuel!