(critique télérama a écrit :Harvey Milk fut le premier Américain affichant son homosexualité à obtenir un mandat électif : en 1977, il est élu conseiller municipal à San Francisco. Aujourd'hui, qui s'en étonnerait ? A l'époque, c'est une minirévolution. Les images d'archives en noir et blanc qui ouvrent le film de Gus Van Sant remontent sans doute aux années 60 (on pense à Loin du Paradis, de Todd Haynes), mais elles surprennent toujours : rafles dans les bars gay, messieurs en costume qui se cachent le visage de peur d'être reconnus, clandestinité et peur d'assumer sa différence.
De fait, militant contre les discriminations sexuelles, Harvey Milk lutta en particulier contre le sénateur républicain John Briggs, dont la sinistre « Proposition 6 », confondant homosexualité et pédophilie, exigeait que soient immédiatement renvoyés des écoles et lycées les enseignants gay et lesbiens... On mesure le chemin parcouru, on sait aussi qu'on n'est à l'abri de rien, comme le montre l'abrogation du mariage gay en Californie.
Harvey Milk raconte ce combat, mais le dépasse aussi. Incarné par Sean Penn, dont l'interprétation a été saluée d'un oscar, Milk est un enfant du « jouir sans entraves », un apôtre humaniste de toutes les libertés (y compris, celle très américaine, d'entreprendre), un prosélyte de la transparence et de l'acceptation de soi (il pense à juste titre qu'un « coming out » massif sortira l'homosexualité de la marge). Sa lutte excède la cause gay...
Harvey Milk, est un film à voir, mettant en scène le mouvement (d'opinion, de manifestations, de "propagande par le fait") pour la reconnaissance de l'égalité des droits pour les homosexuels en Californie dans les années 1970. C'est un bon rappel de la période (et de la confrontation avec la réaction moralo-bigote d'Anita Bryant). Le film n'évoque aucune prétention de la part des animateurs du mouvement, qui apparaissent finalement à leur aise dans le monde des politiciens, à un quelconque changement social profond. Serait-il en cela un peu caricatural ?