(Vérié @ jeudi 2 octobre 2008 à 09:36 a écrit :J'ai vu le film sur Anna Walentynowicz. Intéressant et émouvant, il montre notamment les conditions de travail très dures des ouvriers polonais sous le stalinisme, le mépris de leurs bureaucrates-patrons, les accidnets du travail etc.
Toutefois, c'est aussi en grande partie un film intimiste, et qui laisse sur sa faim sur le plan politique. On passe très vite des émeutes des années 70 à la victoire de Solidarnosc. Les relations entre Anna et Walesa ne sont pas claires. On comprend que Walesa est plus politique et plus manoeuvrier, et qu'il récupère la direction du mouvement, mais sa personnalité n'apparait pas clairement.
Enfin, toutes les curetonneries sont très irritantes (tous les ouvriers à genoux avec la photo du pape), mais ça correspond en partie à la situation de la Pologne dans ces années-là. (Mes souvenirs de discussion avec des ouvriers polonais, mais pas de Gdansk, sur leurs rapports avec l'Eglise, ne correspondent pas vraiment.)
Le film m'a semblé un peu difficile à comprendre pour ceux qui ne connaissent pas du tout l'histoire de la Pologne.
C'est aussi mon sentiment après l'avoir vu.
Mes souvenirs de ces événements sont quand même loins et je n'ai pas révisé.
Ce qui serait bien nécessaire.
On passe vite sur les grèves de 70, qui je crois n'avait pas le caractère catho et nationalo des suivantes.
Il n'y avait pas non plus de "grand leader" très médiatisé.
Baluka , c'était différent de Walesa, il se réclamait explicitement de la classe ouvrière et du socialisme, bien qu'il ne fut en rien révolutionnaire malgrès la cour insistante et déplacée que lui fit l'OCI.
Il y eut aussi ensuite une opposition communiste antisatilinienne (Kuron, Modzelewski, Michnik) mais qui rapidement renonça et servit de porteurs de bidons à Walesa et cie.
Les relations, conflits et ruptures entre Anna et Walesa sont traités sur un mode personnel, bien qu'il soit dit dit que c'était politique.
Le docu est à fond pour Anna, une femme peu commune certes.
Petite paysanne orpheline, domestique chez un koulak, battue, illetrée, elle part à la ville, devient ouvrière, un premier amour la laisse seule avec son bébé sur les bras.
Mariée, son mari meurt d'un cancer.
Héroïne du travail, elle aurait sans doute put devenir cheffaillone voir petite bureaucrate...
Elle rencontre, un groupe de cathos opposants.
Le côté intéressant c'est qu'il est quand même montré que le petit groupe à la tête, à l'initiative de Solidarnosc, avait bien d'autres objectifs sociaux et politiques, que la défense des intérêts, matériels et moraux et politiques surtout de la classe ouvrière.
Ce groupe se comporte comme une direction bureaucratique, de droit divin, sans contrôle ni comptes à rendre.
Dans ses mémoires Walesa par exemple raconte que les négociations publiques devant les travailleurs, avec son gros stylo qui impressionèrent tant l'opinion, c'était du cinoche pour le populo.
Les vraies négos c'était ailleurs, avec Geremek.
Mais, à la fin on ne peut que regretter qu'une travailleuse comme Anna n'est rencontrée que des curaillons et des patriotards pour orienter sa révolte.