The Burning- Cette nuit sur Arte

[jeug]

De 0h25 à 0h55

En Afrique du Sud, à l'époque de l'apartheid, une vieille femme blanche se prépare, comme chaque semaine, à rendre visite à sa soeur dans une ferme voisine. Elle est accompagnée de son petit-fils, de sa vieille cuisinière et de son chauffeur, tous les deux métis. Ils découvrent une maison désertée, vandalisée. Indifférente au climat de tensions raciales exacerbées qui règne alentour, la vieille dame s'installe calmement pour pique-niquer...

Film de Stephen Frears (Grande-Bretagne, 1967). Scénario : Roland Starke. 30 mn. VO. Avec Gwen Ffrangcon Davies, Mark Baillie, Isabel Muller.

Genre : une saison blanche et sèche.

Pour son premier film, en 1967, ­Stephen Frears, 26 ans, choisissait un autre décor que ses chères îles Britanniques : l'Afrique du Sud, terre de tensions raciales. Raymond, un petit garçon blond comme les blés, vit dans une grande villa en com­pagnie de sa grand-mère, une vieille bique aux sales manies qui se régale tous les matins de la rubrique nécrolo­gique. « Madame » traite ses domes­tiques noirs avec la brusquerie un peu molle que l'on porte aux objets familiers sans valeur.

Dans cette vaste demeure, Raymond l'orphelin traîne son ennui de la ­cuisine aux étages, grappillant des mots d'adultes qu'il ne comprend pas toujours. Difficile de déchiffrer ce monde opaque et cloisonné, où les Blancs méprisent les Métis, lesquels considèrent les indigènes comme des inférieurs. Des parias dont la révolte commence à gronder au loin...

Stephen Frears filme tout en finesse les premiers signes du déclin d'une société profondément injuste. ­Incarnée par la grand-mère, incrédule à l'heure des premières émeutes, l'élite blanche et riche qui règne sans partage sur l'Afrique du Sud semble avoir sous-estimé le pouvoir destructeur de la colère accumulée. Habile à faire monter la tension, le cinéaste capte la peur dans les ­regards et épouse le point de vue de l'enfant. Sous les yeux pleins d'effroi de Raymond, son décor est en train de changer, de pays de cocagne en vaste terre brûlée.

Mathilde Blottière