a écrit :« Les mensonges de l’histoire »
de Pierre Miquel
Collection Tempus
Editions Perrin
Janvier 2008
390 pages
10 €
Rompre la loi du silence et résister !
Pierre Miquel qui a écrit de nombreux ouvrages historiques est décédé en novembre 2007 . Les éditions Perrin rééditent dans une collection accessible au plus grand nombre, ce livre, sorti en 2002 qui n’a pas eu le temps de prendre une seule ride.
Les inquisiteurs de l’Eglise qui pendant des siècles et des siècles ont persécuté, torturé et assassiné à tour de bras connaissent très bien la méthode, il s’agit de mentir au nom de la foi et de contraindre ses victimes à mentir afin de « légitimer » les mesures répressives et criminelles prises.
Toute étude historique sérieuse sur les mensonges de l’histoire se doit de décerner le premier prix du mensonge et du crime légalisé à l’Eglise romaine qui , après avoir brûlé les « sorcières », envoyé les seigneurs et manants en croisades, a poursuivi son œuvre de mort contre les albigeois, les juifs et les protestants.
Au début, les tortionnaires intervenaient au service de la hiérarchie catholique, puis il s’est agi, au nom de la religion mais pour raison d’Etat de construire des dossiers d’accusation parfaitement mensongers pour éliminer les récalcitrants et saisir leurs biens.
Philippe le Bel est devenu un orfèvre en la matière : « on n’hésite pas à taxer les Templiers d’hérésie, d’idolâtrie. Ils sont des renégats, sans doute sodomites. Chacun des points soulevés permet de les perdre. »
Avec un talent de conteur indiscutable, Pierre Miquel nous retrace l’histoire de ces mensonges, de ceux des prédicateurs religieux, de ceux des rois et plus près de nous de ceux des états dits modernes…
Pierre Miquel ne masque aucune réalité. C’est ainsi qu’il nous montre comment un Clémenceau qui fut un dreyfusard actif a utilisé des procédés- dénoncés quelques années auparavant- pour faire accuser et emprisonner un adversaire politique : Caillaux, ancien président du Conseil.
L’auteur revient sur la deuxième guerre mondiale, sur les dénégations coupables ou les silences des états et du Vatican, toujours lui aux premières loges quand il s’agit de défendre coûte que coûte ses propres intérêts : « Pas plus que le pape, Roosevelt n’acceptait de parler publiquement de l’extermination des juifs européens Même si les syndicats et la grande presse devenaient plus pressants. Mais les autorités religieuses de toutes confessions chrétiennes restaient silencieuses. »
Les mêmes procédés : les procès pré-fabriqués, les tortures et les exécutions… ont été utilisés par des régimes politiques différents mais mus par la même logique qui consiste à mentir pour maintenir et étendre sa domination.
Mais, comme Pierre Miquel le rappelle fort justement dans sa conclusion : « Dénoncer le mensonge n’était pas, sous ces régimes faire œuvre d’historien mais de résistance. »
Jean-François CHALOT