a écrit :« Portrait physique et mental
du policier ordinaire »
de Maurice Rajsfus
édition Après la lune
14 €
175 pages
avril 2008
Une démocratie menacée et bientôt en miettes!
L'éditeur annonce que Maurice Rafsfus est de très mauvaise humeur ... Le résultat de cette colère est là : un portrait sans concession et féroce du policier avec plus qu'une pointe d'humour grinçant ! Et quelle écriture! Le lecteur n'a pas le temps de reprendre son souffle, il se retrouve dans un autre chapitre. Les zélateurs du tout répressif, les chasseurs de « racailles » et tous les sécuritaires de droite mais aussi malheureusement de gauche n'aimeront pas ce livre au vitriol... Ils devraient pourtant réfléchir à cette logique implacable d'un système qui conduit à maintenir une démocratie de plus en plus fictive, menacée dans ses principes par ses forces de l'ordre.
L'auteur connaît bien la question : en 1942, alors qu'il avait 14 ans, ses parents arrêtés par des policiers français lors de la rafle du Vel' d'hiv ne reviendront pas de l'enfer. Il rappelle que des policiers vont arrêter des juifs en 1942, devenir gaullistes en 1944 pour ensuite matraquer des algériens qui en perdont la vie le 17 octobre 1961.
Le policier obéit à sa hiérarchie, sans discuter oubliant d'ailleurs un code de déontologie écrit pour la forme mais très rarement respecté.
Si l'actualité est très largement traitée avec son lot quotidien d'arrestations, de contrôles, d'interrogations musclées affectuées dans « une haine visible sur le visage de nos policiers républicains », l'auteur n'oublie pas les forces d'aujourd'hui et d'hier qui alimentent ce quotidien .
« Rappelons, au passage, que durant la guerre d'Algérie, la hiérarchie religieuse et l'aumônier général des armées ont montré du doigt les récalcitrants se refusant à participer à la répression, alors que ces mêmes instances se refusaient à stigmatiser ceux des soldats occupés à torturer les combattants algériens »
Il est sans pitié, qui le lui reprochera !?
Il n'oublie ni l'ancien ministre de l'intérieur devenu-malgré nous- président, ni ses devanciers quelles que soient leurs colorations politiques.
Certains laudateurs de l'ordre se prétendant de gauche et vantant les mérites d'un Clémenceau ne devraient pas oublier cet événement qui s'est déroulé il y a un siècle :
« Le 2 juin 1908, les gendarmes tiraient à vue contre les terrassiers de Draveil en grève, réunis dans les locaux du syndicat »
Le diagnostic de l'institution policière est sans appel, certes, mais rigoureux, l'auteur n'élude rien. Il explique clairement que ... « c'est surtout l'institution qui incite au dérapage des hommes ordinaires dont l'existence est vouée à une tâche répressive. »
Commandez et lisez ce livre qui fera date !
Jean-François CHALOT