La Shoah par balles - Ukraine 1941-1944

[gerard_wegan]

La Soah par balles - Les fusillades massives des Juifs en Ukraine - 1941-1944
Une exposition du Mémorial de la Shoah - Paris - 20 juin/30 novembre 2007

Entre 1941 et 1944, près d’un million et demi de Juifs d’Ukraine ont été assassinés suite à l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie. Seule une minorité d’entre eux l’a été après déportation dans les camps d’extermination. L’immense majorité est morte sous les balles des Einsatzgruppen (unités de tueries mobiles à l’Est), d’unités de la Waffen SS, de la police allemande et de collaborateurs est-européens.

Depuis 2004, Le père Patrick Desbois et l’association Yahad-In Unum mènent un travail méthodique sur cette partie encore peu connue de la Shoah : identifier et expertiser tous les sites d'exterminations des Juifs perpétrées par les unités mobiles nazies en Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale. L’exposition organisée au Mémorial de la Shoah du 20 juin au 30 novembre 2007 présente ces recherches toujours en cours, qui, en reconstituant les procédés des assassins, amènent à mieux comprendre comment a été mis en œuvre le génocide des Juifs à l’Est de l’Europe.

Il devient enfin possible de préserver et de respecter la sépulture des victimes.

L'exposition sur le site du Mémorial de la Shoah : ici
La page sur les recherches en Ukraine sur le site de l'association Yahad In Unum : ici

Au passage : une page intéressante du site sur la condition des Juifs en Ukraine dans l'entre-deux guerres, surtout venant du Mémorial de la Shoah qu'on ne peut pas particulièrement soupçonner de sympathies communistes...


J'y vais demain... j'en dirai alors peut-être plus.

[clavez]

Y as tu été?
Maintenant, grace à toi, je sais que si j'ammenne les élèves d'une yeshiva à une manif on pourra crier yahad, yahad, yahad, hey, hey, hey!

[gerard_wegan]

Quelques infos supplémentaires, après visite de l'expo.

L'exposition, très documentée, s'articule autour de nombreux textes sur les différents aspects historiques, de traductions de documents d'archives allemandes et soviétiques, d'enregistrements des témoins réalisés ces dernières années par l'équipe de Patrick Desbois et de photos d'époque en Ukraine -- plus quelques objets recueillis pendant les recherches, lors de l'identification des sites des exécutions.

La visite, c'est donc essentiellement la lecture de nombreux et longs panneaux (jamais facile de se concentrer sur la lecture dans une expo !), et le visionnage des témoignages (pas très pratique à mon avis, car les vidéos sont nombreuses, relativement longues et tournent en boucle chacune sur un poste... mais sans possibilité de relancer depuis le début, ce qui impose donc de les prendre en cours de film). A moins d'y passer vraiment de nombreuses heures, il est donc impossible de tout voir et lire... et comme tout ou presque est présenté à égalité, il est difficile au visiteur de cibler quelques points essentiels.

Finalement, le mieux (c'est du moins ce que j'ai fait après plus de 2h de visite) est d'acheter le catalogue de l'exposition, un peu cher (39 €) mais qui contient tous les textes, la plupart des photos et, sur 2 DVDs, les témoignages essentiels. Manquent seulement -- c'est dommage -- les reproductions et traductions des documents d'archives (par exemple des tracts antisémites rédigés en russe par les nazis eux-mêmes ou leurs supplétifs ukrainiens, des rapports des Einsatzkommandos, etc.)

Au-delà de l'exposition elle-même, ce chapitre jusqu'ici relativement méconnu de l'histoire de la Shoah pose de façon peut-être un peu nouvelle la question du "qui savait quoi ?" Ce point sera-t-il abordé lors du colloque prévu en octobre ? En effet, comme l'un des témoignages le souligne, on avait plutôt l'idée, jusqu'ici, que les nazis avaient cherché à camoufler l'extermination systématique -- jusque dans les termes employés. Or en Ukraine dès l'été 1941 (comme sans doute ultérieurement en Biélorussie et dans les Pays baltes où des recherches sont encore à faire) les assassinats en masse se font au vu et au su de tous, avec dans les villages la réquisition de paysans pour convoyer des Juifs dans leur charette vers les lieux d'exécution, pour recouvrir les charniers voire creuser les fosses, etc. Avec, en tout cas à Kiev, l'utilisation pour ces sinistres corvées de prisonniers de guerre soviétiques... Bref, l'intention génocidaire apparaît pour ce qu'elle est, et à très large échelle, dès mi-1941... donc avant même la mise en place de la "solution finale" et de ses camps d'extermination. Comment croire que cela ait pu être ignoré, dès cette date, par les autorités alliées ?

En résumé, je conseille le livre-catalogue de l'exposition, pas forcément la visite, sachant que pour un aperçu malgré tout assez complet, il y a le site Internet.

[clavez]

cette expo semble être un effet secondaire des bienveillantes;
ce qui n'enlève rien.

[gerard_wegan]

L'exposition elle-même, je ne sais pas ; mais l'enquête de Yahad-In Unum a débuté bien avant, en 2000.