Voyage au pays du coton

[Valiere]

« Voyage aux pays du coton
Petit précis de mondialisation »
d'Erik Orsenna
Editions Fayard
281 pages
Avril 2006
20 €
L'or blanc...

Des soldats d'Alexandre le Grand avaient rapporté des graines en 326 avant Jésus Christ mais le résultat de retour en Grèce ne fut pas probant : « On abandonne les essais. L'Occident oublie « l'arbre à laine » ».
Les Arabes proches de l'Inde vont cultiver le coton en Egypte, en Algérie et même au sud de l'Espagne. Ce flocon blanc va habiller les musulmans alors qu'au nord les chrétiens vont être vêtus de laine....
Durant les croisades, on s'étripe mais on effectue des échanges. C'est ainsi que l'usage du coton va gagner l'Europe.

Aujourd'hui, la culture et l'industrie née du coton constituent un enjeu économique de premier ordre avec une concurrence internationale exacerbée.
Le gouvernement des Etats Unis, grand précurseur et défenseur du libéralisme(!?) n'hésite pas à subventionner massivement les producteurs américains...
Tant pis pour les autres pays, qu'il s'agisse du Brésil, du Mali, de la Chine ou de l'Ouzbékistan!

Des villes artificielles comme Lubbock dans le Texas ne vivent que de l'or blanc:
« Les industries fabriquent des machines pour le coton; les concessionnaires automobiles vendent des voitures et des camions pour transporter le coton ou ceux qui le cultivent; les chimistes produisent des engrais, des pesticides, des insecticides... » Des usines immenses raffinent l'huile et l'université enseigne le coton, tout tourne autour de l'or blanc.

Aux Etats Unis, les pecticides sont rois et au Brésil, on abat des arbres et on plante à perte de vue les arbustes qui donnent de l'or blanc et aussi des plantes nourricières.
« Combat de Titans: la plus grande ferme du monde face à la plus grande forêt du monde. Pour nourrir la planète, faut-il l'asphyxier. »
Que va devenir l'Amazonie?

La visite commentée se poursuit.

En Asie Centrale, l'Ousbékistan n'a pas complètement rompu les amarres avec l'ancien système, l'Etat achète à faible prix tout le coton pour le revendre deux à trois fois plus cher et ainsi alimenter le budget national.
Nous voici maintenant en Chine :
L'auteur nous fait découvrir Datang, la capitale mondiale de la chaussette où cohabitent des milliers d'ateliers et des grands ateliers automatisés.
On n'arrête pas de travailler:douze heures par jour pour un même salaire dérisoire.

Le périple long de plus de 100 000 km effectué réellement par l'auteur se termine en France dans les Vosges où il nous fait rencontrer des petits entrepreneurs qui ont fait le choix de produire de la qualité , « D'abord « ennoblir », c'est à dire donner aux tissus une qualité inconnue des concurrents ».

Pour faire comprendre les « règles » de la mondialisation, rien ne vaut un tel voyage guidé tel que celui que nous a offert l'auteur de ce livre.

Jean-François CHALOT