« Danser sur les ruines
Une jeunesse tchéchène »
de Milana Terloeva
Editions Hachette litteratures
200 pages
Septembre 2006
18 €
Une jeunesse meurtrie , victime du « nettoyage » russe et du silence international
Milana témoigne :toute sa jeunesse est rythmée par la guerre.
Les bombes russes tombent sur Grozny et les troupes d'occupation entrent dans ce petit pays du Causase.. La première guerre en Tchétchénie commence.
Les troupes russes sont sans pitié mais la résistance s'organise, la jeunesse lutte avec courage et opiniâtreté contre l'envahisseur.
« Souvent très jeunes, ils auraient pu fuir comme tant d'autres, faire leur vie ailleurs, reprendre leurs études, trouver un travail et fonder une famille. Personne ne leur aurait reproché. Mais ils choisissent de se battre. Pour nous, pour nos maisons, pour notre liberté. »
L'enjeu est de taille : pour certains il s'agit de préserver sa liberté et son indépendance alors que pour le gouvernement russe, il s'agit de maintenir sa domination et de conserver les gisements de gaz et de pétrole!
Ce sont plusieurs tranches de vie que nous présente Milana.
Beaucoup d'ailleurs tomberont sous les balles ou victimes de tortures. C'est un champ de ruines et de désespérance que nous décrit l'auteure qui, avec sa famille, cherche désespérément à résister et à se préserver tout en étant restant fidèle à ses principes de vie.
L'histoire semble balbutier:
La grand-mère de Milana se rappelle de Staline et de sa politique de répression sauvage contre ce peuple courageux et indépendant : « Accusés mensongèrement par Staline de collaboration avec les nazis, les Tchéchènes et les Ingoures sont déportés le 23 février (1944) en Asie centrale. Un tiers de la population( environ 170 000 personnes) périt dans les convois. »
Aujourd'hui si le stalinisme triomphant n'existe plus, le nouveau gouvernement poursuit la route tracée, la Tchétchénie ne peut pas être séparée de la grande Russie et s'il faut finir par accepter l'indépendance de cette nation, ce n'est qu'à titre transitoire :
En 1999, Milana à 19 ans va revivre une période encore plus sinistre que la première: aujourd'hui les troupes russes ont leurs suplétifs : les milices tchétchènes qui n'hésitent pas à frapper.
C'est un destin exceptionnel que celui de cette jeune fille.
Elle va poursuivre ses études malgré les dangers à l'Université de Grosny pour ensuite partir en France afin de suivre les cours de journalisme.
Les étudiants qui ont accueilli ces étudiantes venues d'un pays musulman détruit par la guerre s'attendaient à accueillir des jeunes filles voilées, « mais nous les filles avions mis nos belles jupes, nos bas résille et nos talons hauts! »
Elles sont croyantes, certes, mais pas du tout intégristes.
Il n'est pas question pour Milana Terloeva de rester bien au chaud au pays des Droits de l'Homme. Elle va repartir en Tchétchénie pour ouvrir un jounal indépendant.
Encore chapeau!
Jean-François CHALOT